2015/11/08 - Homélie - 32e dim. ord.

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I.   

Deux femmes sont montrées comme modèle de vie chrétienne. Les deux sont veuves. L’une a vécu à l’époque du prophète Elie au IX siècle avant Jésus Christ, l’autre est contemporaine de Jésus lui-même. Elles sont confiantes en la vie, bien au-delà du raisonnable. L’une donne ce qui lui est nécessaire pour la survie, (combien de temps?) pour elle et pour son fils. L’autre donne deux piécettes, ce qui veut dire aussi  la totalité de ce qu’elle avait pour vivre.

Elles savent dépasser les limites imposées par la vie et la société. La vie voudrait que l’on se défende jusqu’au dernier souffle, tant qu’il y a de la nourriture, il y a de l’espoir, quoi de plus naturel. La société voudrait que l’on s’occupe des veuves et des orphelins qui n’ont ni rente ni travail. Ces gens-là,  vivent de la pitié des autres.

Or, la veuve de Sarepta obéit à Dieu par l’intermédiaire de prophète. Et  La veuve  du temple verse tout ce qu’elle possède au trésor du temple. Normalement c’est aux riches de donner, d’être généreux, de permettre aux autres de survivre, de partager un peu, de temps en temps, quand l’émotion prend...

Or la veuve  de Sarepta, comme celle du Temple, donnent tout.  Elles osent la confiance. Elles savent mettre en jeu toute leur vie. L’une vit à Sarepta dans le pays de Sidon, en dehors du royaume d’Israël,  l’autre à Jérusalem même. L’une est païenne, l’autre  fréquente le temple. Elles nous apprennent comment se comporter en chrétien.

II.   

Les chrétiens feront bien de prendre l’exemple de certains païens qui  ont la foi. La femme de Sarepta obéit à la parole de Dieu qui résonne aussi en terre païenne. Dans l’évangile de Luc, Jésus souligne ce fait, à savoir que le prophète Eli fut envoyé à nulle autre veuve que  celle de Sarepta, une païenne (Lc4,25-6) Même si cela ne faisait sans doute pas vraiment plaisir à certains de ses auditeurs, cela ne devrait pas nous être indifférent.  Nous sommes heureux de connaître Jésus et ou plutôt d’apprendre à le connaître. Mais le connaître, c’est aussi reconnaître la présence de la parole de Dieu donc sa présence à lui,  Jésus-Christ, fils de Dieu, en dehors de l’Eglise, son corps.

Le Dieu de la Bible est montré comme celui qui a un double objectif, ou plutôt un seul mais à double détente. D’une part il forme Israël comme le peuple qui lui appartient et qui  le servira en vérité. D’autre part, Dieu n’oublie  jamais que ce peuple, peuple élu, n’est que prémices de son plan qui consiste à faire des tous les peuples de la terre son peuple. La Bible le montre en racontant les faits comme celui-ci. La veuve de Sarepta symbolise les païens qui bénéficie des largesses de Dieu alors que le peuple qu’il s’est acquis,  lui crève de faim et de malheur sur sa terre, retombé dans l’idolâtrie (la femme du roi Achab, Jesabel est une païenne de Sidon justement,  elle a introduit en Samarie le culte des divinités païennes)

Évidemment cela suppose que ces  autres peuples, et leurs membres le veuillent bien. Le peuple d’Israël reste encore aujourd’hui élu de Dieu, sans aucune velléité à faire connaitre leur Dieu à d’autres. Ce qui n’est pas le cas de chrétiens qui ont mission d’annoncer aux autres les merveilles de Dieu.

III.   

La mission chrétienne consiste à apporter le Christ aux autres, mais pas forcément Dieu, car très souvent Dieu, compris d’une manière ou d’une autre, au travers de la spiritualité, ils l’ont déjà en eux. Combien de fois sommes-nous agréablement surpris de voir Dieu à l’oeuvre chez les non chrétiens, surtout  ceux qui n’ont rien à voir avec la civilisation occidentale marquée par le christianisme. La veuve de Sarepta  a entendu Dieu lui parler et a obéi au prophète lequel a obéi à Dieu qui l’avait envoyée auprès d’elle.

À la suite de l’histoire de ces deux femmes, nous sommes invités à entrer dans une attitude de confiance. Par leur histoire nous sommes aussi alertés sur deux choses: être suffisamment ouverts d’esprit pour reconnaître la Parole de Dieu à l’œuvre chez les autres que nous chrétiens catholiques. Mais aussi être méfiants  à l’égard des apparences. Dieu peut parler  à d’autres que les chrétiens et Dieu voit la valeur du don de la vie, autrement que de façon purement mercantile. 1+1=tout, car en donnant on ne peut pas donner qu’à moitié. Mais comme souvent, la vraie histoire de la vie s’inscrit dans l’insignifiance aux yeux du monde. Heureusement que la foi nous permet de le savoir, de le reconnaitre et d’en rendre grâce à Dieu.              AMEN