2016/04/17 - Homélie - 4e dim. de Pâques

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Depuis Pâques grâce au livre des Acte des Apôtres, nous méditons sur la naissance de communautés chrétiennes. Paul et Barnabé  voyagent  en Asie mineure  pour annoncer la Bonne Nouvelle révélée en Jésus-Christ mort et ressuscité. Pour le faire, ils vont tout naturellement dans les synagogues. Le passage d’aujourd’hui concerne leur séjour à Antioche en Pisidie. Ils y sont très bien accueillis, tout au moins par une grande partie de la population. Car beaucoup d’autres expriment une opposition de plus en plus forte. Au point qu’ils décideront de ne plus s’appuyer sur les synagogues pour leur activités missionnaires. Tout au moins  pas totalement, comment ils faisaient jusqu’à lors. En fait dans la synagogue, ou autour de la synagogue il y a trois sortes de personnes : il y a des juifs de naissance,  il y a aussi des  prosélytes, venu du paganisme et qui acceptant la foi juive, se soumettent aussi à la circoncision, comme signe très fort d’appartenance. Puis il y a aussi des craignants- Dieu que sont les païens  lisant les Ecritures sans adhérer aux rites d’appartenance.


Paul dans ses voyages missionnaires va d’abord s’adresser à ses confrères juifs, ceux de sa race. En ceci il est fidèle à Jésus qui demande d’abord d’aller aux brebis perdues de la maison d’Israël. Et se conforme à la conviction selon laquelle le plan de salut concerne d’abord les juifs, donc il convient qu’ils soient d’abord tous convertis pour pouvoir ensuite aller vers les païens. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Dieu a-t-il changé de plan ? Le plan de Dieu est toujours le même mais  la manière dont il se réalise n’est pas forcement conforme à nos prévisions, aussi légitimes soient-elles. Donc face aux oppositions de plus en plus fortes de la part de ses frères juifs, Paul va s’adresser aux prosélytes et les craingnants de Dieu, au deuxième et troisième cercle de la synagogue. Pour finalement (il va) se tourner exclusivement vers les païens. Et cette évolution s’opère à Antioche en Pisidie.


Cette expérience missionnaire de Paul nous renseigne sur notre manière d’être missionnaire. Notre lieu naturel de témoignage de notre foi, (témoigner c’est être missionnaire) est la communauté de vie, notre famille, ceux avec qui nous partageons le quotidien. Le cas échéant, faut-il qu’ils soient convertis sous nos yeux comme l’espérait Paul pour ses frères juifs ? Il nous faut aussi un lâcher prise à cet égard. Le plan de Dieu ne nous est pas bien lisible. Ceux, dont nous partageons la vie, parfois refusent ouvertement la foi au Christ. Voire, ils adoptent une attitude d’opposition combative. Que pouvons-nous faire ? Certains couples ont du mal à survivre à cause de cela. Et que dire des enfants grandissant qui  expriment ouvertement cette opposition forts de leur convictions et ou de leur choix positif de vivre dehors. Mais contrairement à Paul qui s’est complètement séparé des siens, nous ne pouvons pas, ne voulons pas et surtout n’avons pas à le faire ! Notre mission est double, vers les nôtres toujours et vers les autres aussi. Vers les nôtres et ceci peu importe si les nôtres consentent à vivre avec la foi chrétienne ou pas. Évidemment c’est plus facile quand il y a un accord fondamental dans le couple à cet égard. Même si rien n’est immuable dans notre manière de vivre la foi, et donc bien de divergences peuvent surgir à tout moment. Puis la seconde manière de faire c’est auprès des autres. Comment sommes-nous missionnaires ? Comment en témoignons-nous ?


Dans toute démarche missionnaire nous adressons aux autres qui sont à la fois déjà pleins de ce qui fait le sens de leur vie et en même temps peuvent être dans l’attente de quelque chose qu’ils espèrent sans pouvoir la nommer clairement. Toujours est-il que la parole de Dieu, parole de la Bonne Nouvelle, n’arrive jamais dans un endroit vide. Mais la foi doit modifier quelque chose en nous de façon divinement fondée et durable.


Le missionnaire c’est quelqu’un qui à la fois se laisse instruire de ces choses-là et qui en témoigne sans attendre les résultats. Car le bilan de son action ne se fait pas chaque année comme dans une entreprise, il se fait in fine à la fin de sa vie. Pour cela nous avons besoin d’une nourriture spéciale qui nous permettra ne pas faiblir sur le chemin d’annonce aux autres et tout d’abord accueillir cette annonce en nous- même. La communion eucharistique nous relie avec la source de notre espérance. En elle nous communions à ce Dieu qui donne sa vie en nourriture (Evangile). Pour que toute l’humanité partage la vie du Ressuscité et entre donc définitivement dans l’intimité avec Dieu (Apocalypse).