2013/05/05 - Homélie - 6e dim. Pâques

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‘C’est ma paix que je vous donne’ (Jn14,27)


1.
Qui ne la voudrait, la paix ? Et de préférence, chacun la sienne. Pour les uns, celle qui permet de se déplacer en sécurité. Pour les autres,  celle qui permet d’avoir une pensée tranquille. Pour les uns d’être libre de toute contrainte  qui irrite et indispose. Pour beaucoup,  celle qui donne libre champ à toute action désirée. Etre en paix, l’objectif de tout être vivant normalement constitué. 


Jésus ne parle pas de cette paix là. Il parle de la sienne, celle qu’il connaît de par sa nature divine et avec laquelle il s’identifie. Il parle de lui-même. Et en parlant de lui-même, il parle de cette disposition intérieure que rien ne peut troubler. Ni la vie ni la mort, ni les richesses ni même le dénuement. Certes, dans sa propre vie il a été  troublé, au jardin des Oliviers. Mais recevoir une telle paix, c’est traverser des telles zones de trouble et en sortir victorieux.


C’est assez proche de ce désir de paix que la nature humaine produit. Proche en soit,  mais tellement différente dans la raison pour laquelle nous la désirons et différente dans l’objectif. La paix de Dieu, celle que Jésus donne, c’est celle qui  donne la disposition du coeur  que finalement rien ne pourra troubler. Comme nous sommes impressionnés par ces personnes qui vivent des situations très difficiles, parfois même en danger de mort et dont  pourtant émanent la paix, cette sérénité que rien ne peut troubler. Non pas que les troubles ne les traversent pas, mais, ils ont la capacité de se re-stabiliser si vite et si efficacement. 


Mais pour en arriver là a-t-on besoin de la foi chrétienne ? Tant de belles et efficaces techniques de méditation conduisent à une maîtrise de soi qui force le respect.  La paix que Jésus donne est bien plus qu’une simple maîtrise de soi. Elle est le résultat d’une union intime avec Dieu qui peut tout et qui donne tout, y compris ce dont nos avons besoin. La paix, nous en avons besoin au plus haut  point. C’est elle qui conditionne la qualité de notre vie aussi bien en nous-même qu’en relation avec d’autres.


Là encore, l’on pourrait dire que les techniques de méditations y conduisent et le permettent aussi. Là encore on ne peut que constater la vérité, mais là encore la différence est de taille. Elle est dans  le fait que la paix que Dieu donne, elle vient d’une source d’amour, alors que dans les diverses techniques  la paix peut conduire   vers plus de sérénité et de paix en soit et autour de soit, mais à partir de l’humain lui-même.


2. 
Jésus  fait le don de la paix, comme signe de sa vie. Il l’a donne avec son corps, avec l’eucharistie.  C’est aussi la raison pour laquelle nous lions ces deux gestes ensemble. Le Signe de la paix précède la procession de communion. Nous communiquons cette paix, là les uns aux autres en étant déjà ainsi en communion par la parole de Dieu et profession de foi commune, en tant que membres de la même communauté. Puis dans la communion eucharistique, nous montrons un autre aspect du lien entre nous, celui d’appartenance au même corps du Christ ressuscité.


C‘est à partir de la finalité, celle de la victoire de la vie sur la mort, que nous  pouvons donc comprendre  ce qu’être en paix signifie et comment la recevoir. Jésus Ressuscité va le redire plusieurs fois, à l’occasion des apparitions à ces disciples.


3.
Comment ne pas prendre au sérieux cette invitation à recevoir une telle paix et à la donner les uns aux autres ?  La forme et le geste qui peut accompagner cet échange varient. Certains se retrouvent mieux dans l’un plutôt que dans l’autre. Mais en aucun cas, nous ne pouvons le prendre à la légère, même les enfants. Ce geste n’a pas été instauré pour permettre aux enfants de bouger. Même si le fait de bouger est très important pour les enfants et il faut leur permettre de le faire à des occasions, mais n’en faisons pas des objectifs. Or, parfois on a l’impression que le geste de la paix avait justement pour objectif faire bouger les enfants. Ou alors indisposer les adultes  qui n’aiment pas exprimer la paix de Dieu de façon visible. Parfois, en effet, on a l’impression que le geste de la paix se transforme en invitation pressante à ce que  les voisins nous laissent en paix. Certes, la paix de Jésus n’est pas de tout repos, elle n’est pas une invitation à vivre mollement. Elle un encouragement dont chaque chrétien  a besoin et surtout ceux qui passent par des phases de découragement, d’inquiétude, si souvent pour des raisons vitales, et qui n’ont pas le coeur en paix. 


Nous sommes là pour recevoir une paix qui vient de Dieu et qu’aucune pensée humaine ni sentiment humain, le meilleure qu’il soit, ne  puissent produire. Car tout ce qui est produit par nos propres moyens, ne peut remplir que la dimension purement terrestre et humaine. Seulement Dieu qui  donne sa paix, se donne totalement dans la paix et la donne  pour le bonheur de tous. A nous de le signifier et le faire savoir. Nous avons tant de beaux exemples autour de nous.


Avec quelle efficacité ? Celle de la Parole de Dieu qui fait son oeuvre en nous. A quelle condition ?  Celle de l’amour de Jésus !           


Car en effet :


‘Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole’ (Jn14, 23)