2013/03/01 - Méditation personnelle - AEROPORT

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L’AEROPORT, QUAND TU ATTENDS


Quand tu attends quelqu’un à l’aéroport, nombreux sont ceux   qui sortent auparavant. Et pourtant cela devrait arriver à quelqu’un, cela devrait arriver à quelqu’un qui, en attendant trouve en premier la personne qui arrive. Je viens d’arriver, moi aussi, tous les deux nous venons d’arriver et tout en venant, nous arrivons l’un à l’autre. Quelle belle coïncidence, qui arrive lorsque nous venons juste à temps, à ce temps-là, celui de la rencontre pile-poil.


Et cela en fait des heureux, mais pas toi, car toi, tu as beau être heureux pour les autres, rien n’y fait, tu stagnes. Tu attends toujours. Tu surveilles de tes yeux le début de l’espace qui comme une bande passante déverse des sons  de chariots, de valises et même de pieds. Tes yeux rivés à l’intérieur de cet espace par où devaient tôt ou tard apparaître les silhouettes et les visages de ceux que tu attends. En attendant, tôt ou tard, tu finis lassé de les attendre, attendre les autres, pas ceux qui arrivent qui défilent devant tes yeux.


Ces autres deviennent de moins en moins importants, en fait, ils sont sans importance aucune, ils sont un fond de mouvement, tout compte fait inutile, le fond  sur lequel tu scrutes l’apparition  de ceux que tu attends. Aussi inutiles, que lorsque tu attends ta valise devant le tapis roulant encombré par celles des autres. Tous ces autres finissent donc  par devenir même gênants, tellement inutiles que dérangeants. Fatigué par l’attente et la non-présence, engourdi à l’endroit où tu les attends, tu finis par les effacer de la mémoire. Et, à leur place, tu te surprends à en désirer  d’autres, ceux qui sont sous la main, qui sont déjà là devant tes yeux. Mais cela ne dure qu’un instant, la stupidité d’une telle méprise étant plus qu’évidente.


Tu te reprends d’une superposition passagère et tu les attends donc vaillamment. Mais à force de durer, ils deviennent des numéros,  parmi d’autres  aussi insignifiant que  ceux  que tu n’attends pas. Et c’est à ce moment-là qu’ils apparaissent et tu te dépêche de tout effacer de ce qui était une attente confusément active pour devenir une rencontre. Rencontre, elle, qui a si longtemps attendu, mais tant que les autres ne sont pas là, elle, la rencontre n’est pas là non plus. Et tant pis pour tous ceux qui  continuent à attendre en pensant que dans la vie, il n’y a que cela à faire.