2012/03/12 - Homélie - Funérailles de Christian

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Les lectures de Sagesse (2,23 ; 3, 1-6.9) du psaume 22 et l’Evangile de Jean (11, 32-45) sont comme trois points d’appuis pour notre réflexion, notre méditation sur la vie. La première chose que nous constatons,  c’est ce que nous sommes. Etre en tant qu’être humain ce n’est pas comme un objet qui se trouve ici  ou là. C’est convoquer toute  la potentialité de ce que nous pouvons être en plénitude. Chacun se retrouvera. Pour nous les chrétiens cette potentialité se trouve dans le fait que nous sommes créés, et qui  plus est, à la ressemblance de Dieu et donc pour la vie dans l’amour. 

Christian,  son absence si douloureusement ressentie par nous tous et en particuliers par ses plus proches qui sont dans un deuil profond, nous  met devant tout ce que nous aurions voulu lui dire, échanger pour compléter à ce qui nous semble manquer pour avoir le sentiment d’une vie accomplie.

Mais aujourd’hui où est la vie ? Celle de Christian, siphonnée en quelques mois, vidée de son récipient  qui la contenait, dans lequel elle s’est logée, blottie, configurée. Elle n’est plus dans ce corps qui est là. Osons l’affirmer, elle est dans l’amour, le nôtre et celui de Dieu.
Certes, parfois l’espérance de l’immortalité  retient  le désespoir, mais parfois aussi recueille l’espoir et lui donne corps vivant de tant d’accomplissements à venir.

Le livre de la Sagesse, le psaume et Marthe, la soeur de Lazare dans l’évangile, montre comment pour une telle espérance la confiance dans le Seigneur  peut  en constituer l’agent actif et efficace, surtout lorsque la confiance en la vie est fortement ébranlée.

Dans l’Evangile  Jésus se présente comme une sorte de ‘pompier d’éternité’.

Il agit en faveur de la vie à partir de  ce qu’il trouve  autour de lui, sur terre. Grande est son émotion, il pleure comme rarement, toute son humanité ressort et à travers les pleurs de ce Jésus pleinement homme et Dieu en même temps, on assiste à une sorte d’anoblissement de la condition sensible, des humains qui pas tant noient leur chagrin dans les larmes, mais à  travers elles, expriment et la lourdeur de la vie et le désir de la combler par des relations affectives durables.

Confiante est aussi son attitude à l’égard de son Père. ‘Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé’. I le remercie  d’avoir réalisé ce qu’il désirait pour Lazare. Oui, vous qui êtes  dans ce service en tant que pompiers, la vie vous est tellement importante que vous êtes dans une attitude de gratitude pour la vie, déjà la votre et celle que vous êtes en train de secourir.

Etonnant est aussi le dialogue  avec Marthe, la soeur de Lazare : ‘Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu’.  Qu’est-ce que ces paroles de Jésus peuvent nous dire  aujourd’hui ? A nous cette foule qui est là au tombeau du Lazare d’aujourd’hui. Peut-il dire comme à Lazare, ‘Christian, reçois la vie’ et nous pourrons alors nous  entendre dire : Délions Christian de ce qui nous  empêche  de le reconnaître vivant et dans le bonheur et laissons-le aller là où il doit être, auprès de Dieu. Et nous, nous aurons à réapprendre à vivre dans la foi en la vie plus forte que la mort.