2009/04/05 - Homélie - Rameaux

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La lecture de la passion du Christ nous fait plonger dans une ambiance tout à fait différente que celle des foules qui acclament le Christ entrant dans Jérusalem. Là, il est face à une situation hostile, éprouvante au plus haut point.  Le combat ultime a lieu au jardin des oliviers. C'est là qu'il adresse ces paroles à ses disciples qui sont encore avec lui. "  Tous, vous allez succomber, car il est écrit : " je frapperais le berger et les brebis seront dispersées " Mais après la résurrection je vous précéderais en Galilée.'
" En Galilée ", nous n'en sommes pas encore là. Aujourd'hui nous sommes dans la passion du Christ et dans la nôtre. Comment accueillons-nous ces paroles de Jésus ? Nous le savons, les événements difficiles sont toujours éprouvants et  font remettre en cause bien de certitudes acquises par habitude ou suite aux événements qui ont fait se forger en nous des convictions. Jésus ne se fait pas d'illusion sur la solidité de fidélité de ses proches.
Comment nous positionnons-nous en situations de crises, semblables à celle-ci ? J'en énumère deux : la crise financière et l'agitation autour des paroles du pape, lors de son voyage en Afrique, et de certains évêques (Brésil). Je ne développe que la seconde, pour ce qui est de la première nous aurons bien (hélas) d'occasions d'en parler dans la paroisse d'ici peu de temps. Voir aussi sur le site du diocèse le message de notre évêque à l'occasion des fêtes de Pâques qui y est entièrement consacré. 

 

D'abord il est important de bien identifier les paroles qui expriment l'autorité dite universelle du pape : les chrétiens sont depuis toujours pour la défense de la vie humaine dans toutes les situations. Cette défense ne peut se faire que dans l'esprit de discernement que seul l'accompagnement permet. Ainsi nous sommes invités à faire preuve de l'intelligence de notre foi.  Comment ? Déjà par le fait de distinguer entre une parole qui exprime le principe et la parole qui dit proximité avec une situation singulière. Nombreux sont ceux qui auraient souhaité que les deux soient dites par la même personne. Ce à quoi nous sommes habitués par les médias lorsqu'un événement dramatique est relaté, les premières paroles sont destinées aux victimes et leurs proches. Ce ne fut pas le cas dans la déclaration de l'évêque du Recife. Or, si l'on regarde de prêt les interventions du pape, ceci est toujours présent ! Mais alors pourquoi n'est pris en compte dans les commentaires que ce qui est de l'ordre de principe ? Probablement pour deux raisons. Dans ces prises de paroles, il est tout à fait naturel de chercher ce qui caractérise le mieux leur auteur. Mais en omettant tout le reste, on finit par faire de leur auteur une caricature, voire un monstre qui ne se soucie absolument pas des situations concrètes et de leur impact sur la vie concrète affective des personnes concernées et de leur détresse. La deuxième raison ne réside-t-elle pas dans la volonté de supprimer le principe universel transcendantal (et l'autorité qui le rappelle, à la même occasion) pour laisser place à l'acceptation d'un autre principe, celui qui consisterait à laisser chacun se débrouiller dans son coin? Si telle est la situation, dans bien des cas de par le monde heureusement, beaucoup est fait pour  accompagner les situations de détresse. Les initiatives sont nombreuses, elles proviennent et de la société civile et des diverses communautés religieuses. Dans les deux cas c'est pour exprimer une présence agissante en vue de secourir les faibles et ceci pour des motifs humanistes liés au respect de la vie.

 

A l'époque actuelle peut-être plus que jamais, c'est l'intelligence de la foi des croyants qui est  de façon pressente sollicitée en vue d'une conscience éclairée, tabernacle de l'Esprit comme se plaisait à dire Jean-Paul II. Nous avons donc à être attentifs à la façon dont le monde bouge et nous laisser interpeller par les évolutions sur bien de plans (éthique, social, économique),   sans nous laisser obscurcir l'horizon de la foi chrétienne. Savoir distinguer entre ce qui est de l'ordre de principe et ce qui est de l'ordre d'accompagnement qui favorise le discernement, ne pas défendre indéfendable (des bugs de communication ou des prises de paroles non-évangélique) ; c'est la tâche de tout chrétien et actuellement les catholiques en sont sollicité de façon particulière.