2008 - Enseignement - La paroisse comme lieu d’exercice des responsabilités ecclésiales - Cours

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9 h45 :

Introduction au travail de comparaison de deux codes de droit canon :

Les citations proviennent de deux documents appelés droit canon. Le code de 1917, tout comme celui de 1983 qui en est la version révisée, sont des recueils officiels et authentiques de lois, sous forme d’un ouvrage structuré de brefs articles ou canons. Ils s’inspirent de l’œuvre de codification de Napoléon (code civil de 1804 et pénal de1810).

Pourquoi cette modification en 1983 ? Afin d’être en conformité avec l’enseignement du Concile de Vatican II sur la nature de l’Eglise. Dans l’introduction de Jean-Paul II, nous lisons :
« L’instrument que constitue le code est en pleine conformité avec la nature de l’Eglise telle qu’elle est surtout présentée par le concile Vatican II dans son ensemble et en particulier en prenant en compte sa doctrine ecclésiologique ».

Qu’est-ce qui change donc au concile Vatican II au point de rendre nécessaire la révision du droit ?
C’est la question à laquelle vous allez répondre en comparant ces extraits.

C’est certainement autour de la doctrine ecclésiologique qu’il y a à chercher.

les citations sont reparties en deux groupes : « définition et territorialité de la paroisse » et « gouvernement de la paroisse ». Vous constaterez la double présence du canon 515 § 1 parce que la première partie appartient à l’un et la seconde à l’autre (donc l’on ne sépare pas ce que le législateur a uni).


Consignes pour le travail :
Définition et territorialité :
-comparer le rapport entre territoire et personnes
Gouvernement :
-en suivant l’emploi des verbes « devoir » « pouvoir » etc., comment se présente le rôle respectif de ministres ordonnés et de laïcs dans la gouvernance ?

 

 

10h –10h 30 exposé :

 

« L’EGLISE COMME CORPS »

 


1) QUELQUES CONSTATS :

Le code de 1917 :
Il est fondé sur deux préoccupations majeures :
-conception territoriale de la répartition de l’Eglise sur la terre.
-souci de donner aux ministres les moyens matériels pour pouvoir assurer leur mission.

Elles apparaissent ici dans la priorité donnée à la gestion juridique, et par conséquent, matérielle, aspect matériel n’est pas visible ici, dans ces canons cités, mais il est bien présent dans le droit qui lie la fonction avec le bénéfice, bénéfice obligatoire pour les curés (comme les évêques), mais pas automatiques pour les vicaires, cf. Rapport au bénévolat de tant de laïcs engagés en Eglise !

« La paroisse est un territoire » et « A la tête de chacune d’entre-elles doit être placé un recteur spécial qui sera pasteur propre chargé de la cure des âmes » (cette dernière partie relève déjà de la gouvernance).


Le droit de 1983 :
Il met en avant deux éléments :
- Il privilégie la présence d’une communauté, mais sans pour autant négliger le rapport au territoire (515 §1 et 518), parce que fondant son raisonnement sur le principe théologique, ecclésiologique dont la formulation juridique n’est que la conséquence. Cela étant dit, il ne faudrait pas en tirer la conclusion suivante, à savoir que le code 1917 n’avait pas de fondement théologique, ecclésiologique ! Assurément, il en avait un, mais qui fut déployé à partir de la vision juridique d’inspiration napoléonienne.
- Il envisage aussi une relation modifiée entre les prêtres et les laïcs où est possible le mode de collaboration et pas uniquement celui de subordination.

 

 

2) L’EGLISE COMME CORPS

A°Introduction

La modification de cette relation entre territoire et la communauté, d’une part et le mode de relation entre prêtres et laïcs, d’autre part, entraîne par conséquent la modification dans la gouvernance en Eglise.
« La paroisse comme lieu d’exercice des responsabilités ecclésiales », je vous propose de décliner ce thème en 20 minutes, à partir d’un extrait de l’épître aux Ephésiens.

Dans sa vision renouvelée de l’Eglise, le Concile Vatican II privilégie la notion de Peuple de Dieu. Pour donner du poids à cette affirmation au combien féconde sur le plan théologique et pas seulement ecclésiologique, je vous propose de voir comment ce Peuple tout en faisant partie de l’ensemble du peuple des humains, s’en distingue et par quoi ? Il se distingue par ce qui lui est propre, spécifique, unique. Il est corps et à ce titre il fait corps. Corps comment et avec qui ? La problématique de responsabilité ecclésiale dépend de la réponse à cette question.

 


B° Ephésiens 4, 11-16


11 Et c'est lui qui a donné certains comme apôtres, d'autres comme prophètes, d'autres encore comme évangélistes, d'autres enfin comme pasteurs et chargés de l'enseignement, 12 afin de mettre les saints en état d'accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ , 13 jusqu'à ce que nous parvenions tous ensemble à l'unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu à l'état d'adultes, à la taille du Christ dans sa plénitude.
14Ainsi, nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive, à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à fourvoyer dans l'erreur. 15Mais, confessant la vérité dans l'amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. 16 Et c'est de lui que le corps tout entier, coordonné et bien uni grâce à toutes les articulations qui le desservent, selon une activité répartie à la mesure de chacun réalise sa propre croissance se construire lui-même dans l'amour.

