2020/02/08 - Homélie - Vie et mort

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Cette homélie n’a pas été prononcée en direct lors de la messe habituelle de RHS samedi à 18h30. Dans  sa version orale  elle est seulement  prononcée virtuellement. 


Les lectures d'aujourd'hui nous font replonger dans des abîmes de méditation sur la vie et la mort. Comme souvent, mais cette fois-ci de façon bien particulière. Cette singularité tient aux circonstances. A Hong Kong, comme partout en Chine et à bien d’autres endroits dans le monde, l'épidémie en cours fait modifier  la vie sociale,  et ceci en profondeur. Pas de messe ni autre rassemblement public impliquant nombre important de participants. 


Le vent de panique et la fluctuation des sentiments générés par les informations considérées comme inquiétantes ou au contraire rassurantes sont désormais le pain quotidien de tous ceux qui se sentent concernés. Le spectre de la mort se profile à l’horizon de beaucoup, surtout à Wuhan et dans la région. A Hong Kong nombreux sont ceux qui ont vécu le Sras en 2002-3. La vie trépidante si caractéristique pour la ville est désormais transformée en état léthargique de survie. 


“La vie et la mort sont proposés aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix.” livre du Ben Sirac le Sage (15,15-20)  C’est de la vie spirituelle et donc jusque dans l’éternité qu’il y est question. Mais quand on est interpellé par la fragilité physique de notre vie sur terre, de quelque nature que ce soit, on est  amené à se poser la question de l’autre. Sur sa pertinence et sur sa valeur réelle.  Pertinence pour être sûr qu’elle existe et qu’elle peut me concerner, et valeur pour savoir de quoi elle est vraiment faite. 


C’est la Sagesse divine qui nous permet d’avancer dans une telle enquête. La suite du texte est rassurante mais peut laisser perplexe. “Il n’a commandé à personne d’être impie”. Ce qui suggère que Dieu lui même a déjà choisi ce qu’il y a de bon pour nous. Par amour infini, Il nous laisse cependant le libre choix. Et cela nous plonge dans une perplexité pour savoir comment y arriver. Comment aller dans la bonne direction? Car nous sommes si souvent contrariés par le contraire.  Si souvent nous ne sommes pas orientés vers la vie en Dieu. Alors comment faire?


C’est l’Évangile qui nous donne la clef pour comprendre pourquoi et comment y aller, aller dans cette bonne direction. 


Jésus dans son discours inaugural trace l'itinéraire de croyant qui a choisi la vie en Dieu. Pour se faire Jésus procède au relèvement de la compréhension de la Loi. Il vous a été dit que... moi, je vous dis. Ce n’est pas une opposition, c’est une clarification.  Mais pas une simple clarification, c’est un perfectionnement.


L’application de la Loi de Moïse, représentée schématiquement par les dix commandements, n’a jamais était une simple affaire. Des gauchissements pouvaient intervenir par-ci, par-là. Les exemples que Jésus donne représentent en grands lignes la totalité du spectre du comportement humain. 


Dans tout ceci, il est question de la justice. Mais celle de Dieu qui doit dépasser la justice des scribes et des pharisiens. Ces derniers sont des interprètes, et ils le font de leur mieux, mais ils sont soumis aux pressions intérieures ou extérieures qui les déportent de la ligne droit de l’interprétation. Pourtant il s’agit de la question de vie et de mort, d’entrer ou pas dans le Royaume des cieux


Nous aussi, nous pouvons être tentés par des arrangements similaires. Le dernier rebondissements sur le synode sur l'Amazonie et la question du célibat des prêtres en est un bon exemple. Il a fallu l'intervention du pape lui-même pour corriger des interprétations erronées qui procédaient d’une volonté médiatique. Or, nous avons à suivre la ligne de l'évangile, pas la nôtre.  Car l’Esprit Saint qui nous inspire n’est pas soumis à notre volonté, mais nous inspire la volonté de Dieu. 


Ce même Esprit saint nous soutient pour faire les bons choix dans des situations exigeantes. Il nous donne aussi à les discerner à la lumière de la Loi que  Dieu donne, rien n’est changé ni par rapport à avant Jésus, mais perfectionné depuis. Nos arrangements sont tentants, il nous reste à les vérifier à la lumière de l’Évangile pour savoir si l’ouverture que nous y entrevoyons est digne de l’Évangile ou pas. 


“Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”. Nous pouvons nous y soumettre, même si cela semble souvent lourd à porter. Mais nous savons qu’il a déjà choisi pour nous la vie. Dans notre choix nous ratifions la sienne. Car nous savons qu’il l’a offerte en la présentant à notre conscience et notre liberté. 


Amen