2018/10/26 - Homélie - Mariage de Laure et Frédéric

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Laure, Frédéric


Vous voici ensemble devant cet autel. Désormais une nouvelle étape de votre vie se dessine. Nouvelle étape marquée par la vie à deux, mais autrement. C’est le sacrement du mariage qui la déclenche. C’est le sacrement du mariage qui vous y invite. Vous n’avez qu’à y entrer, vous y pencher ensemble et  en recueillir les fruits. 


Une longue et profonde préparation a précédé votre présence ici aujourd'hui. À cette préparation, vous vous  êtes donné corps et âme. Vous vous y êtes donnés jusqu'à la moelle épinière de votre être. Vous avez voulu le faire ainsi pour ne rien laisser consciemment sans le soumettre aux effets du sacrement. Une préparation que bien d’autres pourraient vous envier. Tellement vous y étiez vrais, profonds, rigoureux et toujours ouverts à la grâce qui vous accompagnait et accompagne toujours. 


Ce désir de vouloir, de devoir accueillir le mieux possible les effets du sacrement, vous a conduit à choisir dans la foi, tout ce que Dieu vous permettra de vivre et tout ce qu’il vous donnera comme grâce pour le comprendre. Venant de votre cœur aimant, une confiante ouverture à l’égard de l’avenir se dessine sous vos pas. Car Dieu est là. C’est dire que votre sérénité sera d’autant plus facilement assurée que vous n’allez pas trop compter sur vous-mêmes seuls. Mais, bien au contraire, étant dans une attitude de l’écoute de la Parole de Dieu et ceci à volonté et sans modération, comme dans un buffet bien garni. Cette Parole qui s’est faite chair, c’est Jésus lui-même. C’est lui votre guide. Dans le passage de l’évangile selon st Jean  que vous avez choisi pour votre mariage, Jésus promet de prier pour vous, comme pour nous tous d’ailleurs. Mais aujourd'hui ces paroles s’adressent plus particulièrement à vous : 


« Père, je ne prie pas seulement  pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en toi »


Quel bon chemin de transmission pressenti, esquissé par Jésus. 


Si, vous Frédéric et Laure, vous êtes aujourd'hui là, devant cet autel, c’est fondamentalement grâce à ceux qui vous ont précédés dans la foi. Car c’est dans une foi ainsi accueillie et assumée que vous assumez aussi l’ouverture de votre vie commune par l’accueil des effets du sacrement.  


Baptisés, confirmés, pratiquant ensemble la prière commune, la messe, la charité et l’espérance, le partage de votre foi auprès des jeunes dans les cadres de l’aumônerie de la CCFHK, la participation au groupe des EDC, dont vous Frédéric, vous êtes à l’origine depuis sa création il y a 5 ans, comme première équipe internationale, hors des frontières de la France que d’ailleurs j’ai la joie d’accompagner.  


Ce flux de la foi se poursuivit au travers votre vie individuelle et à deux. Mais désormais, sous l’effet du sacrement de mariage, ce flux va se poursuivre d’une façon nouvelle. Vous qui êtes réceptacle et transmetteur, vous allez le vivre sur le chemin commun.  Par le sacrement de mariage, votre chemin commun devient le lieu de votre sanctification, l’un pour l’autre. 


Qu’est-ce qui va réellement changer à la sortie de cette église ? Vous êtes déjà mariés civilement, vous êtes une famille, magnifique Charles est là, entouré de votre amour et de celui de vos proches. Qu’est-ce qui va donc changer concrètement ? Je ne le sais pas ! Ce que je sais, ce que par le sacrement de mariage vous devenez l’un pour l’autre ce chemin de sanctification.  Vous  êtes  déjà exercé à cette sanctification mutuelle, mais c’étaient des travaux pratiques liés à l’apprentissage d’un nouveau métier celui d’époux sanctifiés par le sacrement de mariage. C’était nécessaire pour vous vous y réajuster mutuellement. Mais il y a mieux. 


