2013/06/30 - Homélie - 13e dim. ord.

Imprimer

1° INTRO
« Celui qui met la main  à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu » (Luc9,62)


Chaque fois que je retrouve cette phrase de Jésus, celle-ci résonne toujours avec la même force. Elle me fait penser à ma mère. Je me souviens de l’avoir dite plusieurs fois dans mon enfance et mon adolescence. Lors que l’on est enfant, il y a des  paroles auxquels on ne prête pas trop l’attention. Avec l’âge, et parfois c’est très jeune,  cela revient à la surface de la conscience.  Cette phrase m’a servi de boussole dans  les moments décisifs de ma vie. Savoir aborder l’avenir librement, quel beau défi.



2° L’Evangile d’aujourd’hui donne de  matière à  savoir ce que veut dire que d’être disciple de Jésus. Toutes les lectures qui le précèdent sont également gorgées de ce même enseignement. Nous constatons d’abord que Jésus est mal accueilli. Cela heurte ses disciples. Ils sont pleins de ce zèle qui caractérise souvent les nouveaux venus dans une affaire quelconque. Et même si d’autres pouvaient réagir avec plus de retenue en se demandant où tout cela allait mener. Mais tous auront des idées bien claires sur ce qu’il faudra faire  ou ce qu’on aurait du faire. Cela s’appelle l’innocence des novices, que l’on est parfois, pour certaines choses, toute notre vie.


3° Jésus mal accueilli, certes, mais alors comment faire ? La proposition des disciples n’est pas acceptable. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils réagissent avec leur coeur au sens des sentiments, bien humains. Tel n’est pas le chemin par lequel passe la vie d’un disciple. Mais cela, ils vont l’apprendre, et plusieurs fois, souvent à leurs propres dépens. Etre contrarié dans la foi, s’indigner contre les attitudes blessantes etc., ce n’est pas une option, c’est une obligation.


Mais alors, comment faire ? Certainement pas comme Jacques et Jean, fils de tonnerre. Ils se sont emportés, car c’était  dans leur nature. Leur tempérament les a poussés  à réagir ainsi. La foi et les commandements de Dieu appliqués oui ou non face aux questions qui nous démangent, assurément,  nous permettent de nous connaître bien mieux. Nous nous y  révélons tels que nous sommes. Et souvent, après coup, dans les moments de prise de conscience, cela nous rend confus. Mais Jésus ne se lasse pas de nous accompagner tels que nous sommes.


4° Jésus semble mal accueillir la proposition d’un homme qui lui promettait de le suivre là où il irait. Certes l’envie y est,  mais là aussi c’est encore bien loin d’être comme il faut, car l’envie ne suffit pas. Mais comment c’est comme il faut ? La réponse semble toute trouvée. Jésus fait comprendre que le suivre ce n’est pas une sinécure. Car on ne s’invente pas disciple on le devient à la suite d’un appel. Par définition, on ne devient pas disciple par auto proclamation. « Je te suivrais n’importe où » sonne ici comme s’il disait  n’importe quoi.
 

Non, être disciple de Jésus c’est sérieux. Cela suppose prendre tout à fait au sérieux tous les éléments de la vie. Avec Jésus on ne fait pas des affaires et on ne fait pas du tourisme. Alors que les affaires qu’il y a en à faire et le tourisme, si c’est le cas, on doit le faire  en présence de Jésus. Jésus n’est pas un associé pour quelques affaires bien choisies ou compagnons de voyage bien sélects. Il est pour  la vie entière. Et cela oblige et cela laisse pantois plus d’un.


5° Pour devenir disciple, il faut entendre l’appel. Pour entendre l’appel, il faut la capacité pour. Elysée dans la première lecture, l’avait, mais partiellement. Tout comme nous, souvent nous avons des capacités partielles à entendre l’appel véritable. Rien d’étonnant à cela, car il s’agit de choses décisives pour la vie. Et avec cela on ne badine pas, on ne les fait pas à la légère. Lorsque la vie tout entière est  en jeu, quand on peut,  on s’arrête pour y réfléchir. Elysée c’était certainement un bon gars, travailleur, généreux, sûrement plein de talents dont la nature et donc Dieu l’ont doté, capable de bonnes  choses envers les autres. Il réagit de façon bien naturelle : faire des adieux aux proches. Par delà la dureté de la réaction d’Elie, il y a à bien comprendre le message d’une haute importance.


6° Etre disciple c’est savoir distinguer entre vie et vie, maison et maison. Elysée voulait faire les deux à la fois. Nous aussi. Rassurez-vous, Dieu ne demande pas à tous et dès le départ de la rencontre,  des choix aussi radicaux. Si ces choix sont faits par certains, c’est pour que leur vie soit signe de l’autre vie et de l’autre maison.


Ce que Elysée comprend en deuxième temps. Il va, matériellement, physiquement et symboliquement à la fois se détacher de son conditionnement terrestre. Même si symboliquement c’est une fois pour toutes, cependant, dans la réalité, c’est un long processus. Les fils de Boargès et les autres, Simon-Pierre lui-même,   ont savaient quelque chose.


7° Etre disciple : pour quelle vie alors ?  St Paul fournit la réponse dans l’extrait de sa lettre aux Galates. « Mettez-vous, par amour, au service  les uns des autres ».


Alors, rendons grâce à Dieu pour ceux qui le font dans la vie de tous les jours : les parents pour leurs enfants, les enseignants pour leurs élèves, les dirigeants pour les dirigés, les heureux pour ceux qui ne le sont pas, les bien portants pour ceux que le sont moins. Brefs les uns pour les autres, car tôt ou tard, tous, un jour ou l’autre, on se retrouvera dans une situation de service à rendre ou à recevoir. Dans les deux cas, cela suppose une vraie humilité et disposition du coeur à accueillir l’autre comme un autre Christ.


8° Suivre le Christ c’est  savoir d’abord qui il est, devenir son intime, comme le baptême le signifie déjà. Puis, découvrir,  pas à pas, notre propre mission, la découvrir avec tout notre être et dans toute notre existence. 


Ainsi disposés, on désirant cela,  je peux en toute quiétude reprendre les paroles du psaume  15(16) :  « Je n’ai pas d’autre bonheur que toi, tu m’apprends le chemin de la vie, devant ta face débordement de joie, à ta droite éternité de délices »