2013/06/02 - Homélie - FÊTE DU ST SACREMENT

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Lc9,11b :  
‘Jésus parlait du règne de Dieu à la foule et il guérissait  ceux qui en avaient besoin’


La fête du Saint-Sacrement, du corps précieux  et du sang précieux du Christ, nous la vivons ce soir dans de belles circonstances. Nous la vivons  à l’occasion des baptêmes des enfants en éveil et en âge scolaire. Mais également à l’occasion  de  la présentation d’une vingtaine d’enfants déjà  baptisés ou à baptiser quelque par en France ou ailleurs. Nous voici  maintenant ensemble pour méditer sur  cet évangile  que nous venons d’entendre et qui nous place au centre de la fête d’aujourd’hui.


La fête d’aujourd’hui nous rappelle que notre vie chrétienne, commencée avec le baptême, ne peut rester longtemps sans nourriture.  Quelle est-elle donc cette nourriture dont nous avons besoin ? Elle est ce que Dieu pouvait nous donner de mieux, c’est-à-dire lui-même. Il le fait en son Fils Jésus.


Quand nous mangeons le pain consacré et buvons la coupe remplie de vin consacré aussi, nous sommes dans un repas familial. Dieu est notre père, Jésus frère et Esprit Saint guide et consolateur.  Jésus frère, le premier d’une multitude, ouvre le chemin vers Dieu et le maintient par son esprit. 

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Cependant, deux sortes d’obstacles, intérieur et extérieur, y font opposition et s’y dressent devant tout le monde.  Ceux qui sont  présents en nous, à l’intérieur de nous et ceux que nous trouvons sur le chemin de notre vie, qui viennent de l’extérieur de nous.


Mais, nous le savons bien, que s’ils sont d’abord en nous, ils sont aussi en dehors de nous et inversement, car il y a une connexion entre les deux.  Ceux qui viennent d’abord de l’intérieur, c’est notre désir, notre volonté ; ils  ne sont pas toujours suffisamment forts pour dire oui à Dieu, à sa loi d’amour et de pardon.  Et quoi dire lorsque ces difficultés intérieures se trouvent renforcées par ce qui vient de l’extérieur.

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Le chemin  de la vie de foi peut  être très rapidement et facilement obstrué par tous les gravas de la vie sur terre. Ce chemin n’est pas un long fleuve tranquille, il est parfois plein de difficultés de toute sorte.  Ce chemin, c’est notre chemin. Et c’est justement sur notre chemin que Dieu nous rejoint pour nous guider vers son règne de justice et de paix.


Ce règne commence dès cette vie et nous en sommes déjà des citoyens. Pour y être et y être bien, il nous faut sans cesse faire de sorte que les divers obstacles soient levés.

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Quand j’étais enfant, tout le monde allait à la messe, même si à l’intérieur la foi n’était pas toujours au beau  fixe, mais on y allait car c’était naturel, l’on n’avait même pas l’idée de pouvoir faire autrement. Actuellement, y compris en Pologne toutes proportions gardées, la norme, la règle, quelque chose de naturel, c’est l’inverse,  c’est de ne pas y aller.


Et si l’on pense que d’y aller c’est important,  en dépit de toutes les pressions sociales et psychologiques - et notre agenda dit bien tout cela-,  alors sur quoi se baser ?


Où trouver de la force pour ne pas seulement activer notre propre désir mais qui  plus est, en trouver suffisamment pour lutter contre toutes sortes  de forces contraires qui au mieux condamnent à l’inertie.


La réponse est dans l’eucharistie elle-même et dans la prière quotidienne. Soit, mais c’est comme un chat qui se mord la queue.

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Si vous n’êtes pas dans la logique d’apprentissage par répétition qui permet d’être coutumier de la vie chrétienne dans la prière et à la messe, vous n’êtes pas pour autant condamnés à une, plus ou moins, douceâtre tiédeur de confort hédoniste. 


Vous en êtes éventuellement éjectés à grandes  pertes et fracas à l’occasion d’un événement qui va faire tout bouleverser. Mais faut-il vraiment attendre une situation pareille ?  Il se peut, que vous survivrez jusqu’au denier souffle sans  avoir à vivre des choses pareilles, cela arrive aussi.


Alors qui est donc  plus chanceux dans la vie ? Cela dépend de quel point de vu l’on se place.  Si c’est pour passer sur terre sans bruit ni trouble, ni vu ni connu, mais pénard, oui, pouvoir éviter des accidents de toute sorte, c’est une chance. Si c’est pour avoir une vie entièrement réalisée, c’est une autre histoire.


Jésus parlait et guérissait. Sa vie se réalisait entièrement dans le témoignage qu’il rendait à la vérité de la vie, vérité telle que l’on peut l’entendre selon le désir de Dieu. 


Le besoin de l’homme est donc situé en conformité avec un tel désir. Mais ce soir-là, les foules avaient tout simplement faim, physiquement  faim.
Nous sommes donc ces bras qui tendent le pain de partage. Nous sommes donc ces disciples qui transmettent ce qu’ils ont reçu. Nous sommes ce garçon qui apporte cinq  pains et deux poissons, si peu et tant  à la fois.

Car avec le partage à notre niveau, Dieu fait son travail de partage à son niveau. Par nos gestes, il ouvre la vie des autres  à leur propre dignité,  à leur propre accomplissement.


Mais ne cherchons pas  à savoir comment cela se fait concrètement chez les autres. Déjà soyons attentifs à ce qui se passe en nous, cela  suffit pour faire grandir notre vie et celle des autres.


Le pain de l’eucharistie, le pain de la messe, est à la fois cette nourriture qui donne des forces pour continuer notre vie sur terre et est déjà le gage de la force de Dieu transmise  par notre intermédiaire  à tant d’autres.