2013/05/16 - Réflexion pastorale - Trois cercles

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Le principe confucéen d’éducation repose sur le schéma de trois cercles. Le premier, au milieu, à l’intérieur duquel se trouvent les relations familiales, le lien de sang. Le second est celui des  amis et le troisième des autres. Le second se remplit grâce à l’apport fourni par le troisième cercle.  Si le passage du trois au deux est possible, le premier reste toujours primordial.


La société occidentale actuelle fonctionne aussi selon le même principe de trois cercles. Mais le central, celui, qui est primordial pour l’individu, n’est pas celui des liens de sang, mais le second, celui des ‘amis’. La famille on la subit, alors que les amis, on les choisit.  C’est le principe de libre choix qui prime dans la vie relationnelle occidentale.


Le christianisme,  qui est pour quelque chose dans ce déplacement du curseur,  part du principe de  non-distinction entre les trois. Pour se faire, il procède selon la règle immuable de l’accueil de celui qui se présente comme prochain et donc comme frère.


Le christianisme  n’est cependant pas en mesure de répondre réellement à un tel impératif et ses représentants sont si facilement pris en flagrant délit de la non-réalisation de celui-ci. Si le modèle confucéen semble plus réaliste pour tout au moins  réaliser  l’impératif du premier cercle,  le christianisme se présente d’avantage comme un impératif impulsant une dynamique d’attention vers que la réalisation plénière concrète immédiate.  Si pour le christianisme le troisième cercle est habité des inconnus qui au contact avec  deviennent de frères,  pour le confucianisme, ce cercle  est éventuellement peuplé des  ‘fantômes’, sans existence réelle.


Le déplacement du centre d’intérêt du cercle familial vers celui des amis dans la société occidentale,  peut constituer pour le christianisme  un point d’appui médian. Car, il ne s’agit pas d’y  modifier l’ordre confucéen 1, 2, 3,  pour réfléchir sur le caractère opératoire de ce modèle pour le christianisme.  Mais, justement, combiner les deux aspects. D’une part, tout  en gardant au centre (1) le lien de sang, d’autre part,  constater   que le centre de gravité se trouve placé  en deux (2). Ainsi est obtenu une double proximité du deux, par rapport au un et au trois. 


Un tel modèle  représente un intérêt indéniable  pour réfléchir théologiquement sur les liens de sang à partir du Christ. Ainsi est déplacé le centre d’intérêt porté naturellement dans les liens de sang naturel, et ce que le Confucius intègre dans sa conception d’éducation, pour aller du premier cercle tout de suite au second. « Vous êtes mes amis »  et être son ami c’est de l’aimer. (Jn14)   Les liens de sang demeurent au centre dans l’ordre naturel de chose. Surtout dans la reconnaissance de la lignée naturelle ( « Tu honoreras ton père et ta mère ») qui  n’étant pas aboli,  tout en jouant sur l’élargissement nécessaire de la fratrie. « Qui sont mes frères ?»  


Le lien de sang du Christ  joue sur les liens familiaux de sang naturel en les replaçant, déplaçant, distendant parfois au point de risquer  la rupture. Ainsi les parents tout en étant honorés, deviennent aussi frère et soeur en J-X, les frères de sang sont des frères en J-X. Ceci fut expérimenté dans bien des situations notamment dans les communautés religieuses que rejoignaient  plusieurs membres de la même famille, exemple de saint Bernard et sainte Thérèse de l’Enfant Jésus suffisent pour l’illustrer. 


Dans ses situations concrètes, on assiste alors à une véritable transformation de lien et ceci au moyen d’une sorte de transfusion du sang du Christ dans la vie spirituelle mais au combien en même temps rendu perceptible dans la vie corporelle.  On doit évidemment se poser la question des limites d’une telle opération et constater que la transformation qui n’est pas totalement réussie appartient aux vérités de Palis. Ce qui importe dans cette réflexion c’est justement le travail et les limites de ce travail de transformation de l’un par l’autre.