2014/02/02 - Homélie - 4e dim. ord.

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La présentation au Temple.


Le temps de Noël et de ses festivités est déjà un peu éloigné. Entre temps, Jésus présenté dans les  passages de l’Evangile a grandi   et commencé sa mission publique en homme adulte qui révèle Dieu. Dieu,  de chez qui il vient et avec qui il partage absolument tout au point d’être reconnu comme Dieu tout autant qu’homme.


Aujourd’hui  cependant, nous le voyons  bébé, présenté au Temple.


Comme si la liturgie catholique, dans ses choix de fêtes et les lectures qui les accompagnent tous les dimanches de l’année, voulait nous faire revivre à cette période là, un instant très particulier. Celui qui consiste en quelque sorte à clôturer la période d’attente du Messie. C’est une  sorte de point de bascule entre le temps d’annonce et celui de la réalisation. Certes cet enfant il est encore trop petit pour le dire, mais il est déjà reconnu comme la réalisation des toutes les promesses contenues dans l’Ancien Testament.


Ce que je remarque dans cette rencontre ces sont deux choses auxquelles je vais me limiter.


1° Rapport  au Temple : les offrandes.


Le Temple pour un juif croyant de l’époque comme pour celui de tout  temps, est le lieu central de la vie de la foi. Il est le lieu de la reconnaissance de la grandeur de Dieu et de sa présence. Nous avons entendu dans la première lecture le prophète Malachie parler du Temple comme lieu où l’on présente des offrandes à Dieu. Ces offrandes doivent être agréables, c’est-à-dire  sincères,  faites sans le coeur partagé, en toute confiance...


Ce  ne fut pas toujours ainsi.   Si nous transposons cela dans  notre vie, notre relation à Dieu en confiance sans lui rien cacher, n’est pas toujours exemplaire. Mais nous avons ici un rappel qu’elle est possible. A condition de se tourner vers lui avec la confiance la plus désintéressée possible. J’ai dit  la plus désintéressé possible, car nous les humains, sauf dans quelques brefs moments de notre vie, nous avons une relation à Dieu empreinte d’un intérêt  certain.  Cet intérêt s’exprime dans le désir de Le voir nous protéger. Ce à quoi il peut répondre positivement, mais forcement, nous voulions qu’il le fasse  selon nos propres vues. Alors que souvent, nous qui voulons donc qu’il nous protège du mal que nous voyons,   en fait Lui, il nous protège du mal que nous ne voyons pas forcement.


C’est en acceptant Dieu agir en nous, comme lui il le désire, car il voit mieux que nous, que notre offrande lui est agréable. Elle est  pure en elle-même et permet de nouer des  relations vraies avec les autres, car enracinées dans la sincérité avec Dieu d’abord. Or, souvent nous faisons l’inverse. Nous cherchons d’abord à être sincère avec nous même suivant notre propre échelle de valeurs. Et puis  nous regardons comment cela peut correspondre avec ce que l’on nous dit de la volonté de Dieu.  Nous le faisons tous comme cela, mais tôt ou tard, nous nous rendons compte que c’est une impasse. Car  au lieu de construire avec Dieu d’abord nous construisons sans lui. Après un certain temps comme cela il faut, démolir beaucoup pour reconstruire à la place. Mais la grâce de Dieu peut tout, même un travail  qui à vue humaine semble démesuré. La liberté d’aimer, la notre, elle est au bout d’un chemin ainsi entrepris ! 


Le livre de Malachie,  en grande partie, contient  cet avertissement contre le danger de séparer la foi de la vie. Ce qui le plus souvent se traduit par le fait que nous cherchons la protection divine, souvent  sans pour autant la souhaiter à d’autres.  Et c’est un autre aspect qui est à prendre en compte. La bonne protection divine nécessairement doit conduire à le souhaiter pour les autres.


Si ce n’est pas le cas, une telle carence se traduit par toutes  sortes d’injustices, d’exploitations, au sens purement social.  Et tout cela nous le ramenons dans le Temple, c’est avec tout cela que nous nous présentons devant Dieu, devant qui l’on ne peut rien cacher. Et pourtant il nous connaît, il sait  notre faiblesse, au  début de la messe nous demandons pardon et  ce pardon là, nous l’offrons aussi. 


Comme à l’époque de Malachie (V siècle avant J-C)  depuis et après nous les humains qui entendent et entendront ces paroles de la présence intime avec Dieu, ils entendront aussi ces paroles visant à rectifier la trajectoire de la vie sur terre. Comme sur un bateau,  dans nos vies les vents sont souvent contraires et la houle est haute donnant de hauts de coeur.  Dieu sait tout cela. Il est ce berger qui nous y conduit et fait échapper au danger qu’il voit.


Je  reviens au Temple où se trouvent Marie et Joseph avec leur enfant. 


Selon la coutume les parents viennent le 8-ème jour après la naissance pour  présenter  leur fils à Dieu à qui tout premier né appartient par nature de la relation établie en Israël avec le Tout-Puissant. Et puis selon cette même tradition, ils procèdent au rite de rachat de leur fils. Ils le font au moyen de l’offrande qu’ils déposent au Temple. Puisqu’ils sont pauvres, il est requis pour eux d’offrir des tourterelles,  sorte de colombes ; des oiseaux et pas des animaux ce que peuvent se permettre d’offrir seulement les riches gens.


2° L’Etonnement du croyant


La deuxième chose qui me frappe dans cette description, c’est la réaction de Marie et de Joseph lorsqu’ils entendent la prophétie de Siméon. Siméon incarne toutes les attentes du Messie. Il les résume toutes en une seule phrase. Et les parents en sont étonnés :


« Le père et la mère étaient étonnés de ce que l’on disait de lui :


‘Lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël’ »


Même eux, qui ont déjà reçu  tant des choses pour comprendre la destinée de leur enfant et leur propre rôle  à ses côtés. Mais ils découvrent de plus en plus de détails. Y compris au sujet de la souffrance à laquelle ils vont consentir pour mener à bien leur propre mission. Celle  qui consiste à accompagner le messie dans sa propre mission, messie  qui au demeurant est leur propre  enfant.


Dans et à partir du baptême à notre  tour nous  découvrons l’intimité avec ce Jésus, qui se présente à nous comme un enfant dont il va falloir prendre soin. Qui se présente aussi, comme un grand frère qui  marche devant pour indiquer le chemin. Et évidemment comme le maître qui, assis,  enseigne l’ouverture à la vie.


C’est  dans ses trois situations là que nous découvrons combien sa présence  en nous est vitale. Car selon les paroles de l’Epître aux Hébreux,  il était venu et vient toujours pour nous délivrer. IL vient délivrer l’homme qui vivant dans la  crainte de la mort  pesant sur lui,  demeure dans la situation d’esclave et vivant à l’ombre de la mort, de ses ténèbres.  La foi nous libère de l’intérieur et cela,  tôt ou tard, se voit de l’extérieur.  Le Christ Lumière éclaire  tout cela de l’intérieur de notre vie.  


***


Voilà le sens de la présentation au Temple :
nous mettre et demeurer dans une intimité avec le Christ.


Et c’est une grande  joie qui re-pointe déjà dans nos coeurs, car venant de l’âme elle-même,  que  de  se sentir capable d’avancer vers plus de lumière. Cette lumière qui donne la liberté d’aimer et que  rien ne peut  éteindre.