2018/02/04 - Homélie - 5e dim. ord.

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« La vie est une corvée », mais « tout le monde te cherche » en quoi est-ce une bonne nouvelle ?


1° La vie est une corvée. Qui d’entre nous ne l’a pas dit au moins une fois dans sa vie. Et que dire de ceux pour qui c’est une vraie souffrance que de vivre sous le poids de maladie, de troubles divers ou faisant un travail harassant sans  nourriture ni soins nécessaires ? Et quand l’incompréhension des proches s’y ajoute. Mais le pire de tout c’est le silence de Dieu. Le livre de Job nous parle de la souffrance. A ce sujet, il nous permet de passer de la croyance populaire à la foi.


La croyance populaire de tout temps dit que la souffrance est liée à la justice de Dieu. Un tel Dieu récompenserait scrupuleusement  les bons et punirait comme il se doit, les méchants. Et si vous souffrez ce que vous avez fauté.  Vous avez péché et c’est bien fait pour vous. Vous avez ce que vous méritez. Ce raisonnement poursuit la logique  retributive. Job est accusé d’avoir péché et qui de plus  refuse de le reconnaitre. Un double tort, insupportable pour son entourage. L’isolement et l’abandon s’en suivent.


2° Claudel disait que Jésus n’est pas venu nous expliquer la souffrance, mais l’habiter  par sa présence. Job a fini par comprendre que la logique retributive ne marchait pas. Il en était un contre-exemple flagrant. Lui qui n’a pas péché, il le savait.  Le Livre de Job est une fiction. Il tente à démontrer le vrai visage de Dieu. Job est dans la bonne direction. Jésus lui donnera raison. Qui a péché, lui ou ses parents demandaient les gens qui voyaient l’aveugle de naissance.


3° Malheur à moi, dit st Paul dans la deuxième lecture. Nous pouvons répéter pour notre propre compte et moi le premier. Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. Annoncer l’évangile c’est aussi permettre de voir plus clair au sujet de la justice de Dieu face à la souffrance. La souffrance des innocents comme Job, toutes ces corvées portées par tant et tant de gens dans  le monde  de hier et  de demain. Nous avons à soulager tout cela par une meilleure attention les uns à l’égard des autres et par le progrès technique. Les deux si possible, et au moins l’un ou l’autre. Le concert de hier soir l’a bien signifié. 


4° Jésus nous donne l’exemple comment le faire. Il nous donne l’exemple comment annoncer l’Evangile.  En soulageant les souffrances, en guérissant les malades. Mais pour le faire, il faut quelques conditions. 


D’abord il faut prier pour être connecté à l’essentiel, à son Père. Nous sommes des apôtres du Père, car fils dans le Fils. Puis partir ailleurs, ne pas rester sur place. Ce qui  ne veut pas forcément dire de changer de lieu. Ce qui surtout veut dire  avoir l’audace de se laisser exiler au pays de la souffrance des autres. Cela on ne peut pas le faire si on ne l’avait déjà pas expérimenté pour soi-même. Si vous  ne pouvez pas tenir en place, peut-être naturellement vous êtes prédisposés à cela. Et enfin faire de sorte que tout le monde cherche cela, cherche à entendre l’Evangile. Jésus était suivi par toute une foule, car les gens attendaient de lui une amélioration de leur situation.  Mais cela n’a pas duré, très peu l’ont suivi vraiment. D’ailleurs, même à la vue de ses miracles, tous n’y ont pas cru.


Comme Jésus, libre à l’égard de tous et faible avec les faibles, nous avons à l’être, nous avons à y être.  Le disciple n’est pas plus grand que son maître. Et moi non plus. En plus, je ne suis pas chargé de vous convaincre de tout cela. Je suis juste venu pour vous le dire. AMEN.