2019/09/01 - Méditation personnelle - Voisin

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Je suis dans l'avion de Lyon à Paris, un homme occupe la place  du milieu et à son côté son fils, la mère et deux autres enfants sont de l'autre côté du couloir. Il s'assied, essoufflé porte la main vers sa poitrine, j'ai peur qu'il ne soit au bord d'un malaise cardiaque. Puis j'engage la conversation, il est prenant d'un échange en vérité racontant sa vie: l'enterrement de sa grande mère la veille, la rentrée scolaire pour les enfants le lendemain, ses voyages professionnels...


Et surtout son envie d'être apaisé pour pouvoir léguer aux enfants ce qu'il a de plus cher, la paix intérieure. Il veut se présenter devant son Seigneur comme quelqu'un qui n'a pas raté sa vie. Il sait qu'il est pécheur, mais demande pardon tous le soir. Je l'écoute émerveillé... Il me dit qu'il sent qu'il peut dire tout cela à moi; intérieurement un peu troublé (comme Marie à l'Annonciation pouvait l'être) mon humilité est alors invitée à s'approfondir pour que je puisse progresser dans la capacité de l'écoute. 


Je souris, il continue, il veut être du côté du bien, mais si il avait été entouré des gens mauvais, il serait sûrement devenu lui aussi mauvais. Je lui raconte alors la pointe de deux livres lus l'un après l'autre, tous les deux se rapportant dans leur récits littéraires à la seconde guerre mondiale. Le premier se résume par dire si vous étiez dans ma situation, vous auriez fait comme moi. Le second développe l'hypothèse presque opposée : si nous étions plus nombreux, on n’en serait pas là. Le premier est de Jonathan Littell (Les Bienveillantes), le second de Ken Follett (L'hiver du monde). Rien n'est fatal, j'ajoute pour terminer mon propos. Il semble interpellé, et semble d'accord tout en se promettant de réfléchir.


La discussion continue,  il pense que j'habite l'Allemagne, non, c'est à 12 heures vers l'Est. Hong Kong, son ciblage est parfait. Alors je lui dis ce que je fais. Il est ému aux larmes. Il me promet de prier pour moi et moi pour lui; une vraie fraternité est née, fraternité dont on se met à rêver lorsque l'on ne la constate pas et, je suis certain, elle va durer jusqu'à l'éternité à laquelle, tous les deux on croit, tout simplement. Tout simplement, dans l'ordinaire de nos vies nous étions l'un à l'autre, un musulman et un catholique. Et Dieu dans tout cela!?