2013/05/12 - Homélie - 7e dim. Pâques

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‘Les yeux levés’


Les lectures de ce dimanche nous permettent de poser le regard sur une des attitudes corporelles par laquelle  l’homme s’exprime. Etienne et Jésus avaient les yeux levés  ver le ciel. Ils étaient en attitude de prière confiante, comme si le regard leur permettait d’être reliés avec le ciel, ce lieu par lequel la Bible désigne le monde spirituel et la présence de Dieu lui-même.  Quel contraste avec le regard vers le ciel des apôtres  le jour de l’Ascension,  qui, nostalgiques de leur maître,  cherchaient à comprendre  comment cela va se faire après la séparation.  Ici le regard est inspiré, pour ne pas dire  plein de confiance. Etienne qui sait ce qui l’attend, reçoit cette grâce de pouvoir contempler la gloire de Dieu et Jésus lui-même présent à la droite de Dieu.  Jésus qui a toujours été connecté à son Père, s’il lève les yeux vers le ciel aussi, c’est chaque fois pour signifier la solennité du moment. Jésus prie pour ses disciples et ceux qui vont venir. Il prie donc aussi pour nous-même. N’est-ce pas une bonne nouvelle !


Quand est-ce que nous levons les yeux vers le ciel, au sens spirituel, mais pourquoi pas aussi au sens symbolique corporel ?  C’est lorsque nous attendons quelque chose d’ailleurs que de nous-même. Avec un tel regard, nous savons que nous avons une vue plus lointaine, en profondeur. Notre regard est  plongé jusque dans les profondeurs du mystère de Dieu et éclaire les abîmes du mystère de notre propre vie.  En faisant de la sorte, nous sommes sûrs de ne pas avoir une courte vue, ni sur les autres ni sur nous-même. Un tel regard nous sauve de l’aveuglement du péché et des errances sur les chemins de traverse.  Il conduit de façon certaine  à la vie jusqu’à redire après Jésus et Etienne : ‘Père, Seigneur, ne leur compte pas ce péché.’


Au Moyen-Age, en Europe, -et je pense que un peu vrai dans bien de cultures- il était interdit  de lever les yeux sur quelqu’un qui était d’une condition sociale supérieure. Dans l’Angelus de ce peintre français Millet, l’on voit un homme et une femme prier  avec la tête vers le bas. Mais leurs coeurs étaient, bien entendu, ouverts vers l’infini du ciel, puisqu’ils méditaient sur le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu. Donc, peu importe la possibilité culturelle et sociale d’où poser le regard ! Ce qui importe, c’est que surtout les yeux   de l’âme soient bien tournés vers l’infini de Dieu. Alors les yeux du corps suivant ce regard, pourront aussi être bien orientés. C’est ainsi que nous regardons l’hostie consacrée au moment de l’élévation. C’est ainsi que nous regardons notre prochain à qui nous transmettons le signe de la paix, que nous regardons l’hostie au moment de la communion....   C’est ainsi que nous sommes en communion,  que nous sommes reliés à l’essentiel et par l’essentiel, les uns aux autres.


Faisons de nos vies ce lieu du beau regard, où le mystère de  Dieu se communique au mystère de l’homme,  où l’âme contemple son créateur et le créateur  réjouit ainsi l’âme et par elle le corps tout entier.  Un jour viendra où il n’y aura plus de regard de travers,  ni de myopie, ni de strabisme....  rien qui puisse déformer la vérité qui se laisse toujours à contempler avec la même facilité qu’ont  les oreilles à en entendre parler. Mais  parler de l’ouïe dans la vie spirituelle, c’est pour une autre fois.