2018/04/15 - Homélie - Baptême de Victoria Franiatte

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Moscou, 15 avril 2018

 

Christ hier, aujourd'hui, demain


1. 
Jésus Christ se manifeste toujours.


Un jour un enfant de catéchisme m'a posé cette question : Qu'est-ce que cela vous fait de savoir que chaque jour vous faites un miracle ? J'ai dû avouer humblement que je ne me suis jamais posé cette question. En effet à chaque messe et aujourd'hui aussi par l'action de l'Esprit Saint s'opère un miracle. Le pain et le vin deviennent le corps et le sang. Le Christ est déjà présent dans son esprit en début de la messe. C'est lui qui  nous accueille pour nous rassembler et nous donner sa paix dans le pardon et  dans la Parole. Il s'y rend présent comme ressuscité. Tout comme devant les apôtres de l'évangile d'aujourd'hui,  ébahis  de le voir manger du poisson pour montrer qu'il y est présent en chair et en os. Il l’est devant nous aussi. Certes, son corps de ressuscité est destiné à ne plus mourir, destiné à la vie éternelle. Il nous invite à sa table pour partager sa vie. En venant à la messe, en sommes-nous aussi surpris que ses disciples. Si oui c'est pour nous sentir invités à faire un bout de chemin avec lui.  Oui l'inouï de la foi chrétienne est là. L'incroyable de la victoire de la vie sur la mort est là au cœur même de la foi chrétienne. Et la vie éternelle est déjà en marche dès le baptême.


2. Comment en être sûr ?


- scruter les écritures, c'est-à-dire interroger les témoins. Ceux d'autrefois, les disciples, jusqu'à ceux d'aujourd'hui. Sont-ils fiables ? À vous de répondre. Si vous avez des résistances intellectuelles et/ ou affectives, blocages de toute sorte vérifiez-les. Mais faites-les avec le désir d'être dans la vérité. Car nous nous construisons un monde de convictions  à partir de notre périmètre personnel. Et du coup, si nous nous contentons de cela, nous sommes comme ceux qui ont condamné Jésus a mort. (I lecture). Mais en faisant ainsi, comme eux, certainement nous le faisons par ignorance. Or qu'est-ce que c'est difficile d'entendre cela, d’entendre que l'on est ignorant. Alors que précisément on se croit être en possession de la vérité par la connaissance scientifique et existentielle que nous considérons comme étant les seules possibilités d'accéder à la vérité. L'erreur est là. Sans humilité la porte de la vérité spirituelle ne s'ouvrira pas. À qui se fier donc?  Y-a-t-il un maître que l'on pourrait suivre? D'ailleurs existe-t-il ? Est-il en moi ou dehors ? Las de ne pas trouver on a parfois envie de répondre : c'est compliqué, on n'y comprend rien, on se sent largué et préfère rester avec nos convictions profondes.


- faire usage de la raison. Mais jusqu'au bout. Exemple de cet usage en explorant une pensée : 

"L'essence de la tyrannie est le refus de la complexité" (Jacob Burchhardt). 

La foi chrétienne consiste à accepter l'amour trinitaire d'un Dieu révélé. Or, cet amour trinitaire se présente comme complexe pour les oreilles extérieures. Et ce qui est complexe nous paraît alors compliqué. Et est compliqué ce que je ne comprends pas. Or cet amour est pourtant si simple, car fluide, circulant à l'intérieur de la Trinité et dehors jusqu'à chez nous. Il irrigue le croyant qui constamment se laisse nourrir de façon consciente et volontaire par la prière et le repas de la messe. Ce qui rend la chose compliquée c'est notre regard plein de projections dues à notre ignorance et notre péché. Or des épousailles d'amour entre Dieu trinitaire et nous-mêmes qui y consentons font que les choses deviennent simples. A condition  toutefois d'y être fidèle, ce qui - et c'est le cas de le dire - n'est jamais simple. Mais la simplicité avec laquelle l'amour divin peut circuler dans nos vies, cette simplicité n'est nullement synonyme de tyrannie. Car cette simplicité n'est pas de ce monde. Elle est simplicité d'amour qui a Dieu pour source, qui l'a aussi pour chemin et jusqu'à la destinée ultime. Et cela mérite d'être dit, si possible le plus simplement ! 


- l'espérance chrétienne est là : l'amour vaincra toutes les ténèbres. Un verre à moitié vide est à moitié plein. Dans l'espérance chrétienne, même rempli à moitié  ou moins  encore, il est chaque fois plein en entier. Car il est entièrement rempli de l'amour divin trinitaire. Celui que nous accueillons déjà réellement, et celui que nous allons accueillir aussi réellement que concrètement dans l'avenir. C'est de cette espérance de l'amour à venir que notre vie comme un verre moitié plein est rempli totalement d'espérance. 


Le baptême remplit d'une telle espérance. Il remplit de cet amour trinitaire à accueillir tout entier dans l'espérance de le voir nous transformer entièrement. Le baptême remplit de cet amour qui laisse la soif de Dieu s'installer de façon droite, juste, paisible et  confiante. À vous les parents, parrain et marraine d'en être d'heureux témoins auprès de Victoria. À vous d'exhaler ce parfum d'amour trinitaire qui circule en vous et que Victoria peu à peu pourra reconnaître par son nez, pardon, par le sens de la foi. L'onction d'huile parfumée qui suit le rite de l'eau est là pour nous le rappeler. Nous avons tous à exhaler la bonne odeur du Christ ressuscité qui est toujours parmi nous et nous conduit sur le chemin de notre vie sur terre pour nous amener aux joies célestes. Amen.