2015/11/14 - Homélie - 33e dim. ord.

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Nous sommes déjà presque à la fin de l’année liturgique. Les trois derniers dimanches qui précèdent la fin de l’année liturgique, comportent des lectures qui parlent de la fin des temps. Elles parlent d’une fin bien particulière, celle de tous les temps, de l’histoire de l’univers, rien que cela. Sur cette terre, tout à une fin, les bonnes choses comme les mauvaises, le travail comme le repos. Nous vivons dans une alternance entre tout cela. Mais dans l’ensemble tout cela un jour s’arrêtera. Alors, face à la finitude, quelques réflexions s’imposent.

Déjà au sujet de notre propre vie, comme ai-je vécu, depuis un an en tant que chrétien ? En quoi était-ce une bonne ou mauvaise période ? Où est-ce que j’ai avancé et où au contraire il me semble que j’ai stagné, voire empiré : dans le travail, la vie de famille, les engagements personnels et collectifs,  en engageant quelqu’un d’autre dans une collaboration, dans une relation sentimentale, dans un projet que j’ai juge bon ou mauvais, ou ni bon ni mauvais etc… ?


Les lectures  nous donnent deux clefs principales pour avancer dans notre réflexion. La première concerne notre rapport à la religion. La second notre compréhension de ce qu’est  le Christ. Evidemment on ne peut penser à l’un sans passer par l’autre.

Dans le rapport à la religion nous sommes invités à relire le texte de la première lecture, mais dans son ensemble. Le livre de Daniel fait partie des livres prophétiques. Mais,  celui-ci a pour particularité d’avoir un  caractère apocalyptique, il parle de la fin des temps et du jugement. Il en parle dans le contexte de la confrontation entre la culture grecque omniprésente à l’époque et le besoin de maintenir la pureté de la foi au Dieu révélé au sein du peuple d’Israël. La chose n’est pas facile, car c’est dans le temple lui-même que l’envahisseur grec installe une statue de Zeus. Sacrilège ! 

Quelle divinité y-t-il  dans mon cœur, quelle est cette divinité que j’adore en vérité ? Est-ce de ma propre volonté que je l’ai installée dans mon cœur, où me l’a-t-on  imposée ?  Cela a-t-il été peut-être plutôt suggéré par des amis, famille, ceux  que je considère  comme mes alliés  et que j’ai acceptés presque comme miens ??  Ne dites pas que vous n’en avez pas, car l’homme le plus athée et à l’instar  du religieux est toujours dans une attitude d’adoration de quelqu’un ou de quelque chose. Il y en a qui ne jurent que par la science, par le hobby, par la  dépendance à l’égard de quelque chose, par les sentiments ou le manque de sentiments, par la raison ou son contraire etc.

C’est un avertissement à ne pas se laisser envahir par quelque chose qui n’est pas librement consenti et en toute connaissance de cause.  C’est long comme chemin et les enfants savent ce que veut dire que de devoir se laisser guider par des adultes qui doivent éveiller une vraie liberté sans pour autant abandonner leur devoir d’accompagner, car les choses ne vont pas d’elles-mêmes. Il faut beaucoup de confiance de la part des ceux qui se laissent guider à l’égard de ceux qui guident pour confier ainsi une partie de sa vie à quelqu’un d’autre.

C’est aussi tout l’apprentissage scolaire et social qui y est en jeu. Car, c’est de la manière, dont les enfants sont informés,  que dépend la manière de se situer dans la vie. Le mot informer contient le mot former, malgré toutes les protestations des adeptes d’un accès exclusif aux savoirs. C’est se refuser à donner des clefs pour savoir quoi en faire, de ces savoirs, et ce que cela peut faire au sens d’agir sur celui qui les reçoit. Quelle est donc cette divinité qui est dans notre cœur ? Est-ce celle qui représente le Christ ressuscité. Au II siècles avant J-X, à l'époque de la rédaction du livre de Daniel, c’est seulement à ce moment-là que l’on se met à croire sérieusement en la vie éternelle. Donc ce n’est pas trop tard pour nous. 

La deuxième clef est celle qui nous permet de mieux comprendre qui est ce Christ ressuscité. Le livre de Daniel, et dans l’Evangile, Jésus lui-même en parlent. Par le terme de Fils de l’homme, par un jeu de glissement sémantique, de sens, on en est arrivé de la figure d’un homme extraordinaire, à celle de Dieu incarnée. C’est le Christ, dont l’épitre aux Hébreux dit qu’il était bien plus qu’un grand prêtre de l’Ancien testament. Il n’est pas ce grand sacrificateur qui officie dans le temple pour se purifier lui-même de ses péchés avant même de pouvoir le faire pour ceux de son peuple. Lui, le christ qui est  sans péché, il a accompli un unique sacrifice, une fois pour toutes. Par conséquent le pardon fut accordé de façon une fois pour toutes et nous vivons de ses effets. Cependant nous avons à le réactiver chaque fois que cela devient nécessaire.  Et maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père, d’où, comme dit le CREDO,  il viendra juger les vivants et les morts.  

Puisse ce Christ nous apprendre le chemin de la vie, à nous qui sommes pleins de confiance en sa présence bienveillante, et devant sa face, nous sommes dans le débordement de la joie !  AMEN