2016/10/29 - Homélie - 31e dim. ord.

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Introduction  à la messe :


Nous ne sommes pas loin de la Toussaint et de la fin de l’année liturgique. La fin des temps de façon cosmique est aussi à considérer dans la foi. La seconde lecture de st Paul aux Thessaloniciens nous le rappelle. Même si ce n’est pas pour tout de suite, cela arrivera sûrement un jour où le Christ reviendra  dans sa gloire. Dans nos vies de chrétiens nous sommes dans l’attente de la venue du Christ à la fin des temps.  

En attendant, nous avons à passer notre temps sur cette terre de génération en génération. C’est un temps de  l’accueil du salut, de la grâce de la vie. Mais le péché est toujours là. À cause de cela, nous avons à nous en remettre à la Miséricorde de Dieu. Comme Zachée, pour être héritier de la vie de Dieu en nous. En confessant la Miséricorde de Dieu, nous pouvons reconnaître notre péché. 

 

Je confesse à Dieu….


Collecte :


Dieu de puissance et de miséricorde, Dieu de tendresse et de pitié, lente à la colère et plein d’amour, c’est ta grâce qui soutient nos vies, et c’est elle qui nous donne aussi à te servir dignement. Accorde nous la confiance pour progresser dans notre vie sur terre vers les biens que tu nous offres dès maintenant et vers ceux que tu nous promets dans la vie éternelle. Par Jésus Christ… AMEN


Homélie. 


Dans l’évangile Jésus s’invite chez Zachée. Il veut demeurer chez lui. « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Aujourd’hui, il veut aller chez nous dans nos maisons, là où nous habitons. 

Maison ne veut pas dire la même chose pour les asiatiques que pour nous, les occidentaux. Pour nous c’est une vraie demeure où il est bon de vivre et où il nous est possible d’inviter des hôtes. 

Pour les asiatiques dans leur culture la maison est juste un abri pour se protéger des éléments, rien d’autre. Toute la vraie vie se déroule ailleurs, dans les lieux publics en présence des autres.  

Pas facile d’accueillir  dans ce contexte l’invitation de Jésus qui veut faire de notre cœur sa demeure. Or, notre culture occidentale, par ailleurs pétrie des valeurs bibliques, nous facilite la bonne réponse. 

Sommes-nous donc prêts à lui dire oui ? A lui dire : viens chez moi et visite tous les recoins de mon existence, nettoie ce qu’il faut et fais y ta demeure ? 

Par Jésus, c’est Dieu lui-même qui s’y invite. C’est la Trinité  Sainte qui veut y faire sa demeure. Nous sommes le Temple que Dieu a choisi pour y habiter. Il ne se contente pas de son ciel. Il veut être avec sa création. Comment alors l’accueillons-nous ? Un problème concret se pose, car  de fait, nous sommes pécheurs. 

Et depuis toujours l’être humain face à la divinité adopte la même attitude : personne n’est digne devant Dieu. Nous ne sommes pas dignes,  nous non plus ! Pierre l’a  maintes fois constaté à ses propres dépends. 

 Juste avant de recevoir la communion, le Corps du Christ, nous disons, ‘je ne suis pas digne de te recevoir…  ‘  

Mais de quelle dignité s’agit-il ? 

Déjà en début de la messe nous avons demandé le pardon pour dignement chanter la gloire de Dieu et efficacement écouter la Parole de Dieu. Combien de fois dans la messe nous implorons la Miséricorde de Dieu ; même dans le Notre Père évidemment. Agneau de Dieu qui… Quelle insistance sur le péché, n’est-ce pas trop ? 

A force de le redire, est-ce pour nous persuader de notre dignité ? Non ! Car cela ne serait jamais suffisant.  

La dignité, s’il y a, elle est à chercher ailleurs. Il s’agit de la dignité des enfants de Dieu appelés à être  la demeure de Dieu.  Et cela veut dire bien davantage que de  vouloir se laver du péché. De toutes les façons, à force de se laver et frotter, et raboter les cornes du péché, nous ne serons jamais suffisamment dignes. 

Ou alors, nous serons comme Augias de la mythologie grecque qui ne cessait de nettoyer l’étable, sans jamais parvenir à la rendre entièrement propre. Où encore comme Sisyphe qui roula la grosse pierre vers le sommet d’une montagne sans jamais y parvenir. 

Dieu veut faire sa demeure chez nous. Si nous le lui permettons, il fera le travail qu’il faut pour rendre cet endroit digne de sa présence. Mais, il va nous accompagner dans notre faiblesse.  

C’est même sur notre faiblesse, sur notre péché qu’il construit sa présence en nous. Il y fait son nid en se servant de nos péchés. Car il nous accompagne dans notre vie de pécheurs, certes désireux de nous convertir tjrs et sans cesse, mais tjrs aussi faibles. 

Donc ne le mettons pas dehors quand nous ne sentons pas trop présentables devant lui, car c’est alors que nous en avons le plus besoin. 

Juste un exemple de la vie de couple pour illustrer ce réflexe naturel qui dessert la démarche religieuse, spirituelle, mais aussi purement humaine. Dans la vie de couple les partenaires s’éloignent l’un de l’autre lors qu’ils sentent que lui ou elle n’est plus  présentable. 

Or c’est à ce moment  qu’ils en ont le plus besoin pour être dans la vérité qui passe par le pardon réel avec des gestes et des mots qui le prouvent, et pas seulement virtuellement, dans l’imaginaire, comme dans un rêve. 

Mais revenons à notre relation à Dieu, si nous sommes partis bien loin du regard de Dieu, c’est à cause de soucis du monde du travail très prenant, de l’intérêt pour les apparences, du goût du pouvoir etc. 

Mais alors, ayons le courage de la simplicité pour accueillir Dieu à ce moment-là chez nous tels que nous sommes. Quitte à se sentir ridicule aux yeux des autres comme Zachée l’a surement été. Et Dieu fera le reste. Ou alors, nous sommes délibérément dans les ténèbres et le péché y est à l’oeuvre. 

(Pause...)

Mais en nous reconnaissant pécheur, comme Zachée, nous permettons à Dieu de restaurer en nous la dignité de ses enfants, d’enfants de Dieu. Car c’est seulement en enfant d’un tel Père que nous sommes capables de crier Abba. 

Dieu nous veut libre et capable de le louer (Première lecture) C’est pour cela qu’il ferme les yeux sur nos péchés, car ce n’est pas le péché qui l’intéresse, mais notre conversion. 

Il veut nous restaurer dans notre dignité, car « Le Seigneur et tendresse et pitié, lente à la colère et plein d’amour, la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres »(Ps144). AMEN