2013/10/06 - Homélie - 27e dim. ord.

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« Seigneur, augmente en nous la foi ! » Lc 17,5

1° Les disciples font une demande,
Une fois de plus.  Ils  la font chaque fois lorsqu’ils ne comprennent pas quelque chose. Logique !  Mais ils auraient pu la garder pour eux, ce qu’ils devaient sûrement faire  souvent. Et cette fois-ci, s’ils osent la poser, c’est peut-être parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Quelque chose les pousse à formuler la demande. Sûrement, ils posent la question en pensant être tout à fait en droit de pouvoir la poser.


Après tout   ce n’est pas comme dans les disputes entre eux pour savoir qui était le plus grand  (Mc 9, 33-34) Ou encore dans  la demande de la mère de Jacques et Jean, les fils de Zébédée, qui voulait que Jésus  réserve à chacun de  ses fils une place  particulière dans son royaume (Mt 20, 20). Les deux fils se sont fait alors ridiculiser auprès des autres, tellement la demande semblait incongrue, comme s’il  s’agissait d’avoir une place de directeur général adjoint  pour toute une éternité, rien que cela !  Mais, là, ils demandent quelque chose de bon.


2° Qu’est-ce qu’ils demandent ?
Ils demandent à avoir plus de foi, car la foi dont ils disposent, ils pensent que cela ne suffit pas, à faire face à tout dans leur vie. Ils viennent de s’en rendre compte. Il en faudrait plus, bien plus.


3° Pourquoi donc demandent-ils à Jésus d’augmenter leur foi ?
Pour le comprendre, il faut revenir au texte juste avant. Dans l’Evangile de Luc, juste avant, Jésus leur parle de la nécessité de pardonner.  Pardonner tout ? Ils ne sont pas convaincus, mais cela les turlupine tout de même. La demande de Jésus ne le laisse pas tranquille.  


Pour pardonner comme Jésus demande, cette à dire de façon divine,  c’est-à-dire sans ressentiment, de façon entièrement libre par amour, sans calcule aucun !? Pour cela, il faut une foi  parfaite, dont Dieu seul serait  capable. C’est sûr, ils ne sont pas là ! Donc en avoir plus, beaucoup plus, cela les rapprochait espèrent-ils, peut-être, sûrement, des conditions optimales pour réaliser la demande de Jésus. 


Mais,  une fois la réponse entendue, est-ce plus clair ? Pas sûr ! De toute évidence, ils auront du chemin à faire.   


4° Comment Jésus répond-t-il ?
En bon rabbin et de façon à faire réfléchir  pour permettre une nouvelle prise de conscience. Après tout, ils sont en formation, ils suivent une catéchèse, c’est-à-dire, se laissent instruire, interpeller, et donc guider. 


Jésus parle en utilisant des images. Ses disciples, comprenaient-ils mieux à l’époque que nous ?  Et en mettant ces différentes  images ensemble, est-ce que cela aide à comprendre ? Pas sûr, tellement le lien entre foi, arbre et serviteur, semble incongru.


Reprenons, chacun de ses trois mots : foi, arbre et serviteur.


5° FOI, comme une  graine de moutarde, elle existe déjà, elle est  un don de Dieu qui a été déposé en nous, tout comme chez les disciples. Eux, ils croyaient en Dieu, Jésus leur demandera de croire aussi en lui, comme celui qui révèle Dieu encore plus.


La foi c’est cette confiance, comme une flamme à peine perceptible parfois y compris pour celui qui la porte. Elle ne demande qu’à être ré-activée. Pour porter  du fruit.


Jésus ne dit pas, vous n’avez pas la foi, mais dit, si vous aviez la foi (sous-entendu, agissante), vous auriez dit à cet arbre... et il vous obéirait.
La foi serait aussi puissante que cela.  Donc Jésus parle de la foi agissante à partir de la promesse déposée, comme une graine de moutarde.


6° Mais alors, que se cache-t-il derrière l’arbre à jeter dans la mer ?


L’ARBRE à jeter dans la mer, ne représenterait-il pas  tous ces obstacles qui nous empêchent d’avoir une foi  bien agissante, c’est-à-dire celle qui nous permettrait d’enlever tous ces obstacles ?


L’arbre ne  s’y jetterait pas, par notre force, mais grâce à la puissance de Dieu agissant en nous. Notre travail consiste alors  à permettre à Dieu d’agir. 
Laisser Dieu agir en nous grâce à notre  petite foi – déjà présente, mais en  passe de  devenir un arbre, c’est-à-dire qui abrite et porte du fruit à son tour - pour qu’il nous débarrasse de médiocres sycomores ou arbres qui nous encombrent et qui font que notre comportement  est source de régression pour nous et pour les autres.    
       

La foi existe, mais nous manquons de confiance pour qu’elle agisse. Jésus ne trouve pas que l’idée de faire augmenter la foi soit mauvaise. Mais la foi ne pouvait se  développer chez les disciples, comme ils se l’imaginaient. 


Jésus fait comprendre que la foi, comme une graine, pour qu’elle porte du fruit, il faut labourer le terrain où elle est semée. On n’a pas besoin d’être agronome pour savoir que la graine ne pousse pas si l’on ne l’aide pas.   Jésus nous demande  d’être des laboureurs  qui permettent à la graine de la foi de germer, s’enraciner, mûrir et porter du fruit.


7° Lui-même se fait guide, celui qui vient comme un bon berger s’occuper de son troupeau. Il nous invite à lui faire confiance pour devenir à notre tour des guides pour les autres. Nous ne serons pas seuls et puis nous avons tout un arsenal de moyens pour vérifier pour savoir si nous guidons bien, c’est à dire réglé sur l’enseignement solide reçu dans l’amour et confiance (cf. deuxième lecture dans la 2Tm1...)
  

8° Après le travail d’agriculteur (le laboureur) et de berger, il nous reste à faire de la cuisine. C’est le sens de l’image que Jésus utilise pour dire  que nous sommes des serviteurs inutiles ou plutôt quelconques. Au sens que le résultat de ce que nous faisons ne dépend pas de nous. Faire le travail de cuisinier pour nourrir notre foi, pour nourrir les autres de la présence de Dieu. 
C’est le sens de la messe, pour la vivre, nous avons besoin de préparer le terrain, déjà en y étant. C’est le sens de toute notre vie et  pour la vivre, nous avons à préparer le terrain de notre vie pour que le miracle de la présence de Dieu, devienne le pain quotidien.


9° Pour terminer : pour vivre dans la foi, nous n’avons pas besoin de vivre dans la logique d’augmentation de la foi, dans le sens où  augmente le salaire. C’est plus simple,  en faisant les travaux, d’agriculture, de berger et de cuisinier, on fait bien, on fait   du bien et on se fait du bien.


Et  le courage dont parle st Paul dans la seconde lecture à Timothée  vient de la part de ceux  qui nous encourage, comme le pape le fait et comme tout chef de communauté et tous ceux qui ont reçu une mission, se doivent de le faire :


« Fils bien aimé, je te rappelle que tu dois réveiller en toi le don de Dieu que tu a reçu quand je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison.... Tu es dépositaire de l’Evangile ; garde-le dans toute sa pureté grâce à l’Esprit saint qui habite en nous » (2Tm1,6-8,14)   


Et maintenant, revenons ‘à notre cuisine’.