2013/06/09 - Homélie

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Encore une belle fête lors de cette messe de mois de juin, celle des premières communions de 35 enfants. Ils sont tout beaux pas seulement extérieurement. Ils sont tout beaux intérieurement, si bien préparés par tant d’adultes autour d’eux, à commencer par leurs propres parents.  Et avec eux nous sommes tous dans la joie pour les accompagner dans un moment aussi décisif que celui-là de leur vie. Car faire sa première communion c’est entrer dans une habitude, celle de se nourrire de la présence du Christ sauveur qui nous soutient guérit constamment et donne des forces toujours neuves.  Croyez-vous en cela ? C’est sur le fond de cette question que je vous propose le développement qui suit.


Dans la première lecture, nous venons d’entendre le récit de la rencontre du prophète Elie avec une veuve de Sarepta. Cela se passe au IX siècle avant Jésus-Christ.  La veuve qu’Elie rencontre vit dans une ville, Sarepta, qui se trouve sur la côté méditerranéenne, entre Tyr et Sidon (aujourd’hui le Liban). A cette époque une grande famine a sévi dans la région. Comment le Prophète Elie, se trouve-t-il là dans une ville païenne, lui qui est prophète du Très Haut, du Dieu d’Israël ? Bonne question, en effet ! Et bien  il s’y trouve car il est en conflit avec la reine Jézabel. La reine en question, la pire qui soit, (avec son mari Akhab) une païenne, a apporté en Israël le culte de dieux païens Baal et Astarté (dieux de pluie et de fécondité).  Elie est envoyé par le Dieu d’Israël pour contrecarrer cette action dévastatrice en Israël. Pour se protéger de la vengeance de la reine Elie part en pays païen. Voilà comment il rencontre la veuve de Sarepta. Quel accueil va-t-il avoir ?  La veuve se méfie, car si elle reconnaît que c’est un envoyé de Dieu, elle se méfie de lui, à cause de la fausse idée qu’elle se fait de Dieu et de son envoyé. Elle croit comme tout le monde autour d’elle que lorsqu’un envoyé de Dieu vient c’est pour punir, pour exprimer la vengeance des dieux. D’où sa célèbre question : qu’y a-t-il entre toi et moi, traduit dans le lectionnaire : ‘Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu.’ Elle a peur de lui, car elle le croit être un prophète de malheur !


Or, Elie va lui faire comprendre que non, Elie va l’aider à changer l’image de Dieu, dont elle  reconnaît déjà l’existence, mais qu’elle est loin d’être capable de reconnaître pour ce qu’il est en lui-même. Elie en faisant le miracle de la farine et de l’huile,  lui fait comprendre que l’oeuvre de Dieu est une oeuvre de vie et de guérison. Cette histoire nous invite à nous poser la question sur l’image que nous avons de notre Dieu de chrétiens.  Nous, aussi, nous pensons que Dieu vient pour notre propre malheur. Combien de fois nous nous disons, qu’est-ce que j’ai fais au bon Dieu pour avoir mérité cela !?  


La Veuve de Sarepta est une païenne qui sait reconnaître le Dieu d’Israël et grâce à Elie saura reconnaître la nature de ce Dieu-là, qui veut accompagner l’homme vers le bonheur. Alors que pendant ce temps-là en Israël, c’est le chemin inverse qui est pris par le Peuple à qui Dieu s’est révélé. C’est un monde à l’envers. Pendant que les païens sont en train de se faire libérer des fausses idées sur le  Dieu de chrétiens, tant de chrétiens sombrent aujourd’hui, comme hier et comme demain vraisemblablement, dans l’idolâtrie.  Une régression dommageable, mais bien réelle.  A bon entendeur salut. Que l’exemple suivant suffise pour illustrer cette régression.


Je viens d’écouter une interview accordée  il y a quelques jour à Marseille, par sa Béatitude Gregorios III, Patriarche d’Antioche (ville en Turquie) et de tout l’Orient.  Il disait une chose étonnante, en parlant de la situation des chrétiens au Proche Orient :  «Nous vivons le christianisme, parfois plus facilement chez nous qu’en Occident ».  Et pour illustrer son propos il a  d’abord souligné qu’il est entouré que des croyants qui reconnaissent la dimension spirituelle, ce qui n’est plus beaucoup le cas en Occident. Et même ceux qui se disent chrétiens, combien ils se laissent influencer par cette ambiance anti-spirituelle.  Et puis, il est même allé encore plus loin,  jusqu’à donner  un exemple de la nouvelle tendance antichrétienne en Europe consistant à vouloir, au nom de la liberté individuelle, interdire dans les écoles catholiques privées les croix aux murs. Pour conclure que si l’on voulait le faire chez lui, on considérerait cela comme un acte de persécution, donc personne ne le fait. Il voulait souligner une contradiction occidentale, sans pour autant, bien entendu nier celles qui sont présentes dans le monde où il vit.


Puisque nous sommes ici, dans une église, n’est-ce pas une bonne occasion de se poser cette même question. Quelle est l’image de Dieu (de chrétiens) dans ma propre vie, qu’est-ce que je fais pour qu’elle soit la plus proche de ce que le Christ nous révèle de son Père ? Comment suis-je capable d’en parler autour de moi à mes enfants ? Et comment, en communauté sommes-nous capables de nous soutenir les uns les autres dans notre vie de foi et dans notre vie tout court ? La communion est-elle ma nourriture hebdomadaire et la parole de Dieu ma nourriture quotidienne ?  Qu’est-ce que je fais pour tendre vers cette  situation ? Comment je pense mettre en oeuvre l’accompagnement de mon ou mes enfants, qui aujourd’hui font leur première communion, pour qu’ils puissent  grandir dans la foi nourrie par ce pain ? Pain  de vie qui donne la vie, qui guérit et donne des forces jusqu’à pouvoir se trouver victorieux par la grâce de Dieu dans la vie éternelle ?