2015/03/15 - Homélies - 4e dim. de Carême

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Dieu riche en miséricorde, sauvés par la grâce,


En voilà une bonne nouvelle. Tout est déjà décidé par Dieu. Il veut que le monde soit sauvé. Il suffit de l’accueillir.   Sauvé veut dire ramené à la vraie vie. Vie telle que Dieu la désire pour nous. Dans l’humilité nous faisons confiance à un tel message.   Il faut encore que ce message s’inscrive profondément dans nos cœurs et réjouisse nos âmes. 


Dans la première lecture nous avons une belle leçon de la pédagogie de Dieu.  Comme avec Abraham et par lui interposé, avec le peuple d’Israël, et par extension jusqu’à nous, peu sont ceux qui *écoutent ces paroles et essaient de les mettre en pratique, ils ne sont pas fidèles, Dieu leur envoie des rappels à la fidélité par ses prophètes, mais avec si peu d’effet, tout au moins immédiat. Puisqu’ils n’écoutent pas, tôt ou tard ils seront  punis car la patience de Dieu ne semble pas infinie.  Et en plus,  ce Dieu se met en colère. 

Donc c’est normal qu’ils soient exilés. Et l’expérience amère de l’’exil les fait pleurer au bord du fleuve de Babylone. C’est alors que, comme l’enfant prodigue, ils se souviennent… Tous les exilés de la terre se reconnaissent dans ce psaume.  Il nous faut  aussi reconnaître tous nos exils pas tant géographiques et culturels mais plus intérieurs à nous-mêmes, tous nos exils   spirituel où l’amour est bafoué et où la tristesse  ombrage la joie et la lumière. Sur le plan spirituel, nous sommes exilés par le péché, exilés de nous-mêmes, exilés vers une terre étrangère, où on est esclave,  où l’on ne se sent pas chez soi, c’est à dire chez Dieu.  Et comme souvent, les vainqueurs humilient les vaincus ; nos bourreaux nous ont demandé de chanter. Les souvenirs de regrets et surtout les souvenirs de promesses, ces souvenir-là font  que le retour est synonyme de conversion.  D’où le constat que Dieu est riche en Miséricorde. Y croire c’est abandonner la méfiance qui nous détourne de Dieu qui, lui, veut nous sauver.


Selon cette pédagogie le message est de constater que Dieu intervient dans le court de l’histoire, en tant que maître de tout, il garde la mais sur les événements.

Qu’est-ce que nous y apprenons ? Que l’Exil est considéré comme une punition et le retour comme une grâce. Punition pour les infidélités du peuple et donc l’incapacité de celui-ci à se détourner définitivement des idoles, voire même des sacrifices humains. A l’époque Dieu devait être maître de tout, absolument de tout, car sinon cela voulait dire qu’il y avait d’autres dieux.  L’autonomie du monde créé régi par ses lois propres que Dieu a par ailleurs données dans l’acte de création et donc de l’histoire humaine avec ses vicissitudes n’étaient pas encore à l’ordre du jour dans les mentalités de l’époque. Elle viendra avec Jésus et son « Ce qui est à Dieu rendez à Dieu et ce qui est à César rendez à César ».  Et puis plus tard aussi comprendre  que les sentiments de vengeance et de colère dont est aussi  affublé Dieu dans l’AT lui sont totalement  étrangers. Dieu est riche en miséricorde, plein de tendresse.  Ave EDC  (Entrepreneurs et dirigeants Chrétiens, mouvement catholique de réflexion sur la doctrine sociale de l’Eglise,) l’autre jour nous avons médité sur Jésus au Temple pris de sainte colère et nous essayons aussi de progresser dans la compréhension de cette pédagogie divine.

En pédagogue Dieu procède par étape et la Bible en rend compte. Il nous envoie des signes, à nous de savoir les lire. Lors de la préparation au baptême une des mamans a dit pourquoi elle désirait  que son bébé soit baptisé ; c’est pour qu’il apprenne à savoir reconnaitre les signes que Dieu lui enverra tout au long de sa vie. Déjà pour le préparer à cela, avec son mari dès qu’ils surent que le bébé se développait dans son ventre ils se mirent  à prier à voix haute. Le bébé, une fois né, ils continuèrent avec les paroles de la même prière et d’autres pour signifier la continuité  dans l’accompagnement de leur bébé.  


