2018/12/02 - Décompte macabre - Rickshaw

Imprimer

Il travaille en tirant une rickshaw ou un autre chariot pédalo-vélotracté. La force de ses mollets dépend de la capacité de ses poumons, l'ensemble conditionné par le cœur et la volonté.

Volonté y est, celle de gagner un peu d'argent pour manger, pour survivre. Une bête de somme dans un corps d'homme, une humanité avilisée, bien diminuée car si loin des standards de vie normale ailleurs, et sans commune mesure loin des futurs standards de l'humanité augmentée. 

Il s'époumone, pour atteindre une vie augmentée d'un autre jour sans savoir le nombre de jours à vivre encore, ni espoir pas plus que désespoir, juste de quoi prolonger une existence sans lendemain.

Pas besoin de cotiser pour assurance maladie ou retraite. Bien loin d'un système de protection si cher à tant d'autres, la vie va lui être ôtée à temps, avant qu'il ne devienne un poids inutile à la société composée des autres.

Il va mourir de tuberculose ou pneumonie et dans le meilleur des cas, les filles d'une charité ou d'une autre, tels des anges échoués sur la terre pour de basses œuvres, vont s'en occuper pour lui communiquer l'humanité quelque peu augmentée, sans tenir compte de la régression de l'autre humanité, celle appuyée sur le succès technique, le seul objet du désir. 

Tout le monde travaille en tirant, mais quelques-uns gagnent le gros lot, allez savoir qui sont-ils ? Le décompte macabre est en marche. Après la composition de la musique  chacun de sa vie, vient le temps de la décomposition, inévitablement suivie de la recomposition. Faites le compte, c'est une valse à trois temps.