2013/01/20 - Homélie - NOCES DE CANA

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I. Préparatifs  de fête.


En quatre semaines, nous sommes passés de la naissance du petit(!) Jésus à sa première action d’adulte. Certes,  entre temps, il a grandi en âge, en grâce et en sagesse.


Il est allé au Temple pour discuter d’égal à égal avec les spécialistes des choses de Dieu ; lui, qui venait de là-bas, ne pouvait qu’y être à son aise.


Puis, il se plonge dans les eaux du Jourdain pour recevoir de la part de Jean-le Baptiseur le signe de l’humanité pécheresse qui, à coup de purifications sans cesse renouvelées,  cherche à se rendre, tant soit peu,  digne d’être en présence de Dieu, trois fois Saint.


Jean nous présente Jésus agissant le troisième jour, après avoir rencontré Jean baptiste et ses disciples, après avoir constitué le groupe de ses propres disciples, mais toujours en présence de sa famille, Marie, sa mère en tête, tout un programme !
 

II. Les noces arrivent.


Enfin, il est prêt à aller au charbon de sa mission. Prêt, c’est un peu vite dit, mais prêt tout de même, car capable de se lancer  dans les grands jeux de sa destinée.

 

Certes,  le coup de pouce donné par sa mère fut indispensable, mais il y va et comment ! Il change les  repères. Ce qui était considéré comme manque  impossible à dépasser, il le fait.   


L’eau des ablutions disponibles dans les jarres habituellement  disposées à cet effet va désormais  servir de support pour constituer le vin de la fête.


On n’est plus dans la logique de la  purification quelconque, on est dans la logique de l’allégresse qui inonde le coeur et le corps.


Une réalité qui les inonde d’un sentiment nouveau, celui de la   plénitude,  de l’accomplissement. En somme, l’accomplissement  tout ce qui se cherchait  secrètement  à  se faire reconnaître au plus intime d’un désir  présent si humainement et si spirituellement à la fois.


III. Dieu s’y révèle.


Vin de la fête, vin d’allégresse, à l’occasion d’un mariage, c’est dire que Dieu lui-même se mêle dans les affaires des hommes et comment !


Dans ce geste de Jésus, Dieu lui-même laisse sa signature. Il signe un acte d’épousailles avec l’humanité qu’il veut, par sa présence, ainsi renouveler.


Isaïe  n’est pas avare   de mots pour dire le mode de relation entre le peuple d’Israël et Dieu. Les temps sont durs, le peuple est malmené, la consolation arrive.
Le consolateur parle comme un époux parlerait à son épouse pour la soutenir dans les moments difficiles, délicats. Celle qui fut ‘délaissée’  est désormais est sa ‘préférée’, donc son ‘épouse’.


Si c’est vrai pour Israël, c’est aussi vrai pour tout autre peuple, et nous les chrétiens, nous  portons les traces de cette signature accomplie par Dieu lui-même à travers le geste de Jésus. Comment ne pas être dans la joie de savoir porter un tel signe d’espérance, d’être marqué d’un destin pareil à celui du bonheur éternel !


IV. Et nous ?


Voir ce que Jésus a fait, c’est se dire qu’il le peut aussi pour nous.


Il peut  transformer  notre vie marquée par le  péché en  vie nouvelle.


Il peut  changer nos coeurs, parfois si tournés vers nous-mêmes, en   lieu de présence du Dieu d’amour.


Puisqu’il est venu pour vivre et demeurer avec nous dans nos vies tout terrestres (le mariage c’est pour la vie sur terre !),  tout le reste, c’est à dire notre réaction,  n’est que question de confiance.


Jésus lui-même nous en donne l’exemple. On ne peut pas imaginer jésus venir au mariage avec le projet de faire parler de lui à la suite d’un tour de passe magique.


Ce serait tellement contraire à ce que les Evangiles donnent à comprendre pour savoir qui était Jésus et comment il s’était comporté.


Et, justement, sans avoir rien prémédité, d’autant plus qu’en principe on ne voit jamais manquer de vin aux noces (ce fait à lui seul suffirait peut-être à certains exégètes, comme Meier, à démontrer l’insuffisance de preuve en faveur de la matérialité des faits et se contenter de l’approche purement symbolique, certes, lorsque l’opposition entre la symbolique et la matérialité ‘parlent’, il vaut mieux ‘se contenter’ de la symbolique qui exprime la visée),   Jésus, pas seulement là, mais au travers toute sa vie, fait réellement ce qu’il faut pour combler le coeur de convives.


Non seulement, il répare la situation, mais en plus et surtout, il lui donne un sens que l’on n’oubliera jamais. Telle est la visée de Jean qui écrit : faire comprendre la place centrale de Jésus agissant pour le bien de l’humanité. Et la perspective théologique de ce récit permet d’en mesurer toute la portée.


La messe, toute messe célébrée, est une anticipation du banquet nuptial promis dans l’éternité. Y venir  maintenant c’est aussi avoir suffisamment d’esprit de prudence pour en réactiver constamment la mémoire.


Ce qui fait vivre c’est Dieu, ce qui aide à le savoir c’est notre mémoire. C’est elle qui nous fait dire :
 

De jour en jour proclamez son salut
Racontez à tous les peuples sa gloire
A toutes les nations ses merveilles

 (ps95)