2006/05/27 - Conférence - Le Cénacle de Jérusalem comme modèle de l’UAC.

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     1. Intro :


  
    A.  Texte de référence :

« Où que je me trouve je désire m’imaginer  (et je m’efforcerai toujours d’avoir ce sentiment) en union avec toutes les créatures, au Cénacle de Jérusalem, où,  avec d’autres créatures, je peux recevoir l’abondance et la plénitude de l’Esprit Saint, comme il a été reçu par les Saints, par les Apôtres, et par Marie »  (00CCX, pp. 86-87) 

    B. Son contexte.

Ce texte se trouve entre autres  (sans doute) dans le document publié par la Société Apostolat Catholique en 1996 à Rome. Ce document est une lettre adressée à tous les membres de la SAC.   Son titre nous indique déjà la trajectoire que je voudrai suivre dans mon exposé. Intitulé  « Dans le dynamisme de la fidélité » , cette lettre nous invite à considérer, d’abord,  la place dynamique de tout héritier du charisme du Fondateur (Ière partie), puis en posant un regard attentif  sur « notre histoire complexe » (IIème partie)  arriver « au don précieux de Vatican II » (IIIème partie). C’est dans la dernière partie que ce trouve cette citation : « Priorités pour aujourd’hui ».

Voici ce que nous lisons dans le commentaire qui précède cette citation : 
« Il (Pallotti) méditait sur la façon de développer notre appel à marcher et servir Ensemble.  Vincent Pallotti s’est de nouveau tourné vers Marie et dans l’Image de Marie Reine des Apôtres  au Cénacle il a vu ce lieu dont il a dit ce qui suit :

« Où que je me trouve je désire….

    C.  Sa visée.

 C’est dans le souci de l’apostolat universel que Pallotti  place le Cénacle parmi les hauts lieux de la vie chrétienne marquée par son charisme. C’est dans l’approche symbolique de ces lieux, (Cénacle, mais aussi Nazareth) qu’il y a à comprendre le souci de Pallotti à communiquer son désir

 

2.  Cénacle :



     A. Entre  Jeudi Saint et la Pentecôte.

Dans l’Evangile de Jean, (20,19), les disciples avaient verrouillé les portent de peur… Jésus vint et leur dit «  la paix soit avec vous »
Luc dans les Actes (2,1) relate  que  «  Quand  le jour de la Pentecôte arriva ils se trouvaient réunis tous ensemble »

     B. Trois Lieux

Il y a donc trois lieux  qui sont désignés  par ce même mot à moins qu’il s’agisse du même  et un seul lieu, mais rien ne  le prouve.
Cenaculum ,  (de cena :  repas, dîner) veut dire donc salle à manger.

-« La pièce haute » (le repas de Jésus avec ses disciples) (Mc 14,15 etc.)
- « Là où » le lieu où les ONZE disciples étaient rassemblés après la mort de Jésus (J 20,19 et Lc 24,33)
-« La chambre haute » où 120 disciples  sont rassemblés pour l’élection de Matthias (Ac 1,13)

     C. Symbolique spatiale 

Suivons ce développement en prenant pour hypothèse  que ces trois lieux n’en sont qu’un seul. Cette hypothèse qui dépasse l’interrogation exégétique donne la priorité à la  symbolique spatiale au profit de la compréhension théologique  que   Pallotti certainement ne méconnaissait pas.

      D. Cénacle, aussi et avant tout, un lieu de prière.

Cénacle est donc ce lieu d’attente en prière.  En premier il y a à remarquer - et ceci  pour rester fidèle à l’imaginaire de Pallotti qui s’appuis sur les données scripturaires et les développe à sa manière – que nous sommes en face d’une situation idéale (voir idéalisé) où les Apôtres sont sagement réunis en prière avec Marie au milieu, Marie  qui tient presque lieu du Christ absent. L’on ne peut cependant pas oublier que cette attente se fait en arrière plan de la vie  de convivialité qui deviendra eucharistique et vécu dans le sentiment de la peur de danger extérieur, certes dépassé dans la représentation idéalisée mais qui reste toujours à dépasser.

 

3.  Qui sont ces gens qui attendent.  

 

  A. Citation

« Tous, unanimes, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes dont Marie la mère de Jésus, et avec les frères de Jésus. » (Ac1,14)

  B. Trois catégories sont nommées :

     1° les Apôtres, ils sont nommés tous les Onze, dans le verset précédent,
     2° Les femmes dont Marie
     3° les frères de Jésus.


  C. La place des femmes.

   Ad 2° La place des femmes est ici bien souligné. Mais pas seulement ici, car c’est une constante dans le NT. Si dans l’AT souvent, même si il y a des exceptions heureuses (Ester, Judith etc), elle sont présentées comme étant la cause de la chute, dans les Evangiles, et ceci en dépit de leur situation de vie parfois tumultueuse, elles accueillent  la Bonne Nouvelle bien souvent avant même que les hommes ne le fassent.

