2019/07/07 - Homélie - 14e dim. ord.

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La paix suppose le combat.


I° Mission de la paix. Les disciples reviennent tout joyeux. Même les esprits mauvais leur étaient obéissants. Ils se sentent au sommet de leur gloire. Sur la Croisette en montant les escaliers qui les mènent sur le trône de leur gloire. Pauvres d’eux! Leur gloire n’est pas celle de Dieu. Car celle de Dieu est :  “Réjouissez vous parce que vos noms sont inscrit dans les cieux”. Et même s’ils s’y croyaient déjà, ils n’y était pas du tout. 


C’est si facile de perdre pied quand on est englué dans les affaires de notre monde. Même lorsque l’on se croit aux affaires spirituelles. La réaction de disciples montrent qu’ils sont englués dans le monde avec leur manière de penser et de tirer la gloire pour eux et par eux pour Dieu. 


Nous les prêtres, consacrés à pleins temps aux affaires de Dieu, nous en savons quelque chose. Combien c’est difficile de garder le cap de la prière régulière et vraie dans notre vie personnelle. Combien c’est difficile de garder le cap de la communauté de foi et de sa communion entre les membre parce que chacun avec Dieu.  


Et je ne parle pas de situations où on voudrait gérer tout  cela - c’est à dire, la vie du prêtre et celle de la communauté - uniquement avec nos moyens purement humains. Dans ces situations, nos cerveaux et nos muscles semblent vouloir nous proclamer tout puissants.  Et cela nous  monte à la tête  et remplit notre cœur d’orgueil. “Quel orgueil chez vos ouailles”, me disent parfois les passants occasionnels. Je vous défends, enfin ceux qui en ont besoin, en leur répétant à mon  tour les paroles de Jésus : “réjouissez vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux”. 


Et je le répète à nous tous, pour nous rappeler le vrai objectif d’une communauté chrétienne. C’est celui de conduire à la vie éternelle. Comment faire? Par l’annonce du Royaume de Dieu qui est un royaume de paix. Mais la paix ne s’obtient pas sans combat. “Je regardais  Satan tomber du ciel comme l’éclair”. Dieu combattait pour défendre ses disciples et leur mission. Et il le fait aujourd'hui, que cela nous plaise ou pas, que  cela nous semble suffisant ou pas. Mais il ne peut pas tout cela sans notre participation, mieux notre conversion. Si Dieu combat le Satan, c’est pour nous encourager à le faire. Comme Jésus au désert avant son entrée dans la vie publique. 


Et dans ce combat, c’est Dieu qui mène la danse. Mais l’interrogation persiste. Si seulement il pouvait le faire plus souvent? Pourquoi tarde-il tant? Alors que des urgences d’agir, il y en a partout. Il nous apprend comment propager sa paix autour  de nous. C’est long et laborieux, voire parfois dangereux.  


La mission des 72 c’est la nôtre, celle de notre vie quotidienne. Depuis  notre baptême, nous en avons la certitude, car conscients d’être aimés de Dieu de façon agissante dans nos vies. Et depuis la confirmation,  nous avons à être des  disciples missionnaires. 


II° Quelle est l’équipement d’un disciple missionnaire?


1° Etre envoyé de façon explicite ou implicite, toujours au nom de Dieu, mais à partir de la vie communautaire, donc en Eglise. La mission, on la reçoit d’un Autre qui est plus grand que soi. Cet envoi se fait en Eglise. 


2° Etre en état de prière pour s’émerveiller devant Dieu d’une part et pour ne pas perdre pied, d’autre part. Et ainsi garder le cœur, et la vie dans son ensemble, unifiés par Dieu. 


3° Aller avec le message reçu: celui de porter la paix de Dieu. L’Évangile n’est ni de gauche ni de droite, il est de Dieu. C’est la force de la bonne nouvelle, celle d’être libre de pesanteurs politiques, de penchants liés aux orientations idéologiques. Un long combat, ici aussi. 


4° Savoir être libre y compris dans l’échec. Secouer la poussière des pieds. C’est un geste symbolique  pour signifier le détachement du ressentiment qui pourrait naître d’une situation, d’un échec, d’un non accueil, d’un refus d’accepter le royaume de Dieu et sa paix. Etre juste  un serviteur qui a fait son travail.


5° Revenir à la communauté (le sens de la messe hebdomadaire est là) pour rendre compte de tout cela et le déposer devant l’autel comme offrande d’action de grâce de nos vies ainsi engagées dans la mission à laquelle Dieu nous destine. 


6° Savoir que la Croix est notre seule fierté. St Paul en sait quelque chose. “Que personne ne vienne me tourmenter car je porte dans mon corps les marques des souffrance de Jésus”. Et cela donne une force que l’on ne peut accueillir que dans une posture d’humilité. 


7° savoir que “le Seigneur fera connaître  sa puissance à ses serviteurs.” (première lecture)


III° Le temps de vacances. Ce n’est pas un temps sans mission. C’est le temps de l’envoi en mission dans un contexte différent. Mais les enjeux sont toujours les mêmes. Conduire le plus grand nombre à la vie éternelle. Le faire en leur disant: “Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu, je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme”. Il n’a pas écarté de moi son amour et mon âme est en paix. AMEN