2016/06/26 - Homélie - 13e dim. ord.

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SUIVRE JÉSUS


Nous sommes à quelques jours de la trêve estivale. Nous allons suivre la route des  vacances en allant d’un endroit à l‘autre. Nous allons le faire en suivant un programme plus ou moins clairement défini. Visiter la famille, les amis, un mariage par-ci, un baptême ou anniversaire par-là. Bonnes raisons pour suivre notre programme dont certaines choses nous plaisent et d’autres moins.


Et quand le déménagement se profile, il faut suivre le mari, la femme, suivre ou quitter  les parents... ce n’est pas toujours pour le mieux espéré. Et pas toujours évident de laisser tous ceux que l’on aime et auxquels on est tant attaché. Changer de direction, de cap, se remettre en selle et continuer la route, c’est le défi de toute vie.


Nous les chrétiens, dans notre vie animée par la foi, nous suivons Jésus. Dans l’évangile nous voyons des situations typiques dans lesquelles le disciple de Jésus peut se trouver. 


Tout d’abord celui d’un enthousiaste, certes généreux, bien intentionné, mais qui, à vrai dire ne sait pas vraiment de quoi il parle. « J’irai où tu iras » c’est comme dans la chanson de Goldmann. Il a le désir, mais pas le carburent pour  avancer. Car à la première difficulté il va s’arrêter. C’est d’ailleurs ce qui arrive aux deux suivants.


‘Laisse-moi enterrer mon père’. Détrompons nous, la réaction de Jésus n’est pas contre le fait lui-même de nous occuper de nos morts. Mais contre les effets désastreux que cela peut produire si on n’y prend garde. Je suis tellement dans le deuil de mon père, dans le devoir à accomplir que cela ne me laisse pas de place pour Dieu.


C’est comme cette femme que j’ai croisée une fois dans une église. Elle était en pleurs. Elle m’expliqua que c’est parce que sa  mère était décédée. Tout compatissant, et sans trop savoir pourquoi, je lui ai posé cette question : «  quand est-ce que c’est arrivé ? » Quelle ne fut ma surprise en entendant sa réponse : Il y a dix ans. Cette femme continuait à enterrer sa mère depuis dix ans. Elle était entièrement absorbée par cela, elle n’était capable de rien d’autre que de pleurer en déversant ainsi sur son visage le chagrin qu’elle portait dans son cœur. Elle n’arrivait pas à s’en libérer pour mettre dans sa vie la priorité à la Vie. Et elle n’avait pas trouvé de l’aide pour cela non plus.


C’est de la priorité qu’il est question. Aimer Dieu d’abord et nos proches après. Cela semble très exigeant, voire impossible. Mais tant que nous ne sommes pas alignés sur Dieu nous ne pouvons pas être dans l’amour véritable pour notre prochain. Car c’est Dieu qui donne à comprendre comment aimer. 


‘Laisse-moi enterrer mon père ‘ veut donc dire, j’aime Dieu, mais pas en priorité ? C’est comme si  je mettais Dieu dans un train de ma vie en troisième classe ou dans la soute à bagages de l’avion. Alors que moi-même je suis installé en première, très easy, car très busy, car très business. Ce qui veut dire, je m’occupe de choses qui sont prioritaires pour moi. Le reste attendra. Dieu en fait partie.


Il faut d’abord  construire sa vie, profiter de la vie, certes en travaillant durement, puis sans doute penser à se marier et élever les enfants comment on peut. Pour ensuite, pouvoir éventuellement penser à les envoyer au catéchisme et à la messe. Évidemment, personne n’ignore les difficultés liées au fait d’avoir des enfants tout petits et les contraintes que cela pose. Mais c’est juste, la question de la place que je réserve à Jésus dans ma vie.


Est-il vraiment si prioritaire ? Le suivrais-je partout? Jusqu’où il n’y a pas d’endroit où poser la tête ?  C’est si facile de trouver de bonnes raisons pour ne pas le suivre. Et les causes  on peut continuer à les égrainer : parce que ceci ou cela, à cause de ce qui s’est passé dans notre enfance, dans notre vie familiale et qui nous a éloigné de ce chemin, parce que le prêtre n’a pas fait ce que j’attendais, ou a fait quelque chose que je n’ai pas aimé...  et si l’on ne fait rien, on en a pour plusieurs générations à en écumer les conséquences.


Pour suivre Jésus, il nous faut être libre intérieurement. Et pour être libre, il faut une guérison de pardon et d’amour miséricordieux. Cet amour, qui non pas efface tout,  pas comme si de rien n’était, mais qui plonge dans la miséricorde toutes sortes des scories afin de les y dissoudre. Le temps des vacances peut aussi être propice à cela, à vivre une vraie réconciliation, guérison, pardon. Un temps propice pour ressentir la tendresse de Dieu que Jésus ne cesse de déverser  sur nous. C’est ainsi que nous sommes en chemin avec lui. C’est ainsi nous nous rendons  vraiment capables de suivre Jésus.


Le Seigneur passe, qui entendra sa voix ?   AMEN