2019/10/03 - Conférence - Prier le rosaire et alors?

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INTRODUCTION


Méditation à partir de Maurice Zundel, Emerveillement et pauvreté, éditions st Augustin 2009

Pourquoi prier: “l’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est” Camus


Rosaire, roseraie, couronne de roses pour orner les statues mariales, chapelet, chapeau, une coiffe, couronne de fleurs. 


Prière à Marie ou plutôt prière mariale.


Prière non pas pour le réconfort de nos âmes, mais pour les autres. 


Prière de contemplation qui intègre la louange. 


Trois parties : l'annonce, louange, intercession. Je privilégie la première.


DÉVELOPPEMENT


1. Prière de pauvres (en moyens) en vue de se faire pauvres; passage de faire à être 


Vidés de soi, en état d'humanité oblative d'une vie singulière. C’est possible à la suite de Marie à l'Annonciation. Sa pauvreté fut totalement librement consentie. La vraie liberté consiste en effet dans le pouvoir de se donner (pas un choix arbitraire). Marie servante devient alors épouse. C’est le changement que Jésus accomplit dans l’humanité. Le verbe s’est fait chair et habita parmi nous. Le travail (serviteurs quelconques Lc 17,5-10) devient désormais présence (je vous appelle mes amis Jn 15,15). Toute la maison respire en cette présence. Prier le rosaire c’est faire remplir l’humanité d’une telle présence. 


La prière à Marie, (ou plutôt prière mariale) est cette pauvreté totale avec son cœur immaculé. Nous sommes (réduit) ouverts à cette pauvreté dans laquelle l'annonce faite à Marie est accueillie par elle. La pauvreté de Marie se communique à nous. Elle  est  invitation à accueillir  cette annonce faite à Marie comme annonce qui s'adresse à nous. Une invitation à accueillir son Fils pour passer de serviteurs à amis. Chez Marie tout accueil, chez nous un processus long. 


2. Marie montre son fils. Il est une oblation parfaite de Dieu lui-même au cœur de notre humanité.


Le ciel comme lieu de présence de Dieu est notre corps. L’âme du juste est le seul sanctuaire  de la divinité.  Dieu s'y révèle comme étant du dedans de l'être humain. L’homme est le lieu du Royaume de Dieu. L’humanité qui éclôt dans le sein de Marie, est une humanité entièrement désappropriée d’elle-même. Marie est ainsi radicalement expropriée d’elle-même. Humanité qui éclôt en elle-même ne pourra jamais dire ‘je’ et ‘moi’, parce qu’elle ne se termine à ‘soi’. Elle est infiniment ouverte sur Dieu, parce qu’elle obéit totalement à l’aimantation de Dieu. Et ceci comme pour substituer à son vrai ‘moi’, le ‘moi’ du Verbe, la personnalité du Fils qui la revêt de son éternelle Pauvreté; la personnalité de Dieu étant une éternelle désappropriation (p. 68/9) 

L’humanité de Jésus, dès le premier instant de son existence  dans le sein de Marie, est absolument, totalement et radicalement dégagée d’elle-même pour être immédiatement revêtue de la substance du Verbe. En Jésus se trouve l’état initial de l’humanité renouvelée. Marie est la seule à pouvoir l’accueillir en servante épouse. 


La prière mariale nous enracine dans cette révélation de la présence de Dieu en nous -même. Une présence dans laquelle Dieu nous a uni à lui-même de manière toute nouvelle. Marie la première l’a accueilli en elle-même;  d’abord dans son coeur, ensuite dans son corps. Dès que nous ne sommes plus dans le coeur à coeur avec Dieu, nous retombons dans notre ‘moi’ biologique.  


3. La prière du rosaire ou du chapelet est une réactivation constante de la présence mystique du Christ dans son corps qu'est l'Eglise.


Le mystère de l’Eglise est inscrit au coeur même de l’Incarnation.  Si je suis corps du Christ, si ces membres sont les membres de Jésus, si mon être tout entier est le sanctuaire de la Divinité, quel respect et quelle distance à l’égard de moi-même. Si Jésus est l’Eglise alors tout ce qui n’est pas Jésus n’est pas Eglise. 


La prière du rosaire participe de la charité du Christ pour l'humanité. “Il faut que l’amour tende vers l’autre pour  pouvoir être charité” Grégoire le Grand. Le sens de la mission de Jésus éclôt dans le sein de Marie dans un état de dépouillement. Il est précisément d’avoir à assumer toute l’humanité, pour faire contrepoids, par sa pauvreté, c’est à dire par la surabondance de la charité, à tous nos refus d’amour. 


La prière du rosaire nous enracine dans cette mission de Jésus, riche de sa pauvreté. Elle nous permet de nous exercer dans l’effacement face à la présence de Dieu en Marie, son Fils et nous-même. 


4. La prière du rosaire est une manière simple et efficace de se laisser imprégner de la joie d'être en présence de Dieu qui sauve. 


Cette joie vient de l’émerveillement devant Dieu et sa création d’une part et de la pauvreté avec laquelle nous l’accueillons, d’autre part. Quand on s’émerveille, (prie, aime), on ne se regarde pas. L’émerveillement nous délivre de la complaisance qui nous rive à nous même. C’est un loisir d’une louange offerte au nom du monde entier. 


Quand on est ravitaillé par cette joie, on peut alors affronter les autres (limites plaintes, hostilité). On peut le faire parce que l’on sait qu’en chacun il y a une attente éternelle, qu’en chacun nous avons à faire naître le Christ. La prière du rosaire est une présence en devenir, dont nous hâtons l’avènement.