2016/02/21 - Homélie - 2e dim. de Carême

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CITOYENS du CIEL


Les lectures d’aujourd’hui nous placent devant l’ensemble de la trajectoire de la vie chrétienne. Depuis l’alliance avec Abraham en passant par la citoyenneté chrétienne à cause du Christ Glorieux pour être dans sa gloire. En effet, à cause de la foi au Christ, foi, initiée par Abraham, appelé Père des croyants, nous sommes les citoyens du ciel. Alors qu’est-ce que le citoyen  du ciel peut bien faire sur la terre ? Pour paraphraser Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le citoyen du ciel  passe son temps sur terre à faire le bien du ciel. Est-ce possible ? Sûrement, mais peut-être pas tout le temps. Mais un peu tout de même. Jésus se manifeste à ses disciples dans sa gloire, il est rayonnant, cela provoque chez les disciples une crainte bien légitime mais aussi de l’émerveillement. Ils sont dans un autre monde, au point que Pierre ne sait plus ce qu’il dit quand il déclare son désir de dresser trois tentes pour honorer Jésus et les deux autres personnages qui apparaissent à ses côté dans la vision, Elie et Moise. Il veut ainsi en l’honorant, l’enfermer dans un lieu, rien que pour eux, lui et ses compagnons, Jacques et Jean. Le but de la transfiguration est bien autre, c’est de goûter à la joie du ciel, entrevoir comment cela sera. Bernadette Soubirous dont nous avons fêté la mémoire dans le calendrier liturgique jeudi dernier, après avoir vu la Vierge, dit qu’Elle est si belle que l’on a envie de mourir pour pouvoir la revoir. Et Jean Vanier fondateur de l’arche est tellement rayonnant de tendresse qu’il est transparent, constatent ceux qui l’approchent, comme ceux lors d’une rencontre à Paris le mois dernier, où une de mes amies était là avec ses quatre filles et dont une, pas très portée sur la religion, n’a pas décroché à aucun moment en avouant que c’était top.


Transparent, rayonnant de tendresse de Dieu, c’est la Miséricorde de Dieu que cela exprime. C’est la condition d’être du citoyen du ciel mais encore vivant sur terre, c’est cela, c’est d’exprimer la tendresse du Père pour ses enfants. Les citoyens du ciel enfantent alors les autres  pour les présenter comme fils et filles d’un même père, celui du ciel. Les citoyens du ciel travaillent sur terre mais pour les affaires dont les avoirs se trouvent au ciel.


Or, nous habituellement, tout en désirant être de ces citoyens du ciel, nous ne sommes pas toujours transparents, translucides, comme Jésus, comme Jean Vanier ou d’autres saints. Nous avons des masques devant nos proches voire nous-même. Et pour une part, heureusement, car être transparent, dans nôtre condition humaine, c’est s’exposer au risque d’un mauvais jugement et d’en tirer des mauvaises conséquences, c’est de devenir encore plus faible à l’égard de l’autre. De fait il y a toujours quelque chose que l’on cache, que les autres n’ont pas à voir. Et ceci pas forcement parce que c’est mauvais en soi, auquel cas, nous avons à clarifier cela à la lumière de la vérité que Dieu nous donne dans le Décalogue. Mais nous avons aussi à cacher certaines choses, car cela fait partie de notre jardin secret. Et que cela reste dans l’intimité de notre cœur et âme, entre nous-même et Dieu.


Les saints n’ont rien à cacher. Ni de mauvais, car tout le temps, ils sont dans la logique de pardon à solliciter à et à donner immédiatement, sans tarder. Et aussi parce que leur jardin secret, celui de leur relation intime avec Dieu est aussi transparent, mais pas totalement, car seulement dans la mesure où ceci est nécessaire pour leur mission.


Par exemple la sœur Faustyna Kowalska  qui a rédigé son journal pour raconter sa vie mystique à cause des apparitions de Jésus, mais elle a toujours su que les mots sont bien trop faibles pour dire ce qu’elle a ressenti et compris. Mais ce qu’elle a pu dire avec ses mots est suffisent pour nous.


Le carême est ce temps propice pour enlever nos masques et nous rendre ainsi transparents à Dieu. Car devant lui on ne peut rien cacher. Et aussi montrer comment nous pouvons rayonner de la présence divine, comme cette femme d’origine nord-africaine qui demandait le baptême parce qu’elle aimait Jésus et dont les yeux disaient tout d’un tel amour. Amen