 

 

C° Quatre points cardinaux de l’agir chrétien pour constater la croissance de ce corps et dans lesquels la responsabilité ecclésiale est évidemment engagée :

- mettre les saints en état d’accomplir le ministère
- parvenir tous ensemble à l’unité de la foi et à l’état d’adulte
- grandir à tous égards vers celui qui est la tête, Christ
- accomplir l’activité à la mesure de chacun.

Quelques constats de la situation :

- Mettre les saints en état d’accomplir le ministère

C’est la question du rapport entre les ministères de quelques uns et le ministère de tous.
Ministère, service. Quelques uns sont au service des autres afin que tous accomplissent le ministère qui consiste à bâtir le Corps du Christ.
Personnes concrètes chargées d’un ministère. Elles sont données, données par le Christ. La finalité n’est pas leur exercice du ministère, ni même celui des saints au service desquels ils sont, mais le Corps du Christ.
Mettre les saints en état d’accomplir le ministère, c’est leur permettre de disposer de tous les moyens nécessaires pour bâtir le corps du Christ. Quels sont ces moyens et qui doit y veiller pour leur permettre d’en disposer ? Les moyens sont explicitement désignés dans la description des ministères : apôtres, prophètes etc.

- jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité de la foi et à l’état d’adulte

Deux choses : unité et état d’adulte.
L’unité se réalise dans et par la construction de ce Corps.
Mais, quel est cet état d’adulte ? Sinon celui d’un homme parfait comme Dieu le désire; adulte en opposition avec l’état d’enfant qui n’est pas cet homme parfait dont la responsabilité fait partie et par laquelle il se caractérise. Constatons au passage que la vision biblique bouscule quelque peu la vision moderne qui assigne volontiers l’état plus parfait à l’enfant qu’à l’adulte ; opposition qui, par ailleurs, est aussi mise en valeur dans l’évangile (Mc 10, 13-16), mais pas pour les mêmes raisons.


- Nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ

A tous égards, de tout point de vue
Grandir vers, ce qui veut dire que l’autre existe tel quel ; c’est à ceux qui grandissent que de se rapprocher toujours plus de celui vers lequel ils grandissent.

- Selon une activité repartie à la mesure de chacun.
Quelle est cette mesure ? Elle est donnée par le Christ. Elle est différente pour chacun. Qui est ce chacun ? Tout saint et pas seulement le ministre donné au service des autres pour qu’ils soient tous serviteurs de la croissance de ce Corps.

****

Voilà les conditions nécessaires pour bâtir le Corps du Christ et, à partir de sa tête qu’est le Christ, lui permettre de réaliser sa propre croissance pour se construire lui même dans l’amour.

 

 


D° Deux images qui se heurtent : BATIR et REALISER sa propre croissance

Paul essaie de rendre compte de la réalité de la croissance. Cette réalité est bien complexe. Car elle est composée de plusieurs éléments qui sont à considérer sur des plans différents. On peut les classer en deux groupes : l’un composé de ce qui dépend de Dieu et l’autre de ce qui dépend de l’homme. Dans le premier se trouverait tout ce qui renvoie à la Tête avec sa capacité de faire grandir le Corps vers lui, la Tête et dans le second tout ce qui est du ressort de l’action humaine en faveur de cette croissance. Mais en le faisant comme il le fait, c’est à dire en les présentant de manière si complexe, c’est-à-dire en combinant ces deux images de la croissance et de la construction, tout en posant les fondations pour la théologie de l’Eglise comme corps du Christ et celle de la croissance vers la tête, il insiste sur l’apport des croyants en faveur de cette croissance. Cette croissance, en effet, s’effectue grâce aux moyens donnés par le Christ lui-même, mais lesquels, une fois pris en compte par les ministres, sont la part active assumée par les saints en faveur de cette croissance. Cette part active est décrite en terme de construction, mais en partie seulement. En partie seulement, car elle est englobée dans une autre : « réalise sa propre croissance pour se construire lui-même dans l’amour » Ce corps se construit et ainsi réalise sa propre croissance. Mais il se construit ‘de l’intérieur’, car ceux qui favorisent la construction (les ministres, les saints) sont à la fois constructeur et construction.
« Se construire de l’intérieur » constitue la clef pour comprendre la présentation de Paul.

 

 

E° Conclusion

L’épître nous place à partir de la finalité, sans pour autant omettre le chemin et les moyens qui sont mis à disposition. L’usage de ces moyens nécessaires, pour construire le corps qui réalise sa propre croissance, ne concerne que la part humaine et à ce titre suppose la responsabilité du croyant. Le reste est donné par la tête. Si donc la croissance de ce corps est suspendue, pour la part qui revient à l’homme, à la bonne participation de celui-ci, cette bonne participation comprend alors tout autant la responsabilité personnelle qu’ecclésiale.