2015/10/04 - Homélie - 27e dim.ord.

Imprimer

Familles je vous aime !
Et le couple là-dedans ?


Les lectures d’aujourd’hui nous invitent à reprendre ce thème ; celui du mariage, et donc celui de la vie de couple et de la famille. En France, la famille garde toute sa valeur. C’est une valeur refuge pour vivre entre ceux que l’on aime dans une harmonie et un respect mutuel. La France est le rare pays d’Europe où la natalité n’est pas en baisse. Si donc la famille et les enfants sont une valeur bien reconnue dans la société française, quid de la stabilité des couples ? Les couples sont toujours aussi fragiles.  


L’Eglise catholique se penche sur cette question. Y compris dans le cadre du synode actuel qui a pour thème : « La vocation et la mission de la famille dans l’Eglise catholique et le monde actuel », et dont la seconde phase démarre ces jours-ci. Les questions difficiles y sont abordées. Comment concilier la fragilité qui s’exprime par la séparation du couple avec l’engagement chrétien qui découle du sacrement du mariage.


C’est difficile du point de vue de l’accompagnement  pastoral. Mais c’est aussi très difficile pour des raisons théologiques en sachant que le caractère indissoluble constitue le cœur de l’engagement à l’image de l’amour irrévocable du Christ pour son  corps qu’est l’Eglise.


Les conditions de préparation au mariage sont évidemment à améliorer pour toujours et sans cesse venir en aide aux futurs mariés à l’Eglise. L’aide concerne la prise de conscience, mais cela ne suffira pas, car comme nous le savons bien, dans les situations de tension, le verrou de l’indissolubilité  sacramentelle  ne tient pas fort  devant le raz de marée de sentiments et de décisions déjà prises dans son for intérieur par l’un de deux époux.


Certes, une véritable amitié spirituelle avec l’un ou l’autre de l’entourage croyant peut aider à passer par certaines difficultés et les organismes, comme Clerc etc.,  disposent de personnes bien formées pour accompagner des gens en situations de danger.


Et la place du prêtre qui  a célébré le mariage n’est pas à négliger. Il est un témoin actif de la fidélité du Christ pour les époux, fidélité dans laquelle ceux-ci peuvent puiser la leur. Et s’ils ont un problème, ils savent vers qui se tourner.


Les couples sont réellement surpris à l’idée que le prêtre est responsable de leur mariage.  Il y a encore du travail  pour faire intégrer cette conscience-là aussi. Dans certaines églises orthodoxes, surtout dans les pays où les chrétiens sont minoritaires,  une telle entraide existe et  souvent fonctionne bien.


Mais, pour cela il faut de la confiance mutuelle. Alors que la plupart du temps, les jeunes couples, s’ils viennent à demander le mariage à l’église (au moins l’un des deux), ce n’est pratiquement jamais par amour du Christ pour son Eglise. Le modèle de couple chrétien,  comme celui des parents de la sainte Thérèse de l’enfant Jésus, semble bien révolu dans notre monde occidental.


Mais tout ce travail de prise de conscience ne suffirait pas à y faire face. Depuis la sortie du Moyen-Age  on a compris que la grâce ne bouleverse pas totalement l’ordre naturel des choses.  


La fragilité du couple, liée aux conditions de la vie moderne (dont certaines sont regrettables alors que d’autres non),  comme la fragilité humaine tout court, est une donnée à prendre en compte en soi.


Elle ne peut plus  être ignorée et le besoin de secourir ceux qui s’y trouvent, momentanément ou durablement, n’est à pas à négliger. Le fait qu’un couple sur deux se sépare n’est pas à considérer par l’Eglise comme un fait mineur, comme cela fut  le cas  par le passé.


Il concerne l’Eglise dans sa dimension pastorale d’accueil.


Sans négliger, non plus, le travail théologique  à poursuivre dans le domaine de la théologie du mariage. Travail qui consiste à puiser,  toujours et sans cesse, dans le trésor de la foi.


Et cela suppose  que l’amour du Christ et de son corps qu’est l’Eglise soit une réalité, pas seulement énoncée en théorie, comme existante quelque part, mais réellement vécue par tous ses disciples.  C’est à nous de l’incarner. Comment ? En accueillant le royaume de Dieu à la manière d’un enfant (cf. évangile du jour)  Amen