2011/12/03 - Homélie - 2ème dimanche de l'Avent

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Tout le long de ce temps qui précède Noël, les lectures nous invitent à méditer sur une attitude bien connue de la Bible, c’est de veiller !

 

Veiller à quoi, comment et à cause de quoi aussi ? C’est d’ailleurs par cette dernière question qu’il faut commencer, au risque de ne pas revenir en détails sur les deux précédentes en comptant sur le fait que, grâce à ce développement, elles vont finir par s’éclairer d’elles-mêmes.

 

A cause de quoi sommes-nous invités à veiller ?

 

A cause de la foi ! La réponse semble tout facilement trouvée. Mais encore... A cause de la foi ou plutôt à cause de ce que la foi nous fait découvrir ! Qu’est-ce qu’elle nous fait découvrir ? Elle nous fait découvrir Dieu et son message. Ou plus exactement, nous apprenons quelque chose sur lui, Dieu, au travers le message qu’il nous délivre.

 

Pour poursuivre cette méditation, je prends d’abord appui sur une expression de la deuxième lecture. Le texte, dont nous venons d’entendre les extraits, provient probablement du milieu du second siècle, d’un auteur inconnu, mais attribué par la tradition à l’apôtre Pierre (prête-nom).

 

Car, ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. (3,13)

 

 Dimanche dernier j’ai parlé du lien entre le salut (rédemption) et la justice.

 

Cette citation-ci nous renvoie aussi à ce lien.

 

Mais avec des mots encore différents pour décrire le salut. Le salut c’est la réalisation de la promesse visible dans un ciel nouveau et une terre nouvelle.

 

Le dernier vendredi soir en Lectio divina, nous nous sommes posé cette question : où donc est le ciel ? Le ciel est là où est Dieu lui-même ! Mais Dieu, où est-il dans nos vies ? Certes par la foi nous lui préparons sa demeure dans nos cœurs et cela passe par nos corps, bien entendu ! S’il est donc dans nos cœurs, avec lui y est aussi le ciel, car le ciel c’est la demeure de Dieu. Plus nous favoriserons sa présence en nous même et autour de nous, plus il va y avoir du ciel sur terre.

 

Si c’est ainsi, il est donc plus facile d’envisager le ciel nouveau et la terre nouvelle. Comment ?

 

La terre, au sens de la création de l’univers, est donc renouvelée au fur et à mesure que nos vies se conforment à la promesse de Dieu. Plus, il y a du ciel sur terre (y compris dans le sens très terrestre pas forcement relié par la foi, comme les actions des restos du cœur, téléthon, Sidaction et bien d’autres) , plus la promesse se réalise.

 

Nous voyons bien, que cette promesse de Dieu, dont lui seul se porte le garant, et à la réalisation de laquelle nous contribuons de notre mieux, cette promesse est loin de s’évanouir dans l’accomplissement plénier de ses réalisations sur terre. L’essentiel semble être bien loin, réservé à la fin du temps, à la fin de toute l’histoire humaine, et ceci à la faveur d’un retour glorieux du fils de Dieu, le messie.

 

En attendant, nous sommes invités à veiller !

 

Comment ? En apprenons sur lui Dieu, pour voir qui il est et éventuellement, comment il veille sur nous. La première lecture et l’Evangile nous livrent un ‘gros morceau’ à ce sujet.

‘A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route’ Is 40 et Mc 1)

 

Cette invitation est faite à cause d’un voyage, d’un déplacement, d’une visitation que le Seigneur Dieu annonce par la bouche du prophète et que Jean baptiste dans l’évangile de Marc reprend au sujet de Jésus.

 

Arrêtons-nous quelques instants sur l’ensemble de ce texte d’Isaïe. A partir de ce 40ème chapitre, nous sommes dans ce que l’on appelle le second Isaïe.

 

Comme pour la lettre de Pierre, ce n’est ni Isaïe (VIIIs) ni son secrétaire qui en sont l’auteur. Le livre d’Isaïe est composé de trois parties. Cette deuxième, tout comme la troisième, (les dix derniers chapitres) sont des textes écrits bien plus tard (VIs).

 

Celui-ci date de l’époque de l’exil en Babylone et donc, dans une période de grands troubles qui provoquèrent de profonds traumatismes. L’auteur vivait probablement avec les exilés et accomplissait le ministère de consolation :

 

Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, (Is40, 1)

 

Dans ce texte, Dieu parle à son peuple qui est désespéré. Il lui parle comme on parle à un proche, un ami qui est en danger, sans se lasser, sans lâcher le contact, sans abandonner (imaginons la scène entre soldats au front) ; sans abandonner l’espoir de faire jaillir la vie d’une étincelle qui luit quelque part dans un corps en danger de mort imminent.

 

Dieu leur parle, Il les encourage, Il ne se contente pas de ‘belles promesses’, Il agit en montrant l’étincelle de l’espoir du salut.

 

C’est dans ce contexte, que l’annonce de son passage est faite.

 

Et depuis Jésus, nous ne sommes pas seulement dans l’attente d’un tel passage mais dans la continuité de sa présence. En effet, ce Jésus, révélé par Jean le baptiste, est agissant dans nos vies de croyants. Comment ? Grâce à son esprit qui nous permet de désirer et de réaliser la présence du ciel sur terre.

 

Et donc la connaissance immédiate d’un tel constat est la nécessité de confesser ses péchés.

 

Pour être en toute vérité, tout simplement. Comme les foules qui venaient se faire baptiser par le baptiseur.

 

Comme.., mais en fait bien plus que cela. Car nous ne sommes pas seulement lavés, nous sommes surtout transformés. Certes, débarrassés des souillures, comme nous rappelait la première lecture du dimanche dernier.

 

Débarrassés, en toute vérité, mais en profondeur, par une libération qui est celle qui, en Jésus, ouvre le chemin du Royaume des cieux. En lui, nous sommes désormais entièrement tournés vers l’avenir, et ceci avec joie. Bien entendu ! Il y a encore bien des peurs qui habitent nos cœurs. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans le fait que, désormais, nous connaissons et reconnaissons la source de notre vie et de notre joie.

 

 ‘Lui, il vous baptisera dans l’Esprit’

 

Avec un tel bagage pour viatique de notre vie sur terre, rien ne peut arrêter la marche en Eglise vers celui qui ‘comme un berger conduit son troupeau, son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.’ Is 40,11)

 

C’est bon à savoir, et faire savoir. A chacun de trouver les mots et donc le chemin qui y mène.