2018/10/07 - Homélie - Envoi en mission catéchistes et animateurs d’aumônerie

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Dieu nous a créés pour le bonheur. 


Voilà une bonne nouvelle qui se dégage des textes d'aujourd'hui. C’est aussi surtout le fils conducteur du parcours catéchétique proposé dès cette année. 


Mais alors de quel bonheur est-il question ? D'abord faisons deux constats


1° A. Dieu nous a créés pour le bonheur. Et en faisant cela il a un plan. C’est son projet pour nous. Selon la Bible, il s’agit de notre bonheur bien humain, à nous les terriens. Il a mis dans notre cœur le désir d’être heureux, fonder une famille... c’est la nature humaine. Dieu a un projet pour l’homme. Ce projet consiste à rendre l’homme capable d’être en relation intime avec Dieu. 


1° B. Pour cela l’homme est doué d’une liberté d’aimer. Il peut être en vis à vis avec Dieu. Ainsi son âme reflète l’image de Dieu qui est en lui. Et la femme est égale à l’homme, car de la même dignité que lui. Elle est comme lui capable de refléter l’image de Dieu en elle. La Bible fait considérablement relever le niveau de considération de la femme. Tous les deux sont en vis-à-vis l’un de l’autre (chair de ma chair). Et ensemble, ils sont dans un autre vis-à-vis, celui face à Dieu. C’est ainsi dès le début de la création. 


Dans la Bible, il n’a jamais été question d’accepter l’arrangement organisé à l’avantage des hommes. Il n’y a rien ou presque rien sur la loi de divorce dans la Bible. Juste une référence (Dt) pour savoir si on pouvait reprendre la femme disgraciée (qui ne plait plus) dont l’homme avait décidé de se séparer. Jésus, sans ignorer les difficultés de la vie en couple, place la question sous l’angle du projet de Dieu et non pas celui de la loi. La loi qui aurait autorisé les hommes à traiter leurs épouses comme des objets, dont on pourrait établir une valeur marchande (pour ta femme tu veux combien de chameaux ?, demandait naguère un propriétaire de troupeaux), ce n’est pas dans la Bible. 


Et ce désir de former un couple n’a pas été supprimé chez les célibataires consacrés, mais seulement intégré dans une offrande de toute une vie comme signe du royaume de Dieu à venir. 


Dieu a un projet pour l’homme. Il consiste à nous voir vivre dans le bonheur sur terre. 


Donc réjouissons-nous  déjà pour cela. Mais il n’y a pas que cela. Après les deux constats deux questions


2° A. Alors pourquoi avoir besoin de Dieu ? Pourquoi Dieu veut que l’on croit en lui ? C’est cette question qu’a posé une fille l’an dernier en séance de caté.  Pourquoi Dieu veut que l’on croit en lui. Le bonheur sans Dieu est déjà du bonheur et les athées,  non sans raison, le réclament. 


J’ai fait deux fois cette expérience du bonheur sans Dieu. Un sentiment et une conscience d’être bien sans lui. J’ai alors pris cela déjà comme une invitation à comprendre les non-croyants. Mais aussi, et peut-être surtout, j’ai compris cette expérience comme une invitation à approfondir véritablement l’accueil du bonheur humain en présence de Dieu. Ce qui veut dire en en reconnaissant la source. 


Car tout l’enjeu est là. C’est comme dans la relation parents-enfants. Les parents, vous élevez vos enfants pour leur bonheur, et cela fait votre joie. Mais les enfants qu’est-ce qu’ils en font ? Ils peuvent l’oublier en se contentant de vivre des acquis de votre amour parental. Ils peuvent oublier de reconnaître que vous y êtes pour quelque chose. Ils peuvent aussi se couper de leur source qui  se manifeste à travers vous, en tant que croyants. Car vous les parents, vous êtes une source intermédiaire.


La première source, celle  qui nous est commune à nous tous, c’est Dieu lui-même. Se couper d’une telle source, c’est  comme boire au ruisseau sans se poser la question de savoir d’où vienne cette eau. Le vrai bonheur c’est d’aller jusqu'à la source du bonheur. Et de l’accueillir à la manière d’un enfant qui tout spontanément relie les deux (sic Evangile). Car l’enfant ne sépare pas l’amour qu’il reçoit de la source qui l’alimente. Ce que Dieu a unit que l’homme ne le sépare pas. Cette injonction s’applique d’abord à tout croyant pour qu’il vive bien cette union à Dieu au travers la relation à l’autre. Et à ce titre dans la perspective du mariage elle s’applique à tout couple qui veut refléter cet amour de Dieu et son bonheur dans leur amour et leur bonheur.


2°B.  Et quand le bonheur n’y est plus ? Dieu se serait montré inefficace ? Est-ce seulement la conséquence du refus de la Loi de Dieu ? Quand on est touché par la discorde en couple ou ailleurs jusqu’aux guerres fratricides, par la pauvreté, la maladie, la maltraitance voire persécution, la mort, où est-il, ce bonheur ? C’est le sens de la deuxième lecture et de l’Evangile. Jésus savait que le bonheur humain qu’il partageait avec nous, était limité.  Et que le bonheur de Dieu était encore plus grand que notre bonheur humain. Et qu’il était à recevoir comme cadeau de vie éternelle promise à ceux qui cherchent le royaume de Dieu.


3° conclusion : Notre mission consiste à veiller sur le bonheur sur terre qui est à vivre comme germe du bonheur éternel, à le faire valoir et le susciter. Chouraqui traduit le mot bonheur par ‘en marche’. Nous sommes ce bonheur en marche. Ce bonheur qui se donne à voir, car il nous met en marche et nous transforme. Aveu simple d’une vietnamienne baptisée adulte qui à la question : qu’est-ce que cela vous fait d’être baptisée, répond : je suis heureuse.


Donc le caté c’est aussi du bonheur en marche. Ce ne pas statique, mais en mouvement pour apprendre savoir être, aidé par les savoirs  et les savoirs faire. Savoir être passe par les témoignages de ceux qui ont été  touchés au cœur par l’amour du Christ. Et qui ont répondu en donnant de leur amour du Christ aux autres. 


Pour vivre dans le bonheur bien humain mais divinement inspiré, car ouvert à la vie éternelle, il faut quitter le terrain du débat d’idées pour arriver à l’adhésion. Il faut se laisser toucher au cœur. C’est la catéchèse en marche. Mais cela prend du temps et suppose bien de la patience. Nous découvrons donc progressivement un tel bonheur et nous le célébrons comme ce soir. Amen