2018/10/16 - Méditation personnelle - Catocha

attention open in a new window ImprimerE-mail

Je m’appelle Nina. Mon chat s’appelle Elvis. Ma grand-mère a aussi un chat, il s’appelle Felix. Felix passe tout le temps avec ma grand ma. Ce que mamie m’a dit. A vrai dire je n’ai jamais vu ma grand-mère avec son chat. Il est avec elle, mais chez elle, c’est ce qui paraît. Il ne voyage pas. Mais en vrai, d’après mamie, il n’est pas « transportable ». C’est le mot qu’elle m’a dit. Cela m’a étonné d’elle. D'habitude, elle est si gentille et polie avec tout le monde, sauf avec son chat.  Elle le traite de « transportable », justement pas, bref. Là, elle  dit un gros mot, je vous assure, « transportable », c’est un bien gros vilain mot. Felix n’est pas « transportable ». Oui, si le mot ne vous parait pas bien gros, tout au moins il est long et difficile à dire. En fait, il n’est à pas dire, et donc c’est un bien vilain mot. 

Mamie, oui chérie, est-ce qu’un jour je pourrais jouer ensemble avec Elvis et Felix. Mais tu sais très bien, sourit mamie,  que mon Felix n’est pas « transportable ». Comment ? Comme si mes oreilles étaient transpercées par le souffle d’un vilain mot. Mamie,  je ne peux pas me retenir de te poser cette question, pourquoi tu dis le gros mot ? Pardon ? Normalement tu es si gentille et polie avec moi, avec Elvis, même avec mon papa qui parfois se moque de toi. Oh tu sais, ton papa, je ne lui en veux pas, il faut bien qu’il se détende parfois. Il t’aime tu sais, oui je sais. Mais pourquoi ce vilain mot ? Je ne veux pas  que mamie me parle d’autre chose que de son chat. Il n’est pas « transportable » ? Pourquoi ce mot. Ma chérie, le mot « transportable », veut dire pouvoir déplacer. Pouvoir déplacer quoi ? Je comprends de moins en moins ce qu’elle me raconte. Oui, poursuit mamie, c’est par exemple cette table, tu la vois ? Elle est transportable. Comment cela ? Tu peux la faire bouger et déplacer ailleurs, tu peux la transporter. 

Table transportable, je commence à comprendre que dans le mot transportable il y a une table. Mais qu’est-ce que fait une table dans l’histoire de Felix. Félix, lui, il ne dort pas sur la table, pas plus qu’Elvis. Felix a sûrement  une belle maison comme Elvis et la maison d’Elvis est propre, car c’est moi qui la nettoie, moi, enfin, presque, presque tout le temps, souvent, quoi ! Elvis parfois aime bien aller sur la table pour piquer la nourriture qui y traîne. Et d’ailleurs c’est très amusant de le voir se faufiler entre les plats et assiettes pour arriver à pas de velours tout en évitant de faire tremper ses pattes dans la sauce vinaigrette qui traîne dans l’assiette après la disparition de la salade dans le gros ventre de papa. Mais le plus drôle c’est de le voir se pencher sur la cuvette dans les toilettes pour y boire, il n’est pas très élégant mon Elvis, mais je l’aime bien, il se débrouille, quand il a soif, il cherche et trouve où il peut. Et pourtant ce n’est pas du lait dans la cuvette. 

Pendant ce temps-là mamie n’a pas bougé, alors que cela a fait un grand tour dans ma tête. 

Puis, j’entends mamie prononcer ces mots que j’entends et en même temps, comme si je ne les comprenais pas : Il n’aime pas voyager ! Hmm ! Elvis va toujours avec nous. Et il adore voyager. Oui, parce que c’est Elvis, mais pas mon Felix. Il est malheureux sans toi ? Oui, sûrement, mais je ne peux pas le prendre avec moi. Mais toi tu aimes voyager. Oui surtout pour venir vous voir, tant que je peux, dit-elle d’un air songeur. Et pourquoi il  n’aime pas voyager ? Un temps de silence suivi d’un duo surprenant : Il a peur de sortir de chez lui !? Mamie et Nina prononcent en même temps les mêmes mots, une pour dire l’étonnement, l’autre pour constater que c’est comme cela. Et puis elles éclatent de rire. Elle est bien bonne, se dit-elle mamie.  Mon Felix nous a fait parler, d’une même voix, mamie se sent heureuse de pouvoir vivre un moment aussi fort avec sa petite fille qu’elle voit si peu. Nina trouve cela drôle, très drôle et le soir elle va le raconter d’abord à sa maman adorée, puis à son papa, gros papa chéri. Et tout le monde passe une soirée formidable sur le dos du pauvre Felix qui n’aime pas voyager et cela fait rire tout le monde.   

Le lendemain après classe, Nina est partie jouer avec Madison, sa meilleure copine qui habite dans la résidence à côté. 

Je t’assure,  mon Felix est formidable, on dirait qu’il comprend tout. Comme Nina, dit la fille, dès l’instant que l’on le lui explique. Non, mon Felix c’est différent. Par exemple, lui, il ne me dérange pas quand j’ai dit le chapelet. Oh, maman tu ne vas pas commencer avec ces histoires de prières, machins, pourquoi tu t’y obstine tant ?  Sur ce rentre le gendre qui voyant mamie, avec son côté jovial qui lui fait pardonner tout, presque tout, enfin c’est ce qu’il semble vouloir dire et faire comprendre à son entourage ; et il se met à raconter une blague : aujourd'hui,  j’en ai une bien bonne. C’est l’histoire d’une chatte de gouttière qui s’est prise d’amitié avec une vielle bigote du quartier. Dès le matin, elles miaulaient toujours ensemble, une ses prières adressés au ciel, l’autre ses prières adressées à ses amants. Laquelle de deux était exhaussée ? Celle qui restait plus longtemps à miauler depuis le toit. Morale de l’histoire : quand on est en manque d’amour, il ne suffit pas aller se cacher dans l’église, il vaut mieux être sur son toit, et le bonheur depuis le ciel vous y tombera.  Suit l’éclat de rire qui fait agiter violemment le gros ventre. Mais la voix retentit seule.