2016/08/10 - Homélie - 15e dim. ord.

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Le bon Samaritain,


Il nous est tellement familier, il nous est tellement sympathique, ce samaritain-là. C’est le cœur de la miséricorde de Dieu qui s’y exprime. L’homme de passage est allé au-delà des préjugés. Sur sa route, il n’a vu qu’un autre homme dans le besoin. Il a pris le risque de perdre de son temps. Mais surtout il a pris le risque de se faire rouer de coups à son tour. Il a fait ce qu’il croyait devoir faire. Y compris en engageant des dépenses en argent. Dans son attitude il est allé là où il fallait.


En y méditant j’ai pensé à ces deux types de situations que nous connaissons si bien. Un corps gisant sur la chaussée. Le bon samaritain s’approche, s’y penche. Soudainement l’autre se relève, l’attrape  au cou etc. Nous connaissons la suite. Depuis des incidents bien relayés dans les médias, il est très difficile d’être le bon samaritain de la sorte. Même en respectant les consignes de sécurité médicale. Rien que de prévenir les secours, est-ce toujours sans danger pour nous-mêmes. Un autre exemple : la bombe explose, les secours arrivent et paf, une deuxième bombe visant les secouristes eux-mêmes, là aussi, nous connaissons la suite. Là aussi il est difficile d’être le bon samaritain.


Le bon samaritain c’est pourtant vous et moi. C’est lorsque la situation le nécessite. Nous sommes alors capables de nous arrêter et tout en prenant le temps, nous sommes capables de prendre soin de l’autre, celui qui est dans le besoin vital. Nous le connaissons ou pas, nous l’apprécions par ailleurs ou pas, aucune importance.


Nous pouvons être de bons samaritains occasionnellement, comme dans la parabole. Mais nous pouvons aussi l’être dans des situations à répétition, comme les secouristes. C’est la situation de toute mère et de chaque père qui prennent soin ensemble ou séparément de leur enfant.  Évidemment, à condition d’être toujours disponible quand il en a besoin. Avec le cœur disponible car ouvert, comme les yeux sur la plaie à soigner. Et, tout en  le soignant et l’aidant à se relever lui dire : tu sais, tu as du prix à mes yeux, comme aux yeux de Dieu lui-même, car je t’aime d’un amour divin à  travers  mon amour tout humain. Dans cette attitude je prête à Dieu mes yeux et mes mains, comme je lui avais déjà  prêté, au sens de donner mon cœur. Mais le bon samaritain n’a pas besoin de savoir que ce qu’il fait il le fait au nom de Dieu. C’est vrai pour tous les autres bons samaritains, non chrétiens.


Nous sommes de bons samaritains chrétiens, dans l’ordinaire de nos vies. Le bon samaritain sommeille en nous. Il est réveillé quand nous prenons le temps de pause. Nous avons besoin de le réveiller pour agir en chrétien. Pour cela il nous faut nous rappeler  que tant et tant de fois quelqu’un a déjà été pour nous un si bon samaritain. Cela aide à maintenir un état de veille de notre bonne disposition à l’égard de l’autre. Notre bonne disposition à être un bon samaritain.


Voici le défi pour la foi chrétienne. Voici le défi pour l’Église dont nous faisons partie. Selon le pape François, l’Église ressemble le plus souvent à un hôpital de campagne. C’est une belle image pour dire le caractère improvisé de l’action du bon samaritain, car en agissant en urgence, ad hoc, là où c’est nécessaire. Depuis toujours, la foi chrétienne ouvre le cœur du croyant à cette bonne disposition. Et nous y avons notre part !! AMEN