2015/04/02 - Homélie - Jeudi Saint

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Le lavement des pieds occupe une place centrale dans la mise en scène de la dernière Cène que nous célébrons aujourd’hui.

Bien sûr, c’est l’eucharistie,  en tant que l’action de grâce, que nous y célébrons.

Un mémorial comme lors de toutes les messes.

Mémorial qui aujourd’hui met l’accent sur l’origine.

Pour cela que le lavement des pieds y est mis en place.

Ce qui fait le cœur de l’action de Jésus et pourquoi nous rendons grâce à Dieu,

C’est son attitude de service.


C’est sa capacité à nous aimer jusqu’au bout.     


Sans rien attendre au préalable ni au retour.

La gratuité de Dieu est à ce prix-là et elle est totale.

Elle est aussi sans appel.


Qu’est-ce qui nous reste  donc à faire ?


D’abord de l’accueillir comme une bonne nouvelle.

Puis, essayer d’en vivre.

« Ce que je fais aujourd’hui tu ne le comprends pas,

Tu le comprendras plus tard » dit Jésus à Pierre !

Et par lui, à chacun d’entre nous.

Pour comprendre il faut renaître,

Renaître de l’eau et de l’esprit.

L’eau du baptême, pour la plupart d’entre nous, nous l’avons  déjà reçue.

Et par cette eau nous avons reçu la vie de Dieu.

Pour avoir la vie avec Dieu, nous avons aussi reçu l’Esprit.

Dans le baptême et dans la confirmation,

Mais l’Esprit, nous le recevons tout le temps, si nous le voulons bien.

Nous le recevons chaque fois que nous accueillons la bonne nouvelle,

La vie de Dieu dans nos vies.

La vie de Dieu et la vie avec Dieu, voilà à quoi nous sommes appelés.

Et cela suppose passer par la mort,

Par bien de petites ou grandes morts jusqu’à cette dernière, ultime.


Voilà des conditions très simples pour comprendre ce que veut dire être serviteur.

Passer par des morts à soi, à ce qui nous détourne de l’autre et qui nous en éloigne.

Alors que nous rapprocher de l’autre  en vue de service,

Cela nous rapproche de nous-mêmes.

Cela nous rend humbles !

Et dans l’humilité bien placée, car au service de la vie nous découvrons la vérité.

Nous savons alors qui nous sommes,

Nous savons que nous sommes pour les autres et à cause de cela nous sommes nous-mêmes.

C’est ce que vise cette mise en scène que nous faisons chaque année  le Jeudi-Saint.


Mais non seulement dans les églises.


Quelle n’était pas ma surprise lorsque j’ai vu dans le journal de Korea Times de ce premier avril la photo du lavement de pieds.

Avec l’explication suivante, intitulée “Respect for each other” puis “Myongi University President Yoo Byung-jin washes a

student feet during a ceremony at its campus in Seodaeum-gu Seoul, Tuesday. The university has held the foot-washing

ceremony for 15 years to encourage honor and respect among students and professors”


On ne va pas s’en plaindre, il nous faut seulement veiller à ne pas oublier la source, la raison pour laquelle nous le faisons.

La raison pour laquelle nous mettons en scène ce geste et comment nous essayons d’être au service.

Et c’est la même raison.

Cette mise en scène nous invite à être de la sorte pour nous trouver toujours davantage dans la vérité.

Pour nous retrouver dans la vérité.

Celle de l’amour, le plus près  de la source, le plus près du cœur, le plus près de la vie.

De toute vie.


Pour réinitialiser des liens de vie,


tels qu’ils sont désirés par Dieu

- par le service simple du frère,

- par l’attention à ce qui pourrait faire grandir l’autre,

- par une parole qui console,

- par un pardon qui ne connaît ni honte ni fierté mal placée, mais seulement le désir d’être encore dans la vie, la vraie vie.


Jésus l’a fait pour nous,

Ce soir nous en réactivons la mémoire.

Malgré la gravité du moment, comment en même temps ne pas être dans la joie !


Tout en oubliant

- tous ces services attendus et pas reçus

- tous ces pardons  donnés et pas accueillis

- toutes ces disponibilités affichées et pas prises en compte

- tout ce en quoi nous pensions être serviteur prêt à agir, mais comme l’ouvrier de la dernière heure, presque sans espoir d’être embauché.


Offrons à Dieu le père toute cette mémoire, la nôtre, à cause  de celle de Jésus, la sienne faisant son œuvre dans la nôtre. AMEN