2019/09/22 - Homélie - 25e dim. ord.

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“Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent.” (Lc16,13)


Que se cache-t-il dans cette phrase? On la connaît si bien. Mammon c’est la richesse personnifiée, considéré comme puissance qui asservit le monde, un esclavage. Revisitons-la de près. 


D’abord dans son contexte. 


Ce qui la précède semble être tourné vers l’argent qui est confié à des gens pas toujours très honnêtes. Est-ce que Jésus parle en gestionnaire avisé des biens matériels? Oui, en partie, mais en partie seulement. Car l’argent lui sert d’image pour parler du sens spirituel. 


Ce qui l’intéresse ce n’est pas pas tant comment va la Bourse à Hong Kong, Londres, New York ou Paris. Ce qui l’intéresse c’est la relation au Père, à son Père, le Père  des cieux. Il est venu pour cela, il est venu pour parler de cette relation-là. Il a tout fait pour montrer le désir profond d’une telle relation de la part de son Père. 


Mis il se heurte à des oppositions parfois. On veut bien de son père, pourquoi pas, mais juste un peu, ce qui convient, comme cela semble possible, pas plus. Pourquoi cette réticence. parce que la confiance dans un tel Père n’est pas totale.  


Mais quand est-ce que l’on est totalement confiant ? Quand on n’a plus rien à perdre. Un petit fait d’il y a quelques jours. Je me suis trouvé à Cannosa hospital pour colique néphrétique. Ce n’est pas très agréable, mais pas vraiment mortel. 


La confiance à l’égard du corps médical vient spontanément. Il va y avoir une piqûre qui va soulager la douleur, puis les analyses vont montrer ce qui en est dans les détails. Sans cette confiance je n’y serais jamais allé, mais avais-je un autre choix ? En tout cas, cela m’a semblé le plus approprié. 


Jésus parle de la relation avec son Père. Notre vie a été confiée par Dieu pour que nous en fassions le lieu de croissance de sa vie divine au bénéfice de tous. Mais pour le faire, il nous faut être entiers dans cette affaire. Y étant juste à moitié, nous sommes soumis aux forces contraires: celles qui nous poussent vers Dieu, mais aussi celles qui nous en éloignent. 


Mais attention, il ne s’agit pas d’un choix purement déclaratif, la volonté d’engager tout son être doit s’y trouver. Et c’est le mystère de notre vie de foi. Dans le baptême, nous étions plongés dans cette confiance de la part de Dieu pour nous. Durant la vie sur terre, nous cherchons comment l’exprimer à notre tour. 


Parfois c’est long, laborieux, voire difficile à concevoir comme mode de relation, si toutefois relation y il y a à avoir. Et pour le croyant, cette confiance se construit tout au long de sa vie. Elle se construit au grès des vérifications faites à l’occasion des divers événements qui bousculent le quotidien. 


Qu’est-ce qu’il y a donc dans la phrase de Jésus ? 


1° Tout d’abord notre relation de confiance est référencée sur le service. C’est comme dans le couple, pas de service mutuel sans confiance mutuelle. Sinon, c’est purement et simplement de l’esclavage, parfois déguisé sous les apparences de se faire mutuellement du bien. Tu me fais cela, moi je te fais cela. 


2° Ce service concerne Dieu, comme début et fin de tout, maître de la vie et de l’univers. Mais servir Dieu dans la foi chrétienne c’est servir l’homme, tout homme. Pour les non chrétiens, mais du point de vue chrétien, servir l’homme c’est déjà inconsciemment servir Dieu.


3° Et si on sert autre chose que l’homme, c’est son contraire que l’on sert. Ce quoi le contraire, le satan, pas forcément, en tout cas pas directement, pas ouvertement. 


Ne pas servir Dieu (directement ou indirectement) c’est servir le moyen et non pas la finalité.  


Ne pas servir Dieu (et ou l’homme), c’est finalement détourner les moyens de leur objectif: servir ce qui nous est donné, alors que ce qui nous est donné c’est pour être à nôtre service. Ou plus exactement au service de l’objectif qu’est Dieu. 


L’objectif de la vie humaine est donc bien au-delà des moyens qui sont à notre disposition.  


                  Et c'est à nous d'en faire le bon usage.