2008/05 - Article - Compassion et questions

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in Eglise en Val d'Oise, 1 page, mai 2008.

Jeudi 10 avril le procès dont l'objet a donné lieu à cet article s'était soldé par un acquittement. Depuis, le ministère public a fait appel du jugement rendu.


1° Une enfant pas comme les autres.
A. est première-née dans un couple qui l’accueille avec joie. Suite à une méningite, l’enfant va mal, très mal, elle vivra mais très lourdement handicapée. Les parents l’aiment telle qu’elle est. Cependant concrètement, quelle exigence de tous les instants !
L’enfant grandit, un accompagnement spécifique est mis en place avec les moyens pédagogiques adaptés. Rien n’est trop pour lui fournir ce dont elle a besoin pour grandir. Et tout ceci dans la grande discrétion, pour ne pas dire solitude.
Une institution prend le relais d’abord en journée puis totalement. Mais avec l’âge, elle ne peut plus la garder. Comment lui trouver un autre lieu ? Suite à leurs demandes, seule une maison spécialisée en accueil de psychopathes (hommes) lui répond. Mais cela paraît peu adapté pour A.. Elle restera à la maison. Sa mère abandonne le travail prématurément pour y consacrer toutes ses énergies. Car sur qui compter ?


2° Une paroisse riche en accueil.
A la paroisse, A. est préparée à la première communion avec la catéchèse spécialisée. Son père, quand il peut, vient à la messe. La situation n’est pas inconnue de paroissiens. A. est présente dans la vie paroissiale et dans la conscience des paroissiens. Quoi faire, comment aider ? Tous les témoignages s’accordent pour dire que la situation est très préoccupante ! Un jour la nouvelle terrible éclate. A. est morte. Sa mère voulait accompagnait sa fille dans la mort, mais elle y survivra. Les funérailles chrétiennes ont lieu en présence des deux parents, la mère sous escorte judiciaire. Toute la communauté paroissiale est là, recueillement, dignité d’enfants de Dieu, accueil de la situation, accueil douloureux et en prière.

Puis le temps passe, celui d’attente du procès comme de l’accompagnement des parents d’A.. Par plusieurs personnes (rencontre, courrier, partage de repas) et en plusieurs lieux (équipe liturgiques, groupe biblique, appel pour le père d’être membre de conseil pastoral). Tous les deux viennent à la messe de dimanche, quand ils ne vont pas trop mal.

Le procès va durer deux jours. Toutes les dépositions constatent un dévouement extrême des parents et la mère reconnaît l’homicide comme la préméditation. Les parents sont accompagnés par des paroissiens, amis, anciens voisins. Le réquisitoire de l’Avocat Général demande une peine de principe de trois ans avec sursis. L’énoncé du verdict par la Présidente : « A la question : y a-t-il eu homicide ? il a été répondu : non ». Donc, acquittement.

3° Une situation qui interroge.
L’acquittement s’il est accueilli par des applaudissements dans la salle et avec soulagement par la partie concernée, laisse des traces dans les consciences. La mère d’A. n’a jamais renoncé au qualificatif d’homicide. L’acquittement est-il signe de la non-prise en compte de la conscience de la mère ? Peut-on dire alors qu’il n’en a jamais été question, que ce procès pose la question de l’euthanasie ? Comment se reconstruire quand le jugement nie les faits reconnus ? Quelle réponse sociale est donnée au désarroi des parents dans ces situations de lourds handicaps et en particulier quand ces enfants deviennent adultes et quand les parents ne seront plus là ?