2019/02/01 - Méditation personnelle - Cohabitation existentielle et son essentiel.

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1. Le vieil homme et l'homme nouveau se côtoient depuis le baptême. A force de constater une sorte de coexistence entre ces deux réalités, d'aucuns seraient tentés de décrire le phénomène en terme de cohabitation spirituelle. L'illusion vient du fait que, chez le vieil homme, il y a le désir de produire la bonne vie terrestre et de l'entretenir pour elle-même.  Or, la "cohabitation spirituelle" du vieil homme avec l'homme nouveau n'est jamais pacifique. Une telle réalité peut seulement être anesthésiée dans sa réciprocité  d'incompatibilité fondamentale même et pourtant si souvent rendu viable. Ainsi  l'un étant voué à la mort comme tout sur terre, subsiste au côté de l'autre destiné à la vie éternelle avec l'aide du Seigneur et notre consentement. Or, il n'est nullement question de maintenir un équilibre plus ou moins stable de coexistence entre les deux. Il n'est même pas question d'une coexistence quelconque, ou alors si elle est constatée  c'est comme résultat d'un arrangement pro Domo sua à l'aide d'un anesthésiant lequel fait annihiler l'alerte au sujet de  l'âpreté du combat. Du point de vue spirituel donc, le fait que les deux soient présents dans le même être vivant, n'est nullement synonyme d'un arrangement possible envisageable, bien au contraire, il est celui d'un combat à mort. Le vieil homme combattu par l'homme nouveau se défend comme un beau diable. Le malin, celui du vrai diable, s’immisce dans les interstices de l'existant écartelé entre le vieil homme et l'homme nouveau. Le malin le fait pour jouer un double jeu, tantôt celui de soutien du vieux avec les arguments du nouveau (le bonheur sur terre te prépare bien à l'autre) tantôt celui du soutien du nouvel homme avec les arguments de l'ancien (ta vie de bonheur profond et donc éternel passe par là) ce qui revient au même. Il le fait au point qu'il n'est pas possible de bien séparer l'un de l'autre avant le temps eschatologique, celui de la révélation totale qui advient au moyen du jugement. La séparation entre le l'ivraie et le bon grain étant suspendue à cela, dans cette co pénétration de l'un par l'autre, on peut parler d'une mauvaise incarnation de l'un dans l'autre. La participation à  l'eucharistie permet de dépasser cette aporie existentielle. 


2. Le sang versé jusqu'à la dernière goutte et le dernier  souffle rendu, c'est ce que le Christ a fait dans un corps bien humain. En prenant sur lui tous les péchés du monde, il assumait le vieil homme qui avait besoin d'une puissance divine pour le faire introduire dans l'homme nouveau. Cela passe par la mort de l'un au profit de la vie de l'autre. C'est ce que le sacrifice de la messe figure et rend présent comme nourriture nécessaire au passage chez ceux qui s'y soumettent. Par l'anticipation de son propre dernier souffle et de son sang versé en témoignage de sa foi, le prêtre, ainsi uni au Christ, nous représente au calice du vin nouveau. Les fidèles peuvent le faire à de grandes occasions pour être associés au don de soi que Jésus fait dans chaque messe et auquel ils communient par leur élan de don d'eux-mêmes, avant leur propre don définitif. Le prêtre et les fidèles, tous communient pleinement au même pain et au même vin des noces éternelles.