2013/10/27 - Homélie - 30e dim. ord. - LA VRAIE PRIERE

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I.    INTRO


Nous sommes à quelques jours de deux grandes fêtes chrétiennes : la Toussaint et le lendemain, la commémoration de nos fidèles défunts. Deux fêtes, tellement proches dans le temps mais aussi dans leur nature, que nous avons pris l’habitude dans la tradition catholique de les superposer. Mis à part ce glissement, qui s’explique  aussi pour des raisons pratiques, il y a  de fait quelque chose de commun entre elles : c’est le rapport à la justice de Dieu.


Les lectures d’aujourd’hui (Ben Sirac le Sage 35, 12-14,16-18 ;  Ps 33(34) ; 2Tm4,6-8,16-18 ; Luc18,9-14)  nous y renseignent d’une façon qui n’a rien perdu de sa pertinence.


Les mots ‘juste’, ‘justice’ apparaissent dans  tous les textes d’aujourd’hui, y compris la deuxième lecture, qui, habituellement,  suit sa propre logique et il est heureux qu’une telle connexion soit possible entre elles.


Dans le monde occidental d’aujourd’hui, si fier de pouvoir se libérer  de toute référence et donc contrainte à la croyance et ses conséquences, nous les chrétiens, nous avons à être d’autant plus attentifs à ce qui  fait le coeur de notre foi. Aujourd’hui, la lumière des textes bibliques est tournée sur un des aspects de la révélation : Dieu est un juge impartial.


Au moins lui !  pourrait-on entendre soupirer, tant la déception à l’égard de la justice humaine est grande. Il m’arrive de discuter avec des amis ou en famille, ceux qui font le métier de juge, d’avocat etc. Souvent les questions ne sont pas simples, mais souvent aussi, ceux qui essaient d’avoir une morale, fondée sur les valeurs spirituelles (au sens transcendantal et ou humainement respectueux du plus faible), ils échappent au désastre d’iniquité.


Seul Dieu est juste, quel soulagement ! Comment alors apprendre de lui, tant soit peu, pour l’appliquer bon an mal an dans notre propre vie?!  


II.    Quand  la vie nous tient !


Dans les trois lectures que nous venons d’entendre, les situations décrites sont celle que l’on pourrait qualifier de ‘situations limites’


- L’appel à Dieu dans la situation de pauvreté, où il faut se battre pour la survie  physique, matérielle etc.,  le sien et souvent celui de sa famille. Et l’insistance avec laquelle cet appel se fait est à la mesure du danger  dont on voudrait tant échapper, mais de la confiance aussi, car on ne se tourne pas vers quelqu’un dont on n’espère rien ou si peu ! « Tant que [sa prière]  n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable »
Etions-nous, matériellement ou autrement, en situation d’une telle pauvreté que cela nous a fait nous tourner vers Dieu pour crier ?


- C’est un peu différent dans le cas de Paul qui est sur le point de faire le bilan de sa vie. Des choses les plus marquantes remontent alors à la surface de sa mémoire sensible, alors qu’il est en train de ‘plier ses bagages’ pour un autre voyage, voyage qu’il sent proche. Dans sa mémoire sensible, revient en premier le fait que dans les moments difficiles tous l’ont abandonné, alors que le Seigneur l’a toujours soutenu.


Avons-nous senti l’abandon de la part de notre entourage dans les moments les plus difficiles, cruciaux  de notre existence ?


- Pour ce qui est de l’Evangile,  nous connaissons certainement mieux  cette compétition  entre deux modèles de prière, celle du publicain et celle du pharisien. Deux modèles, opposés sur la base du rapport à la justice. L’un s’estimant juste a déjà rendu justice à lui-même. L’autre demeurant tout au fond, pas seulement de la synagogue, mais symboliquement,  aussi au fond de lui-même, se cache à cause des ses côtés sombres, n’osant pas s’exposer totalement à la présence de Dieu, et cependant demandant à Dieu le pardon pour ce péché en toute humilité. C’est lui qui  est désigné vainqueur  dans l’épreuve de la vérité.


III.    A la lumière  de la foi.


- Que nous soyons en train de nous battre pour la survie physique, psychique, morale, sociale etc., la nôtre ou celle d’un ou plusieurs de nos proches, 


- Que nous soyons  en train  de plier bagage pour un autre grand voyage et, à cette occasion,  faire le bilan de notre vie,


- Que nous soyons en train de nous contenter  d’un dieu que  nous nous sommes fabriqués  à notre image et qui en tout point est en accord avec nous,


- ou, au contraire, que nous sentions semblable à ce publicain  à qui l’injustice, l’argent pas toujours propre dans sa manière de le gagner ou de le dépenser,  collent à la peau, mais qui tout en le sachant, ne veut pas en rester là et demande à Dieu un vrai pardon,


Quelque soit la situation dans laquelle nous pensons nous trouver, nous avons aujourd’hui la Parole de Dieu comme boussole qui guide et nous permet de la sorte de nous élever.


Aussi avec le psalmiste du psaume 33 que nous avons déjà entendu au cours de cette messe, nous pouvons maintenant dire ensemble :


Je bénirai le Seigneur en tout temps
Sa louange sans cesse à mes lèvres....