   D.  Frères ?

   Ad 3° Qui sont ses frères ?
Sont-ils  les mêmes que ceux qui ont cherché Jésus (Lc 8,19) ?  Si oui, ils sont aussi, tout comme les disciples,  drôlement convertis. Dans cette superposition des événements peut sembler  énigmatique la position de Marie, mère de Jésus.  Même si elle était  inquiète, tous comme ‘les frères de Jésus’, du sort de son enfant, contentons-nous de souligner ici que la différence en vertu des donnés scripturaires est tout de même à signaler.    

 

4. Comment être ce Cénacle aujourd’hui ?

 

  A. Etre de deux situations.

  A la fois celui qui voit les gens y réunis attendre cette effusion de l’Esprit et sur le point de partir pour réaliser la mission qui leur incombe.

  B. Universalité de méthodes et des moyens.

Dans le Ratio Institutionis  no 7  du Bulletin de Secrétariat  Général pour la Formation :
Don Vincenzo prône l’universalité des méthodes et des moyens. Sa pédagogie ne s’attache d’une façon exclusive à aucune école spirituelle, aucune méthode,  aucune formule. C’est une pédagogie ouverte, inclusive et universelle qui consiste à faire coopérer toutes les méthodes, toutes les écoles, tous les moyens nécessaires et opportuns, aptes à former les candidats  en fonction d’un «  apostolat universel, exercé sur les traces du Christ Apôtre » (cf.  no 70).
Remarquons que Pallotti n’a pas peur d’appeler le Christ d’Apôtre pour souligner peu d’importance qu’il accordait à la rigueur théologique dans l’emploi de termes qui lui servait de véhicule d’idées bien précises, car  ce qui prime pour lui c’est la justesse théologique  avec laquelle il envisage pour lui-même et pour les autres l’apostolat. 

  C. Pédagogie ouverte, inclusive et universelle.

 Ces trois adjectifs sont bien jolis, mais c’est à la fois trop et trop peu. En vertu du principe du réel que Pallotti ne cessait d’appliquer, nous pouvons constater que faire ce que l’on peut faire c’est important, en sachant que l’on ne peut pas tout faire. Ce principe, cette pédagogie, comment l’appliquer concrètement? 

  D.  Dans une vie concrète.

Se contenter de ce que l’on a pourrait suffire. Mais alors il n’y aurait pas de construction possible d’un vivre ensemble nécessaire pour faire des maisons de communion. 
Concrétisation de l’universalité des méthodes et des moyens est toujours à définir dans le temps et dans l’espace donnés.  Traduire ce principe pédagogique ouvert et universalisant c’est partir de ce que 1° chacun  est, de ce que 2° chacun a comme don déjà reçu, 3° Là, où il est. Et  non pas de ce que l’un ou les uns ont comme projet pour les autres voire même pour  tous.  Mais cela n’est possible que dans l’esprit de disciples qui, ensemble, veillent dans la prière en attente du don de l’Esprit. Mais aujourd’hui  pouvons-nous envisager d’attendre unanimement la venue de l’Esprit comme ceux réunis au Cénacle ? 
Car les choses s’embrouillent lorsque nous sommes amenés à considérer la diversité de situations dans l’attente de ce don de l’Esprit et dans la manière de le faire fructifier.  Et à partir de notre expérience de croyant nous pouvons nous poser la question sur la nature véritable  de ce caractère ‘unanime’ d’attente au Cénacle. Mais Les Actes nous décrivent la situation  à laquelle nous avons à nous référer, vers laquelle nous avons à tendre et non pas ce que nous connaissons, tout comme eux et ce qui est à dépasser aussi bien hier qu’aujourd’hui.  

 

5. En guise de conclusion :
     

  
 A.  Pentecôte c’est le temps de la réception totale de l’Esprit Saint.

A. Le feu signifie la force brûlant de la présence de Dieu qui ayant marqué au feu (de manière visible et invisible à la fois) pousse à œuvrer comme apôtre dans les cadres de la sainte coopération. Nous en vivons dans la mesure où nous accueillons en permanence  la Pentecôte.

 B. Chercher, désirer, imaginer, à partir de ce que nous sommes

pour « faire de l’Eglise et de notre Union les maisons de communion et les écoles de coopération » (cf no 77, dans ratio no 7).           

 C. Cénacle : comme maison et comme école : une école à la maison ?

           -lieu d’apprentissage  de l’universalité des méthodes et des moyens. Quelle particularité donc pour nous ?
           -lieu où l’on apprend comment être à l’abri.  De quoi avons-nous besoin de nous protéger ? Quelles sont les peurs qui  nous empêchent d’être Apôtre ?