2017/07/02 - Homélie - 13e dim. ord.

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Qui peut suivre Jésus ?


Lorsque les marcheurs sont en groupe, il y a différentes manières de s’organiser. Tout le monde ne marche pas au même rythme. Il y en a qui démarrent lentement et accélèrent de façon constante pour arriver à une vitesse de croisière qu’ils arrivent à maintenir sur du plat. Il y en a qui restent en groupe tout le temps. Mais, il y en a qui parfois ont besoin de s’en extraire en accélérant ou en trainant les pieds…. Surtout sur du relief.  Je pourrais continuer la description de ce type de situations. Mais que cela nous suffise pour le moment. Car j’ai à parler de  Jésus et des marcheurs qui sont invités à le suivre. 


Tout d’abord remarquons, que la foi chrétienne est une invitation à marcher, à sortir. Nous sommes des péripatéticiens spirituels. Non pas des vagabonds qui picorent ce qu’ils trouvent sur le passage. Pas plus que des touristes avides de découvrir des endroits nouveaux. Et, dont les souvenirs alimenteront les décors de l’intérieur  et les discussions de salons. Nous sommes de marcheurs spirituels qui parfois ont besoin de faire une halte pour se reposer et se nourrir. Déjà le faire  aux pieds de la croix de Jésus qui est bien visible dans le salon où nous  nous rassemblons en famille et accueillons des invités. Courage de la vérité passe par là. 


Et alors,  qui peut suivre Jésus ? Sûrement celui qui ose sortir de lui-même pour se confier à un autre,  plus grand que soit. Quelqu’un qui le prendrait pour maître et se laisserait transformer en disciple. Jésus pourra donc faire du coaching en permettant à  son disciple de grandir dans la foi au moyen de l’attachement à lui. Mais pas de danger que Jésus se fasse prendre pour un gourou (au sens négatif du terme). Car Jésus tout en attirant à lui, il le fait pour orienter son disciple sur Dieu le Père.  


Alors qui peut suivre Jésus ? Sommes-nous d’accord pour dire « j’irai là où tu iras ! » ? Quand cela correspond à mes projets sur la vie, je le suivrai volontiers. Mais, si le suivre veut dire prendre sa croix, c’est-à-dire à cause de lui être crucifié pour le monde, c’est toute une autre histoire. Alors, notre volonté à le suivre faiblit. Notre désir d’être en sa présence s’épuise. Et notre espérance ternit au point d’insinuer le doute sur tout cela. Qui n’est pas passé par là ?  Celui qui n’est passé par là, il n’a pas encore vraiment expérimenté ce qu’est la foi chrétienne, ce qu’est suivre Jésus. 


Mais alors qui peut suivre un tel Jésus ? Pour continuer la méditation sur ce thème, je reviens à l’image de la marche. Dans l’Evangile de Luc, les disciples d’Emmaüs marchent sans Jésus. Ils l’ont perdu sur la Coline de Golgotha.  Lui crucifié et mort, eux  meurtris et désespérés. Mais il les rejoint sur la route. Etait-il venu par devant ou par derrière ou autrement, rien ne le suggère dans le récit. On peut seulement constater que rejoindre veut dire ne pas avoir été avant. Nous avons aussi beaucoup de raisons à être désemparés, perdre l’espérance chrétienne, voir même désespérer de l’être humain et donc perdre de l’espoir. Sommes-nous attentifs à sa présence quand nous pensons l’avoir perdu depuis certains temps, voire longtemps. Chez mes amis, après le drame familiale, une des filles,  une belle adolescente,  a dévissé, et partie à la dérive. 


Et un jour, sous un pont, elle se regarde dans la glace en se disant : « tu as l’heure d’une vieille ». Et elle s’est réveillée de sa torpeur. Elle a compris que Jésus lui-même était venu la secouer de la sorte. Elle a changé de vie. Heureuse d’exister de nouveau, elle prépare le mariage religieux.  Aimer Jésus plus que ces propres parents, elle l’avait compris dans cette expérience douloureuse. Car l’amour de Jésus lui a permis de mieux comprendre son amour pour ses parents. Voilà ce que Jésus demande. Aimer d’abord lui et le reste sera donné en surabondance. C’est la question des priorités. Car l’amour de Jésus, c’est l’investissement dans la dimension spirituelle.  Et cela produit des effets dans notre vie sur terre. AMEN