2016/08/28 - Homélie - 22e dim. ord.

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Un soir, la petite fille regardant sa mère préparer son lit, pour la première fois, aperçoit sur la tête de sa mère des cheveux blancs. Elle questionne donc sa mère : pourquoi tu as des cheveux blancs sur ta tête ? La mère après une courte pose répond, tu sais, les cheveux blancs apparaissent sur la tête de maman chaque fois que sa fille se comporte mal. Après une longue réflexion la fille partage toute excitée sa découverte, maman dit-elle, maintenant je sais pourquoi la tête de mamie est toute blanche !

Les lectures d’aujourd’hui portent sur l’humilité. C’est une valeur biblique et chrétienne que nous avons souvent du mal à intégrer. Dans la vie ambiante l’humilité n’est pas la valeur première. La fierté semble s’y opposer. Et pourtant nous somme fière de proclamer notre foi. C’est à quoi tout au moins nous invite le rituel de baptême où le prêtre résume la profession de foi en disant « cette foi que nous sommes fière de proclamer ». La foi chrétienne nous invite à une humilité qui ne se sépare pas d’une certaine fierté. Mais si fierté il y a, c’est de la fierté de connaitre Dieu et de proclamer la foi en lui qu’en est question. Comment le faire, comment proclamer la foi, sinon de façon humble. 

Humilité comme valeur, cela vient de humus, la terre, le terroir,  la glaise. Cela s’oppose aux diamants et à l’or. La terre est sale, comme celle dans laquelle Bernadette Soubirou creusait à Lourdes aux pieds de la grotte pour chercher de l’eau miraculeuse. Dans la vie, en général on préfère être grand, beau, pas forcément gentil, mais plutôt jeune si possible et riche sûrement. On préfère se savoir source de connaissance, comme cette maman qui n’a même pas vu qu’elle pouvait se laisser prendre au piège d’un raisonnement logique de son enfant. On préfère d’être au-dessus  des autres plutôt qu’à leur service. Ou alors, si on est au service c’est surement avec une réelle conviction de rendre des services à partir d’une position supérieure. 

L’humilité n’est pas attirante pour les autres sauf pour Dieu qui ainsi reconnaît la grandeur de notre âme. Mais nous avons besoin de vérifier si notre ego  n’est pas infectée par l’orgueil. C’est la santé de l’âme qui est à vérifier. Comment le faire ? Par le discernement constant, c’est-à-dire par le regard de vérité posé sur nous-mêmes par Dieu lui-même. Mais qui peut-avoir un tel regard ? Nous même,  pas vraiment, et pourtant c’est de notre responsabilité. Qui donc peut nous aider ? Plutôt quelqu’un qui nous accompagne dans notre vie spirituelle. Cela peut être un prêtre, un ou une religieuse, un ou une laïque. Mais faut-ils encore qu’ils soient eux-mêmes formés pour cela. Le pape François vient de demander aux jésuites de former les prêtres au discernement. Dans la communauté chrétienne comme celle de Hong Kong nous avons à porter cette attention particulière pour aider les uns les autres à discerner. C’est-à-dire à porter le regard de Dieu qui seul est juste et vrai,  et de qui  nous apprenons à nous orienter dans la vie. 

Les signes de l’orgueil, tout comme ceux de l’humilité ne sont pas faciles à détecter. L’humilité est connue avant tout de Dieu lui-même, elle se laisse cependant apprécier par les autres dans la charité véritable, celle accomplie de façon libre, au nom de l’amour du Christ. Les signes de l’orgueil apparaissent seulement lorsque nous cherchons à être les premiers, comme dans la parabole de l’évangile.  Cette année, comme souvent, beaucoup de prix d’excellence ont été décernés  au bac au Lycée français de Hong Kong. C’est le résultat d’une compétition qui peut être saine. Ces bacheliers furent primés par une entreprise dont la représentante m’a confié que les jeunes étaient bien entourés par leurs parents et les éducateurs pour ne pas tomber dans le travers d’un orgueil malsain, d’une supériorité dédaigneuse de tous les autres, pas seulement de ceux qui essayent et n’y parviennent pas. Mais c’est le travail de toute une vie. 

Mon fils, dit le sage de la première lecture, accomplit tout dans l’humilité, et dit-il aussi, l’idéal d’un sage c’est une oreille qui écoute. Le pape François sait écouter les jeunes, et il sait  parler leur langage. Comme il l’a fait au JMJ à Krakow en juillet dernier en parlant du canapé et des chaussures de marche, d’iPhone et du désir de connaitre la vérité en commentant la rencontre de Zachée avec Jésus. Il l’a aussi fait en invitant les jeunes à écouter les grands parents. Le pape insiste ainsi sur le besoin de partager l’expérience de vie. Il est important pour lui que les jeunes s’inscrivent fièrement dans l’histoire de l’humanité portée par les valeurs générées par  la foi chrétienne.

Et  les cheveux blancs ne seront plus le résultat de soucis des autres, mais d’un processus naturel  qui signifie le passage sur cette terre. Une bonne raison pour être humble dans ce monde, tout en étant fiers des promesses d’un monde à venir, dont nous rendons visible la présence dès maintenant par tout acte de charité. AMEN.