2009/01/25 - PAUL RELIT SA CONVERSION DANS SES LETTRES - par le Père Damien Noël

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themes Ga 1,11-24 Ep 3,1-9 Ph 3,4-15 1Tm 1,11-16
bien place en judaïsme 14   4-6  
evangile révélé par jésus-christ 11-12 1-4   11
passé de persécuteur 13-14.23   6 13
appel et révélation du fils 15-16 5-6    
retrait à l’écart 16-17      
rencontre des apôtres 18-19      
paul en syrie et cilicie 21      
inconnu des églises de judée 22      
une réputation flatteuse 23-24      
vocation particulière   7-9   12.14-16
gains et pertes     7-9  
connaître le christ pascal     10-11  
poursuivre en vue du prix     12-15  

Ces quatre textes montrent trois constantes dans la relecture que fait Paul de sa propre conversion qui correspondent à autant de points que nous devons constamment vérifier :


1- SON PASSE DE PERSECUTEUR, explicitement évoqué : Ga 1,13-14.23 ; Ph 3,6 ; 1Tm 1,13 (+ 1Co 15,7) ou simplement suggéré, lorsque Paul se dit le dernier des derniers de tous les saints : Ep 3,8, ou le premier des pécheurs, 1Tm 1,15. Paul peut accentuer la description de sa situation initiale en évoquant sa place éminente en judaïsme comme c'est ici le cas aux v 4-6, ainsi qu'en Ga 1,23-24.
La persécution violente n'est peut-être pas la plus redoutable pour l'Eglise. Il en est d'autres, cachées, qui trouvent des complicités jusque parmi ses membres, et qui pourraient conduire à la mort lente. Nous courons tous le risque d'en être complices par nos négligences, nos indifférences, nos lassitudes. La vitalité d'une Eglise ne s'obtient pas par magie, même si nos convictions nous font croire que Dieu est avec elle. Toutes les lettres de Paul nous parlent de ses marches, des dangers, des risques, des menaces, contre lui ou ses coopérateurs, pour que l'Eglise croisse vers son âge adulte.


2- UNE REVELATION DE JESUS-CHRIST, son évangile ne vient pas des hommes mais d'une révélation de Jésus-Christ, Ga 1,11-12 ; sa connaissance du mystère lui vient par révélation, Ep 3,1-4 ; l'évangile de gloire du Dieu bienheureux lui a été confié, Ep 1,4-6 ; 1Tm 1,11 ; 1Tm 1,11.13. En Ph 4, cet élément est directement traduit en termes de répercussion sur l'histoire personnelle de l'apôtre : gains et pertes, décentrement, v 7-9, connaître le Christ pascal, 10-11.
S'il est vrai que Jésus ne s'invente pas et qu'en amont il y a toujours une Eglise qui l'annonce, il n'empêche que Jésus lui-même pose à ses disciples une seule question : " Et vous, que dites-vous que je suis ? " Que ce soit dans les évangiles ou dans les lettres de Paul, la réponse positive à cette question ne dépend jamais de nos intelligences ni de nos générosités, mais aussi de l'éclairage de Dieu, par son Esprit. Ce n'est pas seulement l'apôtre que rencontre le Christ pour le faire apôtre, mais tout homme, pour le faire disciple.


3- UNE VOCATION PARTICULIERE, mis à part, appelé par Dieu qui lui révèle son Fils, afin de l'annoncer aux païens,  Ga 1,15-16 ; les païens sont admis au même héritage, au même corps, à la même promesse en Jésus-Christ par l'évangile, Ep 3,5-6 ; Paul reçoit la grâce d'annoncer aux païens la richesse du Christ, en Ep 3,7-9 ; 1Tm 1,12.14-16, Paul rend compte de la spécificité de sa fonction apostolique par sa rencontre initiale de Jésus Christ. Le Christ le rencontre en tant qu'homme, en amont, peut-être, de sa particularité juive, ce qui pourrait expliquer sa conviction sur le caractère universel de sa mission. Ainsi, 1Tm 1,12.14-16 : Jésus-Christ le prend à son service, lui fait miséricorde, à lui d'abord, comme exemple pour tous les autres.
En Ph 3,12-14, l'apôtre se dit mis en route par sa vision initiale, ce qui ne le met nullement à part puisque, affirme-t-il, il en va de même pour les Philippiens, 15-16. L'apôtre apparaît comme corporellement porteur d'une quête du Christ, caractéristique de tout chrétien. La particularité ne porte pas ici sur la spécificité de l'apôtre par rapport aux membres des communautés, mais sur la spécificité de la vocation chrétienne, commune à l'apôtre et aux chrétiens.
Nous entendons, à travers ses relectures, que l'Apôtre n'est pas un propagandiste mais un témoin, témoin corporel, qui donne chair à Jésus-Christ, à voir et à entendre, figure concrète et vivante d'évangile. Dieu intervient toujours, dans l'histoire du salut, par des figures impliquées, et pas seulement des poteaux indicateurs. Le christianisme n'est pas une sorte de service minimum, mais un trop plein de grâce. Telle nous apparaît la figure de Paul, converti par le Christ sur le chemin de Damas.