2020/03/15 - Homélie - 3e dim. de Carême

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L'eau vive

Les lectures d’aujourd’hui concentrent notre attention sur  ce qui maintient notre vie en vie. Facile à deviner, l’eau est vitale pour le corps et par analogie pour l'esprit. D'où la nécessité d’une bonne  écologie du corps et d’une bonne écologie spirituelle. Dans la Bible les deux sont inséparables. Et dans notre vie c’est comment?

Qu'est-ce une bonne écologie? C’est un écosystème qui nous permet de bien vivre et qui pour se faire nous rend dépendants de l’environnement. Notre corps ne peut pas survivre longtemps sans respirer, sans boire, ni manger,  la vie dépend de cet échange. Et pour notre vie spirituelle c’est comment? 

Sommes nous comme ces Hébreux qui récriminaient contre Moïse, en éprouvant ainsi ses nerfs mais aussi sa confiance en Dieu, car la leur n’y était plus. Massa et Meriba, les lieux de récrimination et de querelle d’autrefois expriment cette épreuve dans lequel Dieu nous soumet pour non pas nous faire périr, mais pour nous permettre de vivre mieux car ouverts et confiants en lui.

Sommes-nous, peut-être, comme cette samaritaine qui garde une mémoire des promesses que Dieu a données à ses ancêtres, promesse d’une vie avec lui car pour l'honorer. Certes il y avait  plein  de  choses à purifier dans sa vie et dans sa manière de croire, mais elle l’accepte au contact avec Jésus qui la rejoint là où elle en est dans sa vie de samaritaine.

Sommes-nous nous capables de reconnaître comme elle ce messie qui peut donner à boire pour étancher la soif, la soif de la vie.  Pas seulement pour cette vie terrestre, mais à partir d'ici bas pour une autre vie, infiniment plus belle car pleinement vouée à l’Amour sans faille.

Nous avons toutes les raisons de récriminer lorsque nous nous sentons faibles, sans défense, sans porte de sortie de situations.  Pensons à tous ceux qui ploient sous de tels fardeaux. Comme maintenant tous ceux qui sont sous le joug de ce virus et qui luttent aidés d’une manière plus ou moins efficace pour leur survie. Toutes les précautions d’usages s’imposent, car notre vie à une valeur inestimable pour Dieu et donc pour nous, ne la gâchons pas, ni par la peur ou la panique que l'épidémie génère, pas plus que par un comportement désinvolte qui frôle le dilettantisme irresponsable.

Or, souvent, nous sommes exposés à gérer tant de nouvelles situations: familles disloquées, l’école ou le travail compliqué, la vie sociale défaite. Tant de projets sont contrariés à cause de restrictions de mouvements et de contacts.  N’est-ce pas une excellente occasion de nous poser des questions sur notre mode de vie, sur les priorités, sur le sens que nous donnons  à tout ce qui fait partie de notre existence?

La samaritaine au contact avec le Messie, s’est laissée purifier par  ce Jésus dans lequel elle reconnaît la source d’eau vive. Cette purification elle se réalisera de façon définitive dans le don de la vie de ce Jésus au moyen de son sang.  Laissons nous couvrir d’une telle espérance que saint Paul nous rappelle dans la seconde lecture. 

Nous sommes déjà cet homme nouveau justifié par Dieu au moyen de la grâce de la foi que nous accueillons. Nous sommes déjà cet homme réconcilié par Dieu et donc en paix “puisque l’amour de Dieu a été répondu dans nos coeurs par l’Esprit saint qui nous a été donné”. Nous sommes déjà sauvés par cette offrande de la vie sur la Croix.

Dans cette période éprouvante nous sommes interpellés dans notre foi en Dieu qui peut donner de l’eau vive. Dans cette période éprouvante nous sommes éprouvés dans notre espérance. L'espoir fait vivre, et nous en savons quelque chose lorsque la vie est en danger d’une manière ou d’une autre.

Mais pour nous les chrétiens, cet espoir de vivre est à associer à l’espérance au point que si le premier est remis en cause et diminue, le second est appelée à grandir. Comme me disait  il y a quelqus jours quelqu’un: “moi, qui avant ne priais pas, je suis au point de trouver que maintenant il y a deux choses à faire:  respecter les consignes pour protéger la vie et se remettre à Dieu dans la prière qui est au dessus de tout”. 

C’est cette espérance ainsi exprimée qui nous permet de désirer les choses que nous ne voyons pas, que nous ne comprenons même pas, voire nous contrarient. Et qui pourtant se présentent comme source de la Vie, comme vie elle même. La samaritaine a bien compris cela, les disciples n’en étaient pas encore là.  Chacun avance à son rythme, mais jamais isolé ou volontairement séparé les uns les autres.

La communion spirituelle prend alors tout son sens pour suppléer la possibilité d’une communion eucharistique et entre les fidèles une convivialité spirituelle traduite concrètement par le fait d’être ensemble. Mais ce, comme c’était durant la semaine, maintenant  en attendant que cette communion devienne aussi effective le plutôt possible.

Comme la samaritaine a concrètement rencontré Jésus, nous avons à le rencontrer dans nos frères rassemblés et dans nos frères secourus. Les deux conjointement, car dans ce lien intrinsèque se tricote une tresse de notre vie qui nous relie à Dieu et à sa gloire que nous honorons par de telles actions. AMEN