2009/11/15 - Conférence-débat - Caritas in veritate

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I   Introduction :


Cette encyclique dont le sous-titre est « le développement humain intégral dans la charité et la vérité » est la troisième de Benoît XVI dans le cycle des 3 vertus théologales : Foi, espérance et charité. Elle s’adresse aux évêques, aux prêtres, aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les hommes de bonne volonté. (à noter que peu d’encycliques s’adressent ainsi à cette dernière catégorie)
Ce document est composé de 6 parties, chacune comprenant des sous-parties.
Pour aborder une encyclique, il faut tenir compte de 3 points importants :
- l’état du monde, lors de sa publication : pour celle-ci, le mois de Juillet, donc concomitante à la crise mais non pas conséquence.
- la situation de l’Eglise au sens large (le mode de vie es chrétiens, leur mode d’expression, la façon dont les messages chrétiens sont perçus dans les médias, le geste d’ouverture du Pape aux intégristes, problème du Brésil…)
- la personnalité du Pape (même si les dossiers lui sont préparés, c’est lui qui appose sa signature)

II  Doctrine sociale de l’Eglise


Cette doctrine est née au XIXème siècle et regroupe les réponses que l’Eglise catholique propose face aux problèmes de la vie en société. Les grandes étapes : avec les encycliques de 1896, 1931, 1967 et 1987.
Pourquoi cette doctrine ? Parce que l’Evangile n’est pas seulement une bonne nouvelle pour notre vie personnelle mais également pour l’organisation des structures de la société. Elle est un éclairage et offre des propositions très concrètes.

III  Présentation du plan


Le Pape pose les fondements de sa pensée repris dans les sous titres.
- charité : voie maîtresse de la doctrine sociale de l’Eglise (2)
- vérité : la lumière (3), en dehors du Christ, il n’y a pas de vérité.
- christianisme de charité dans la vérité (4)  ll ne suffit pas d’être généreux pour être vrai ou pour être un chrétien engagé
- charité : amour donné et reçu, voie maîtresse de la doctrine sociale
- la justice est la première voie de la charité. Il faut rendre ce qui doit l’être en référence à la justice de Dieu.

Chapitre I  Le Message de Populorum Progressio
Ce chapitre renvoie à Populorum Progressio (Paul VI-1967), cité plus de quarante fois.. C’est une évaluation – aujourd’hui – des problèmes du développement. L’Eglise tend à promouvoir le développement intégral de l’homme dans les trois dimensions de l’annonce, la célébration et l’œuvre dans la charité.

Chapitre II Le Développement humain aujourd’hui
Benoît XVI reprend le thème initié par Paul VI sur le développement en terme de progrès (faim, misère, maladies endémiques et analphabétisme) Le cadre de ce développement a évolué : ll est aujourd’hui multipolaire et requiert de nouvelles façons d’agir. La mondialisation n’a pas que des effets négatifs : elle nous oblige à réfléchir sur une gouvernance et une régulation mondiale.

Chapitre III  Fraternité, développement économique et société civile.
Ce qui prime c’est le don ; l’activité économique doit obligatoirement prendre en compte la gratuité et prévoir une injection directe de cette gratuité dans le système économique. C’est l’un des enjeux de l’encyclique : faire du profit, mais en intégrant la gratuité et le don. L’activité économique doit servir la solidarité et la responsabilité pour la justice.

Chapitre IV  Développement des peuples, droits et devoirs, environnement.
Le chapitre III de l’encyclique se développe dans ce chapitre en insistant sur la nécessité de l’éthique, éthique amie de la personne et non pas paternalisme.

Chapitre V  Collaboration de la famille humaine.
La plus profonde pauvreté, c’est la solitude, d’où la nécessité de créer du lien social avec le don et la gratuité. Coopérer au développement offre la possibilité d’une rencontre culturelle et humaine et un enrichissement dans les différences. La mondialisation permet une coopération au développement.

Chapitre VI  Le développement des peuples et la technique.
Il faut promouvoir les rencontres entre les peuples, la compréhension réciproque à la lumière de notre conception de l’âme humaine, et de notre vision anthropologique sans verser dans le bien être émotionnel.

Conclusion. ‘’ l’humanisme qui exclue Dieu est un humanisme inhumain’’ Cette phrase porte à différentes interprétations.
‘’ C’est la conscience de l’amour indestructible de Dieu qui nous soutient dans l’engagement rude et exaltant, en faveur de la justice et du développement’’

IV Quelques points forts :


- Amour dans la vérité
- gratuité du don
- développement humain intégral
- mondialisation.
Jean Paul II dénonçait les structures du mal ; Benoît XVI va plus loin.
- ne pas tout attendre des organisations
- propositions (subsidiarité, société mixte)
Une action entre tous les partenaires est nécessaire ; les corps intermédiaires seront aidés mais resteront autonomes. Une société mixte à la fois privée et mutualiste favorise et crée de la socialité.

Il ne faudrait pas faire de l’encyclique un ‘’fourre tout’’.
Quel dialogue peut on envisager avec les hommes de bonne volonté, avec humanité, sans Dieu ?
Benoît XVI nous lance le défi d’explorer les voies du don et de la répartition.
A nous désormais de le relever.

V Interventions, questions…


- les pays émergents ne sont pas de tradition chrétienne (Chine, Inde). Aujourd’hui en France les conditions sont de plus en plus difficiles et le capitalisme peine à produire de nouvelles richesses.
Néanmoins beaucoup de dons sont faits grâce aux déductions fiscales. Les associations caritatives sont, quant à elles, souvent pénalisées par certains scandales.

- Il faudrait développer une culture de l’entreprise.

- L’ouverture des frontières demande des moyens de régulation et peut conduire à une certaine décohésion.

- Quel est le dessein du Pape pour l’articulation de la mondialisation et le principe de la gratuité ?
La visée du Pape : faire du profit, oui, mais en y injectant de la gratuité : c’est l’intérêt même de celui qui fait du profit

- N’est-ce pas plus facile de faire des dons de personne à personne ? Ce n’est pas suffisant : il est toujours préférable de donner des moyens pour être autonome.

- Ce n’’est pas en décrétant la gratuité qu’on l’obtiendra. Benoît XVI veut nous faire sortir de nos égoïsmes.

- Le Pape en tant que responsable ne cherche-t-il pas à nous bousculer, ne veut-il pas développer une prise de conscience, la cohésion, le partage ? Suit-il les mouvements initiés par les Juifs et les musulmans ?
le Pape vise la mondialisation.

- Introduire le don gratuit, cela demande l’accord des puissants ; Comment faire avec un pays comme la Chine où Dieu n’a pas sa place et avec des pays qui ne respectent même pas les droits de l’homme ?

- l’Encyclique n’est qu’une goutte d’eau… mais c’est un début. Dans le monde occidental, il y a une prise de conscience, et il ne faudrait surtout pas se décourager. Chacun de nous doit prendre ses responsabilités. Benoit XVI nous éclaire ; il n’a pas de recettes toutes faites. Sa vision est à long terme. Compte tenu de nos expériences, quel type de conscience allons nous développer, comment allons nous mettre en situation ?