2017/01 - Galette des rois

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Galette des rois, c’est la galette du souvenir de ces hommes sages, instruits des choses essentielles de l'existence humaine. C’est la galette du souvenir de ces savants qui n'opposent pas le naturel au spirituel, qui n’opposent pas la science et la foi. Ils ne connaissent pas les raideurs idéologiques avec lesquelles on lutte dans les écoles, comme dans les médias publics contre la foi comme manière possible de se comprendre dans notre monde.

Bien au contraire, dans l'ingénieuse jonction de la science et de la foi, tout en scrutant les étoiles, ils trouvent leur chemin de vie, eux, qui sont partis à la recherche de la vérité qu’ils ont identifiée dans cet Enfant. Enfant considéré par la prophétie d'Isaïe, comme étant le prince de la paix vers qui les nations marcheront et trouverons leur lumière. Ce n'est pas une idée qu'ils cherchent, mais visiblement quelqu'un.


Maintenant, je vous propose cette méditation sur la paix, la paix à laquelle nous rêvons tous. Surtout quand elle commence à faire défaut une nouvelle fois, comme actuellement.


Commençons par ce constat tiré de la Bible, mais aussi de l’histoire de l’humanité : Il n'y a pas de paix sans justice, or précisément la paix n’est jamais séparée de la justice lorsqu’elle est accueillie comme un don de Dieu. La paix de Dieu est un cadeau et parce qu’elle est cadeau de Dieu, elle est la véritable paix.

De ce point de vue-là, la paix des hommes ne réussit pas. Mais celle de Dieu, comment réussit-elle ? Par l’accueil de son don gratuit au plus intime de soi. Et par le témoignage d'amour désintéressé. Mais pour en témoigner, la foi spirituelle n'est pas la seule à produire de telles attitudes d'héroïsme que l’accueil de cette paix parfois suppose. L'être humain, déconnecté d'une telle foi spirituelle, est aussi capable de grandes choses.

Pourtant, c'est le même esprit humain qui va jusqu'à pousser l’homme à un tel héroïsme pour des raisons spirituelles. Que l'exemple des chrétiens de Turquie, de Syrie, d’Irak, du Liban ou d'Egypte, que je connais un petit peu, suffise. Je suis témoin d'un travail systématique des responsables d'Eglises chrétiennes visant à extirper du cœur de leurs fidèles toute trace de violence comme réponse à tant de violences.

Et ce travail va bien plus loin que la maîtrise des pulsions de violence. Il y est question de s'exercer à entrer dans l'amour que le Christ a pour ses frères, pour ceux qui le reconnaissent et pour ceux qui ne le reconnaissent pas. Par exemple l’évêque de Batroun au Liban, lorsqu’il était encore adolescent, a perdu son père assassiné pour des raisons d’appartenance religieuse à la foi chrétienne. Mais cela ne l’a pas empêché d’accueillir des réfugiés de différentes factions politiques et religieuses comme des frères à secourir.

Cette jonction entre l'amour, impulsé par le Christ, et le consentement fait par les chrétiens ne produit pas les surhommes dont rêvait Nietzsche. Elle met dans le cœur des gens ordinaires une capacité extraordinaire. Au nom d’un Dieu d’amour aimer les autres avec un tel amour divin, et essayer de le faire sans pourtant parvenir à la perfection attendue des autres, voire de Dieu lui-même, c’est déjà beaucoup. C’est déjà beaucoup, car au jour du jugement dernier, Dieu complètera dans le cœur de l’homme ce qui, à cause de la faiblesse humaine, manquait à ses actes. Mais cette paix, visiblement n'est pas de ce monde. 

Dire que seule la paix de Dieu réussit est parfois énervant pour ceux qui ne  voient pas d'autre solution que d'utiliser les armes comme ils l’entendent. De fait, l’attitude spirituelle n’a  pas à se substituer aux responsabilités politiques de ceux qui gouvernent les peuples. Et, pourtant,  même faire intervenir la notion de la guerre juste, c'est aussi malgré tout reconnaitre l'échec de pouvoir se parler autrement auparavant.

Mais comment alors le temps joue-t-il en faveur d'une montée de conflits ? Comme dans la météo avant la tempête ! Un typhon, nous pouvons seulement mesurer sa puissance et éventuellement prévoir sa trajectoire. Nous ne sommes pas capables de l'arrêter. Sommes-nous alors plus ingénieux pour les conflits entre les humains?


La paix de Dieu est celle qui se laisse concevoir à partir de la finalité. Son objectif est celui de ne jamais la séparer de la justice. Laissons de côté la question de savoir ce qu'est la justice. Nous en avons une intuition et que cela suffise. Retenons seulement quelle est inséparable de la vérité. En Dieu tout ceci s'unit et s'harmonise. Alors que nous les séparons : pour un moment, pour longtemps, pour toujours...

En Dieu, paix et justice marchent ensemble, le droit et la vérité s’embrassent et ne font qu'un. C’est un mystère dont parle St Paul et qui est celui de voir toutes les nations associées au même héritage.  Le croyant chemine dans cette perspective. C'est son espérance et c'est sa joie, dont il rayonne en témoin heureux de la paix de Dieu pour tout homme.

A l’intérieur de cette paix que nous  cherchons tous, la paix de Dieu s'y déploie avec notre consentement éclairé par la foi ou même à son insu, car Dieu inspire sa paix à qui il veut. J’entends le soupir : pourquoi si peu de gens l’entendent ? Je ne peux pas parler pour les autres.

Si vraiment je me posais seulement cette question : Comment je reçois moi-même cette invitation (venant de Dieu ou pas, pour le moment presque peu importe) à accueillir d’abord en moi la paix comme un don ? Ce serait déjà un grand pas en avant en faveur de la paix dans le monde.

Car tout cela commence évidemment dans mon cœur. La paix de Dieu germe et peut prendre souche dans mon cœur, dans mon corps, dans ma vie, et cela se verra dans ma relation de couple, de famille, en communauté de travail, de foi et de vie en société.

La paix de Dieu est un chemin de vie pour les uns avec ses exigences pour tenir le cap. Alors qu'elle est une simple rêverie pour d'autres, qui n'y voient aucun intérêt. Voire, ils rêvent eux-mêmes d'une paix sans religion et sans Dieu, justement, en les considérant comme sources de conflits. Toujours est-il que rechercher la paix véritable, c'est un devoir que l'on ne doit fuir sous aucun prétexte.

La galette des rois est une bonne occasion pour se rendre à l'évidence d'un tel devoir dont personne n'est exempt, ni hier, ni demain, et donc pas aujourd'hui non plus ! Les mages, « quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie ». Que cette joie rayonne aussi sur nous et nous apporte la paix. Ainsi soit-il pour cette nouvelle année 2017.