2019/05/05 - Homélie - “Il faut obéir plutôt à Dieu qu’aux hommes”

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Après la résurrection de Jésus, les disciples ont reçu l’Esprit de Jésus qui les a rendu forts dans leur vie de témoins missionnaires. Ils n’ont plus peur de se montrer dans leur foi. Ils sortent dans la ville de Jérusalem et annoncent l’incroyable nouvelle: le Christ est ressuscité. Ils en sont les témoins. Une nouvelle pareille, peut-on la taire? Sûrement pas! Pas plus que la faire taire, non plus! Rien ne les arrêtera sur leur chemin missionnaire de cette annonce. 


Souvent dans l’histoire du christianisme on s’est référé à cette déclaration de Pierre. Dans les moments de persécutions, y compris modernes combien de fois cette phrase “Non possumus” “nous ne pouvons pas...”, était-elle prononcée. Elle exprimait le courage de l’opinion soutenu par la conviction profonde d’être dans la vérité. Mais pas n’importe quelle vérité, celle de Dieu. Une telle référence mérite que l’on cherche à discerner sur les circonstances de l’usage de cette référence. 


En d’autres termes, il faut distinguer entre la volonté de Dieu et notre propre volonté. Et pourtant, faut-il se dé-saisir de sa propre volonté au profit de la sienne. Non, car Dieu fait confiance à nos choix. Il n’écrit pas notre vie sans notre consentement et nos choix en font partie. Il ne décide pas à notre place, il nous accompagne. Comment nous laissons-nous accompagner? 


Pour vivre dans une telle liberté (aime et fais ce que tu veux), il faut être suffisamment enracinés dans l’amour de Dieu révélé en Jésus. “Pierre, m’aimes-tu?, Tu sais tout, tu sais que je t’aime”. Pierre l’aura compris à la suite de cet étonnant dialogue que Jésus mène avec lui et sa question répétée par trois fois: “M’aimes-tu?” Il lui fallait prendre conscience qu’ obéir plutôt à Dieu qu’aux hommes, c’est réaliser ce que Dieu veut au travers sa propre volonté? mais parfois contre elle, dans certaines situations il nous faut nous de-saisir de notre volonté propre. Est-ce le privilège des vieux? Quand il était jeune, il allait où il voulait. Plutôt le privilège de maturité suffisante pour pouvoir le faire. 


“Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes”. Supposons que nous n’avons pas la maturité de Pierre, mais alors quand est-ce que nous-sommes persuadés d’agir en son nom? Et je ne parle pas des atrocités qui sont commises au nom de Dieu quel qu’il soit, hier comme aujourd'hui. 


Comment sommes nous capables de lui faire de la place : “Que ta volonté soit faite”  la prière du Notre Père constitue un défi constant. Comment être sûr que ce que nous décidons s’inscrit quelque part dans sa volonté?


Dans notre vie quotidienne, sociale, relationnelle, professionnelle nous suivons la volonté de qui? Dans nos décisions nous obéissons à qui? À Dieu ou aux hommes? Pour la plupart, il nous semble que nous suivons la volonté des hommes. Il faut aller à l’école pour apprendre des tas de choses, il faut travailler pour gagner des sous, Il faut avoir une vie sociale pour ne pas se sentir isolé... Qu’est-ce qu’il y a de Dieu dans tout cela?  


De fait, très souvent nous obéissons à la volonté plutôt sociale et culturelle, celle de notre milieu, de notre pays. Y compris quand nous pensons être dans une ouverture au monde à cause de la mixité culturelle dans laquelle nous nous trouvons. Car il peut y avoir des ouvertures horizontales, sans que cela entraîne l’ouverture verticale. Alors que, si l’ouverture verticale existe réellement, elle conduit nécessairement à l’ouverture horizontale.


Obéir à Dieu dans la parole et dans l’action, dans la vie, c’est obéir à sa volonté. C’est vrai aussi dans la vie de couple ou en famille : obéir aux parents, obéir au conjoint, est-ce synonyme d’obéir à Dieu? 


Dans la vie religieuse on apprenait aux novices que l’obéissance aux supérieurs était une obéissance à Dieu lui-même. Dans son principe c’est quelque part vrai, il y a toujours du lien à faire entre notre vie et l’obéissance à Dieu. Car, en apprenant à l’école, je réalise la volonté de Dieu qui veut que je devienne un jour autonome et capable d’assumer ma vie et celle de ceux que j’aime. De même pour l’obéissance dans les institutions religieuses, par une telle soumission, on exprime le désir de réaliser la volonté de Dieu. Mais tout cela demande à être bien vérifié. Dans quelle mesure  la volonté des autres, ou la mienne, est-elle l’expression de la volonté de Dieu? A quoi ai-je obéi, ou ai-je fais obéir les autres? 


Si souvent nous pouvons confondre l’obéissance à notre propre volonté avec la volonté de Dieu. Notre volonté peut si souvent masquer la volonté de Dieu. Mais depuis le baptême nous sommes voués à Dieu et sa volonté. Olympe, comme nous tous, grandira sous un tel signe, celui de la volonté de Dieu. A travers sa propre volonté, elle aura aussi comme nous tous à apprendre à obéir plutôt à Dieu qu’aux hommes. Elle aura à apprendre à discerner entre sa volonté et celle de Dieu pour elle. Y compris parfois, voire souvent, on peut le souhaiter, au travers sa propre volonté, l’expression de la volonté divine. Et elle aura avant tout à apprendre à aimer Dieu, comme Pierre le dit face à Jésus. Avec elle et pour elle, en reprenant les paroles du psaume “nous fêtons le Seigneur, nous ses fidèles et rendons grâce en rappelant son nom très saint”. Amen