2019/04/20 - Homélie - Samedi Saint

attention open in a new window ImprimerE-mail

Dieu, dispensateur de la Vie


Elle est longue cette veillée, comme longs sont les souvenirs du passé du peuple d’Israël marqués par la présence de Dieu libérateur. Leurs souvenirs sont prolongés par les souvenirs des chrétiens. Au travers de la méditation sur ces passages de la Bible, nous y avons plongé le regard et tendu l’oreille. 

Tous les ans, nous célébrons la Pâque, ce mystérieux passage d’une situation à l’autre. C’est le passage de la situation d’esclave de la mort et des ténèbres à celle d’homme libre. 

Homme libre, car affranchi de la mort éternelle et heureux d’être dans la lumière d’une telle vérité. 

Cette nouvelle situation, c’est bien plus qu’une terre nouvelle, promise et héritée. C’est un état de vie plein d’espérance que rien ne pourra ternir, assombrir, voler ou faire étouffer. Rien si nous faisons confiance à un tel Dieu.  

Dieu est capable de transformer la mort en vie. Comme il est capable de transformer les cœurs de pierre en cœurs de chair. Comme dans le passé, aujourd'hui aussi, nous sommes invités à vivre cette transformation et à nous en émerveiller. 

 

Le Christ est ressuscité, louange et gloire à notre Dieu.


Tous les ans nous célébrons la Pâques, mais cette année 2019 cette fête prend une tournure bien particulière. Notre-Dame de Paris a brûlé et elle continue de brûler dans nos cœurs. Car dans nos yeux, dans notre mémoire, il y a plein d’images de Notre-Dame en feu. 

Comme celle de la flèche enflammée se fichant dans la terre. Comme celle de la toiture dont la charpente horizontale sous forme d’une croix fut transformée en une torche vivante. 

Au travers la voûte percée de la cathédrale, désormais à ciel ouvert, se laisse contempler l’intérieur. À beaucoup d’entre nous, croyants ou pas, il a fallu cet événement tragique pour comprendre que la cathédrale incarne notre âme commune. 

Il a fallu cet événement pour mieux comprendre de quelles aspirations nous sommes faits et de quelles profondeurs nous sommes nourries.

En effet, elle est chargée de spiritualité et d’histoire. Elle réunit la beauté et  la vérité humaine.  

Elle est aussi symbole de toute cette présence maternelle, dont on jouit, en profite, et on abuse parfois, sans se soucier de sa présence. 

Mais quand elle n’est plus là, quand cette présence maternelle nous est arrachée (la mort de notre mère), c’est trop tard pour dire ‘je t’aime’. 

C’est quelque chose de cela que nous vivons avec cet incendie où ne sont pas réunis que des souvenirs.  

Y est scellé aussi notre vie spirituelle et humaine dans laquelle nous nous reconnaissons comme effet de la civilisation occidentale qui a vu naître un tel édifice érigé en symbole. 

Cette vie spirituelle et humaine est reconnue dans le symbole de la cathédrale bien au-delà des frontières du pays ou de la religion catholique. 

Elle est reconnue dans l’humanité entière, car qui serait insensible au vrai et au beau qui transperce le coeur et ouvre à la transcendance finalement divine? 

 

Le Christ est ressuscité, louange et gloire à notre Dieu. 


Il est ressuscité,  de se brasier en feu et à présent, il nous indique comment le suivre. 

Dans la vie de foi de ses disciples, la présence maternelle de Notre-Dame, celle de Marie, est inséparable de sa présence à lui, le Fils et Messie. 

Prendra sans doute du temps la reconstruction de la cathédrale. 

Mais long sera aussi le chemin qui va mener à la transformation de ce brasier matériel et symbolique en lieu de présence d’une communion où chaque humain pourra dire à l’autre qu’il est son frère.

Long sera aussi le chemin qui conduira l’Eglise catholique à se laisser purifier par le feu de l’Esprit saint pour recevoir un bain nouveau, replongée dans la vie du Ressuscité. 

Long sera le chemin pour que les pierres que représentent chaque croyant, soient réellement des pierres vivantes qui suintent de l’onction de l’Esprit de Pentecôte et répondent  la bonne odeur de la sainteté de Dieu dans son Eglise appelée à être sainte.

Long sera aussi le chemin pour accueillir avec confiance  la vraie place de chaque frère et sœur dans le Christ, appelés à être actif dans l’Eglise et à partir de l’Eglise pour le monde. 

Long sera aussi le chemin qui nous conduira, chacun d’entre nous à l’accueil avec joie de la promesse de cette transformation de notre propre vie. 

 

Le Christ est ressuscité, louange et gloire à notre Dieu. 


En ce jour de Pâques soyons pleins de gratitude pour tous les biens déjà reçus. 

Et restons fidèles à ce bien commun qu’est notre foi, qu’est notre humanité, qu’est notre planète terre et l’univers entier. 

Notre-Dame, avec une tendresse bien particulière, celle d’une mère, nous invite à reprendre le flambeau de la foi. Comme nous l’avons fait ce soir durant cette veillée autour du feu. 

Et maintenant, pour que la foi agisse en nous de façon efficace, laissons nous d’abord replonger dans les eaux du baptême. 

Nous allons le faire au moyen du rappel de grandes étapes de la vie du Peuple de Dieu évoquées d’abord dans la litanies des saints puis dans la bénédiction de l’eau.

“Comme  un cerf altéré cherche de l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu” (ps41) 

L’eau et le feu, Dieu seul est capable de  les unir. Laissons nous unifier par de tels symboles.  

Ayons des cœurs brûlants d’amour et prêts à étancher la soif de Dieu en nous et par conséquent chez les autres. Amen