Désormais vous allez vous réajuster ensemble à Dieu et à sa justice. Vous allez le faire en tant que couple engagé dans une aventure commune.  Vous allez être désormais trois : vous deux et le Christ. Lui qui veut faire corps avec vous, avec votre vie, corps et âme de votre vie.  Car ce Christ, qui jadis priait pour l’unité entre lui et tout disciple, saura vous soutenir par sa présence. Il saura vous soutenir dans la merveilleuse union avec lui et par cette union, il saura vous soutenir dans la merveilleuse union entre vous. Il saura vous soutenir dans cet amour divin qu’il vous aura donné à vous deux en tant que couple dans ce sacrement de mariage. 


C’est vous qui allez vous donner le sacrement du mariage. Lui, il va le sceller par un tel amour divin. C’est le sens du consentement mutuel : moi je te prends pour époux, épouse et je me donne à toi pour t’aimer fidèlement, dans cet amour divin que vous avez reçu du Christ.  


C’est une bonne raison d’émerveillement et d’action de grâce. D'émerveillement devant  tout ce que Dieu a déjà fait en vous.  Avec votre consentement, et parfois à votre insu. L’image de l’escalier en colimaçon peut faire comprendre ce travail de Dieu en vous. On y monte tout en ayant l’impression de faire du sur place. Il est bon pour nous que Dieu nous traite parfois de la sorte, à nos propres dépens. En le faisant, il ne se paie pas de nous. Il nous attire vers lui irrésistiblement.  L’action de grâce est donc à vos lèvres. Elle est pour tout ce qui a déjà été reçu, et au combien même plus, pour tout ce que l’avenir va faire dévoiler, lentement mais sûrement, devant vos yeux, avec un étonnement qui ne fanera jamais.  


En attendant, vous aurez à vous exercer dans cette vie commune, chemin de sanctification, avec humilité, douceur et patience. 


Humilité d’abord. Etre humble, c’est se reconnaître tel que l’on est et le permettre à l’autre. Tel que l’on est, mais selon qui ? Donc tel que Dieu nous voit. Il nous voit grand, à peine plus petit que lui-même, selon un psaume. Il nous voit grands, mais il nous sait aussi misérables. Faible et si peu à la hauteur de nos attentes et celle de l’autre, des autres. C’est dans une telle humilité face à la vérité de vous-même selon Dieu que vous aurez à vous exercer mutuellement. Et les autres, vos témoins-amis, votre entourage, seront une aide pour vous dans la mesure où ils vous aideront à grandir dans la vérité de votre vie, de votre union. Car ce que Dieu a uni…


Douceur, il n’y en a jamais de trop. A condition de ne pas confondre avec douceâtre et mielleux. Ce qui assurément ne vous guette pas. Douceur est une qualité de l’âme. Elle vient de Dieu lui-même qui accueille et pardonne toujours dans la vérité. Car ses jugements sont toujours vrais et droits. 


Patience enfin. Que seraient humilité et douceur sans patience. Ce seraient comme des bouts d’autoroute construits, bien sécurisés, mais jamais raccordés  entre eux pour offrir un passage sans encombre. La patience inscrit dans la durée. Elle fait appel à des ressources qui transcendent bien des impatiences. Car la vertu de la patience va bien plus loin que la volonté de prendre en mal la patience. La patience comme vertu, exprime le fond  de l’âme, où est déposée la patience de Dieu à notre égard. Cette patience-là nous fait comprendre que l’enjeu de notre vie est  bien au-delà de  nos quelques impatiences parfois provoquées par les circonstances contraignantes et  où la thyroïde mal réglée. Voilà ce que je voulais vous dire et, pour ne pas abuser de votre patience, je termine là.


Chers Laure et Frédéric, 


C’est au terme d’un long cheminement que vous vous trouvez devant cet autel pour y déposer vos vies. Vous le faites dans une joyeuse attente  de vivre des effets du sacrement de mariage. Dans ce mariage Dieu s’engage à vos côtés. Vivez dans l’action de grâce, en offrant votre union, et à l’intérieur de celle-ci, offrez vos vies à Dieu le Père par Jésus le Christ notre sauveur dans l’Esprit saint qui donne à vivre de la vie de Dieu. Amen.