L’image pour comprendre comment nous éveiller ainsi que nos proches à une telle présence active de Dieu qui envoie des signes, nous vient de l’Evangile d’aujourd’hui.

Jésus rappelle l’histoire de serpent de Bronze. A l’époque de Moise  on avait la coutume de se faire protéger des morsures de serpents en exposant un serpent de Bronze. On a demandé à Moïse   d’intervenir auprès de Dieu car de nombreux hébreux au désert de Sinaï  furent mordus par des serpents venimeux. Mais Moise  obéissant à Dieu, leur demande de faire exactement la même chose. Morale de l’histoire, sans brusquer les habitudes des gens, Dieu réoriente,  les regards  vers lui comme étant la source de tout  bien et de tout amour.  Pour les premiers chrétiens l’image de la croix ne fut pas associée à celle d’un lieu de supplice, mais d’un lieu de guérison. Nous y lisons la tendresse de Dieu quelques soit la haine des hommes. Et cet amour est contagieux. Et regarder cette croix va nous permettre peu à peu de refléter cet amour et cette tendresse de Dieu pour tous les hommes.

 


 

DIEU NOUS ENVOIT DES SIGNES,


 A de les reconnaître et savoir lire. Reconnaitre sa présence dans toute notre vie. Comme le peuple d’Israël qui voyait sa présence partout, comme les chrétiens le reconnaissent sur la Croix. Mais reconnaître de façon principale ne suffit pas. Il faut encore savoir lire sa présence. Deux exemples tirés des lectures d’aujourd’hui.

Théologie de l’histoire comme mode de lecture contenue dans la première lecture de la présence de Dieu dans l’expérience de l’exil. On y voit Dieu partout et à l’origine de tout ce qui leur est arrivé. Il fallait cela, sinon on croirait que d’autres divinités régissent une partie de temps et d’histoire.
Le serpent de bronze dont parle Jésus relaté par Jean permet de comprendre que la croix est avant tout source de guérison.

Deux chemins inversent se sont croisés au cours de l’histoire de ce deux exemple.  Dans la révélation, depuis Abraham dieu se présente en pédagogue qui patiemment, mais surement conduit son peuple.  A l’époque postexilique on n’avait  pas une idée très claire  de l’autonomie de la création par  rapport à Dieu.  Tout de ce qui nous environne n’est pas forcement remplie d’une présence de Dieu ou des divinités bonnes ou mauvaises, ou des esprits qui… Comme il ne faut pas voir Dieu dans tous les détails de notre vie, il ne faut pas voir le diable partout non plus. Entre les deux il y a aussi notre  autonomie, celle de la création qui nous est donnée et qui nous rend responsable de pouvoir non seulement choisir mais aussi à agir. Que tout  concourt au bien que Dieu a fixé, certes, mais que nous en sommes pour notre part responsables d’une partie de cela.

Pour le serpent de bronze qui protégeait des morsures de serpents, Moise  en lisant ainsi la volonté de Dieu qu’il consulte, demanda de faire le même geste que d’habitude.  Mais dans un tout autre esprit. Sortir de la magie tout en restant dans le geste  dont les apparences sont toujours les même c’est faire preuve d’une délicatesse à l’égard des croyances ancestrales. Comme on l’a compris dans les conversions  qui ne sont pas synonymes de rejet de tout absolument tout de ce qu’il y avait avant. Chaque fois il faut faire preuve de discernement. 

 La croix comme synonyme de la guérison et non pas  de malheur et souffrance, comme on l’a pendant bien de siècles représenté en oubliant cette fonction de guérison.


Pour savoir lire les signes de Dieu il faut le vouloir. Comme ces parents qui attendant la naissance de leur premier enfant disaient à voix haute les prières pour que l’enfant puisse les entendre prier  et une fois né, il puisse continuer avec eux en se laissant ainsi introduire dans l’habitude de la prière.

Grâce à la vraie prière entièrement enracinée dans la vie de tous les jours et formulée en toute confiance, on se prépare à  être capable  de savoir reconnaitre les signes de Dieu et savoir les lire correctement.