1998/12/22 - Réflexion pastorale - De la réparation à l'offrande - dans l'attitude de l'Église au monde.

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W1. De la réparation à l'offrande - dans l'attitude de l'Église au monde. 22 décembre 1998.

 Depuis la Révolution française, les rapports entre l'Eglise et l'Etat est en France soumis à de rudes épreuves. La troisième République française, surtout est foncièrement  anticléricale. Elle  provoque chez les catholiques une attitude d'opposition totale. Sur le plan spirituel cela se traduit par l'émergence des familles spirituelles qui se donnent comme but de réparer les outrages commis à l'égard de Dieu et de son Eglise par l'Etat laïc et anticlérical. La réparation devient le mot d'ordre qui commande la spiritualité de plusieurs congrégations.
 Toute la spiritualité du Sacré-Cœur de Jésus et de Marie en est imbibée. La construction même de la Basilique du Sacré-Cœur sur le Montmartre, bien que décidée comme votum de la France pour la fin de la guerre de 1870 et en expiations des violences de la Commune, n'est pas sans une telle portée réparatrice. La Basilique demeure encore aujourd'hui comme signe visible de la réparation que la République doit à l'Eglise et à ce que celle-ci représente à ses yeux.
A peu près dans la même période s'opère en France  le glissement de l'attitude de réparation vers l'attitude d'offrande. Les Sœurs Auxiliaires du Sacerdoce ont dans leur charte spirituelle écrite pour la fondation  offrande pour mot d'ordre de leur spiritualité et non plus le mot réparation.
 Sur le plan sociopolitique ce glissement se manifeste dans le mouvement de Sillon de Marc Sangnier et, dans une certaine mesure, à travers le mouvement du christianisme social.
De la réparation à l'offrande, de Dieu Juste au Dieu d'Amour,  la sensibilité religieuse change. Le Dieu de Miséricorde, Dieu de tendresse, Dieu sensible à ce que l'humanité peut vivre, devient grâce à Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, le Dieu de tous ceux qui, chrétiens ou non, tiennent les valeurs humaines dans la même estime que les valeurs divines. Mais pour qu'il y ait un véritable passage de la réparation à l'offrande, il faut que celui-ci soit envisagé du point de vue de la théologie eucharistique. Il  faut aussi  que  soit reconnue la source divine de ses valeurs humaines,  non pas de manière à subordonner  tout ce qui est humain au divin, mais, dans l'autonomie de l'un à l'égard de l'autre, pour s'y déployer.