2012/09/16 - Homélie - Lectures : Is 50, 5- 9a ; Ps 114 ‘J’aime le Seigneur’ ; Jc2,14-18 ; Mc8,27-35.

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‘Vous dites que vous être croyant, mais moi, je m’occupe des pauvres, des malheureux.... je fais ce que Vous proclamez quand vous dites qu’il faut aimer son prochain. Ce que vous proclamez, moi, je le fais’.  Qui n’a pas entendu cela, pas seulement en France.


St Jacques dans la seconde lecture nous dit pratiquement  la même chose : ‘tu prétends avoir la foi, moi, je la mets en pratique’. Dans la première lecture tirée du livre d’Isaïe et dans l’Evangile il y a presque la même idée, car si st jaques parle des effets de la foi, les deux autres textes (dévoilent) mettent la lumière sur le fondement de la foi chrétienne.   Les lectures d’aujourd’hui attirent notre attention sur ce que veut dire avoir la foi. C’est une claire invitation à nous reposer la question  à notre tour.  


La deuxième lecture, nous fait prendre conscience de ce qu’est notre foi chrétienne, dans ses effets, la foi chrétienne sous son aspect le plus concret, pratique, agissant.
Le premier jour, le jour de mon arrivée à Hong Kong,  j’ai été accueilli par un certain nombre d’entre vous, et ce qui m’a frappé c’est la manière dont j’ai été accueilli : c’est la foi chrétienne qui s’exprimait au travers un tel accueil. Pas seulement la gentillesse, les sourires, la bienveillance et tout ce  dont nous sommes capables quand nous sommes dans de bonnes dispositions pour le faire. Là, j’avais l’impression que  je n’étais pas  seulement accueilli avec tout cela, mais lorsque nous nous sommes trouvés à la chapelle pour la messe, mon impression  s’était confirmée, la foi y  apparaissant comme une joyeuse lumière.
Oui, la première qualité de la foi c’est la joie, joie profonde, sereine, quasi atemporelle comme si elle venait d’un ailleurs dont seulement le croyant a le secret pour identifier la Source.     


Mais c’est dans l’Evangile et dans la première lecture que nous avons affaire  à ce qu’est la foi chrétienne dans son fondement, à savoir le Christ lui-même. Notre foi chrétienne est fondée sur la confiance que nous faisons à ce Christ. Pierre, au nom de tous les autres disciples, Le reconnaît comme Messie. Là il faut décoder le mot, sinon l’image restera floue, comme à la télé autrefois sur Canal +.


Messie, oint, marqué d’huile (comme au moment de baptême, de confirmation ou encore d’ordination) pour signifier que l’on est investi d’une mission. Appliqué à Jésus, cela veut dire que sa mission, il la tient de Dieu lui-même et il la reçoit sans défaillir, car Jésus est venu de Dieu et donc reconnu comme Dieu lui-même.
Mais avec quelle mission est-il venu ? Mission qui consistait à ouvrir, il faudrait dire, défoncer le mur qui séparait les hommes de Dieu. Qu-est-ce que cela ? Faut-il croire une chose pareille pour dire que l’on est chrétien? D’autant plus que pour le faire, nous connaissons la suite de l’histoire de ce Jésus : pour la réussir, cette ouverture, ça s’était fait de façon peu agréable pour Lui.
Dans l‘Evangile, Jésus le dit à son propre sujet : ‘Il faut que le fils de l’homme (ce qui veut dire l’homme choisi par Dieu, parce que venant de Dieu lui-même) souffre beaucoup’ etc. Tellement c’était difficile à comprendre la souffrance, qu’il leur interdît de le répéter. Evidemment tant qu’il n’ait pas pu prouver  par lui-même qu’il était capable de passer par là, par amour et dans la fidélité à sa mission, cela n’était pas utile de le raconter, qui l’aurait cru?


Pierre, en bon ami réagit sans tarder, mais il se fait reprendre très vigoureusement. Qualifié de Satan, pas moins que cela, je n’ose pas imaginer ce qu’il ait pu ressentir en l’entendant. Satan ou diable, ce celui qui divise, celui qui écarte de la vie avec Dieu, c’est celui qui s’y oppose. Pauvre Pierre, lui qui a fait ça de bon coeur. Mais Jésus ne s’ arrête pas là, il lance une sorte de bouquet final : ‘Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suivre.’


La réponse à la question au sujet de la foi est là. Avoir la foi c’est :
1° renoncer à soi-même : qui a envi de le faire, en principe personne. D’ailleurs pourquoi faire ?  A moins que ce soit pour quelque chose de meilleur ! Mais où dans la foi chrétienne se trouve un tel meilleur ? Tant que l’on n’a pas pré-senti, au moins une fois quelque part dans la vie, peut-on vraiment en être convaincu. Et même quand on l’est, qu’est-ce que c’est difficile de renoncer à soi-même, à son bon vouloir à la maîtrise de sa vie.... Et pourtant, nous en faisons constamment l’expérience dans la vie de tous les jours, en famille, en couple, au travail, dans le choix de vocation spécifique comme la mienne, ou encore en communauté comme la nôtre. Renoncer à soi-même, non pas par intérêt plus ou moins égoïste mais par amour.
2° prendre sa croix : assumer sa vie, ses choix. Exemple d’apprentissage scolaire : apprendre à lire et à écrire, ce n’est pas évident ni facile pour tous les enfants, et si l’on découvre un problème de dyslexie, on ne va pas s’arrêter là, on va chercher  à dépasser la difficulté et au bout, on fera ce que l’on pourra, certaines difficultés sont faciles à enlever d’autres moins, et alors, de toutes les façons on fait ce que l’on peut avec ce que l’on est et ce que l’on  a  et on fait avec  dans le reste de la vie.
3°Le suivre : être derrière lui, pourquoi derrière, car il connaît le chemin, il guide et protège. Et si d’aventure il nous arrive de perdre sa trace, tôt ou tard il nous rejoindra, comme il a fait avec les deux disciples d’Emmaüs.
Pour résumer :
La foi chrétienne c’est quoi ? Faire confiance à Jésus, Christ, le messie.
Est-ce facile ? Ca dépend, mais pour certains pas vraiment.
Est-ce triste ? Certainement pas ou alors l’on n’a  rien compris à l’Evangile, càd Bonne Nouvelle.
Ca sert à quoi de croire de la sorte, comme Jésus nous le demande ? Ca sert à ouvrir les yeux sur le bonheur déposé par le Dieu créateur qui dort au fond de notre âme, de notre coeur. Croire c’est avoir les yeux de la foi ouverts, ne  les fermer sous  aucun prétexte, même quand ça fait mal.       
           

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‘Tu prétends avoir la foi, moi je la mets en pratique’ de l’épître de st Jacques prend ici tout son sens. Avoir la foi c’est faire confiance, donc croire en la vie, jusqu’au bout.