2019/02/03 - Homélie - 4e dim. ord.

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« Nul n’est prophète dans son propre pays »


Jésus fait une expérience humaine de sa vie de prophète. Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas accueilli. Certes, il est admiré est même suivi par beaucoup de monde. Mais il réussit mieux ailleurs que chez lui. Mais il ne s’arrête pas à mi-chemin de sa mission. C’est la destinée de tout prophète. Le mot prophète parcourt les trois textes donnés à méditer. En recevant le baptême, nous avons reçu la triple dignité du Christ : celle de prêtre, de prophète et de roi. A ce titre, tout baptisé est un prophète. Le prophète c’est un croyant qui est envoyé en mission par Dieu pour parler en son nom. Deux questions vont guider notre méditation : Comment suis-je prophète et pour qui ? Comment accueillir un autre comme prophète ? 


Comment suis-je prophète et pour qui ? Si je regarde Jésus lui-même, je m’aperçois qu’il est prophète d’abord par son état de vie. Il est verbe fait chair, donc une Parole de Dieu incarnée  en lui. Pour parler au nom de Dieu, il faut d’abord incarner sa Parole.  L’enraciner dans notre vie veut dire la digérer spirituellement et la transmettre. Puis parler à temps et à contre temps, mais le faire dans l’amour. Cet amour suppose que le prophète, tout en étant clair dans son message, qui consiste parfois à secouer les consciences, doit cependant, finalement respecter la patience de Dieu à l’égard de ceux à qui il s’adresse. À cet égard, Saint Paul, partageant son expérience de prophète, constate « J’aurais beau être prophète... s'il me manque l’amour, je ne suis rien ». Cet amour, au sens de l’agape, suppose donc la communion. Le prophète est en communion avec Dieu, et à cause de Dieu, il est en communion avec ceux à qu’il s’adresse. Le prophète peut être mal accueilli et alors la communion fraternelle ne peut pas avoir lieu. C’est ce que Jésus expérimente, quand il entend de la part des gens de son pays : « médecin guérit-toi toi-même ». Ce qui veut dire : fais ce que nous désirons que tu fasses  pour nous et puis laisse-nous tranquilles. Il ne peut pas faire des miracles chez eux, parce qu’ils ne croient pas qu’il est le prophète venu de Dieu.  Dans cette situation il y a seulement une communion spirituelle, celle qui est désirée par le prophète. 


Le prophète peut mal prophétiser s’il est coupé de l’amour de Dieu. Il peut aussi être mal reçu, si ceux vers qui il est envoyé, ne sont pas ouverts à cet amour. À l’image de Jonas, il peut être déçu, voir déprimé, mais après avoir couvé son amertume « durant trois jours dans le ventre de la baleine », il continue sa mission. Le prophète ne s’adresse pas seulement aux siens. Jésus mal accueilli chez lui est allé ailleurs, car là aussi il devait aller. Le refus pas les uns n’est pas  le synonyme de l’arrêt de la mission de prophète. C’est même une chance pour la mission que d’aller aux extrémités de la terre. Auprès de qui sommes-nous prophètes ? Vous en tant que baptisés, vous l’êtes déjà en couple pour votre conjoint, pour vos enfants, pour vos familles, amis, dans la vie professionnelle et sociale, partout. Chaque fois avec des paroles et attitudes appropriées, mais toujours dans la communion d’amour avec eux. Tous les rejets que vous pouvez essuyer ne sont pas le synonyme d’échec, ils sont un stimulant pour mettre plus d’amour dans notre manière d’être prophète. 


Comment j’accueille un autre comme un prophète ? Le plus difficile c’est de ne pas voir en lui « un fils de Joseph », mais un envoyé de Dieu qui m’aide à grandir dans ma foi. Changer de regard est très exigeant, mais c’est le prix à payer pour être dans la vérité. C’est ainsi que circule pas seulement la communion spirituelle mais aussi fraternelle, celle qui permet de traduire la communion spirituelle en terme d’une communion concrète partagée.  AMEN